Contenu - LA DIPLOMATIQUE D'ABIDJAN
Armand Tanoh

Armand Tanoh

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Même si l’on comprend le désastre duquel la Côte d’Ivoire doit renaitre, peut-elle y parvenir uniquement avec qu’avec les ressources financières qui affluent progressivement à destination des caisses publiques. A la faveur de la venue de Kim Yong Jim, président de la Banque Mondiale, la nécessité d’une rallonge financière a même été évoquée. Il faudra se poser la question de l’exercice des dettes qui naîtront de cet afflux massif d’argent.

 

Outre sa capacité à lever des fonds, le président Alassane Ouattara hérite d’une situation dont la complexité appelle à des orientations dites innovatrices, d’ordre politiques, économiques et sociales. Par réformes innovatrices, il faut entendre comme Bruno Palier (Chercheur au CNRS) et Giuliano Bonoli (Chercheur au l’IDHEAP) celles qui marquent un changement de logique et une transformation structurelle. Même si c’est la voie qui semble être suivie, la difficulté de la conduite de ces trois types d’innovation réside dans leur nature systémique. Néanmoins, la perception du caractère prioritaire de toutes les actions à conduire est une illusion d’optique dont il faut se détourner pour faire des réformes des politiques publiques la priorité des priorités. En effet, la mise en place intelligible d’institutions détermine une création et répartition optimale des richesses et l’allocation efficace des ressources publiques. Ces innovations politiques consistent en une refonte irréductible des institutions qui jusqu’alors présidaient à la « destinée » du pays. Cette refonte correspond à un changement qui concerne simultanément trois variables essentielles de l’action publique que sont ses buts, instruments et modalités d’utilisation des instruments. Ces trois variables, coordonnées de manière interdépendante, forment une stratégie politique intelligible et nécessaire à la conduite d’un programme politique. Il s’agit là d’un plaidoyer pour un renforcement du changement de vision politique que semble imprimer les nouvelles autorités publiques. C’est ce type de changement qui confèrera à la gouvernance publique en Côte d’Ivoire une qualité, régénératrice de la confiance indispensable à la redynamisation d’un « savoir vivre ensemble ».

 

En effet, la pleine possession du pouvoir par Alassane Ouattara satisfait seulement une des revendications de la rébellion armée du 19 septembre 2002, c'est-à-dire son accession au pouvoir. Si la guerre semble terminée, la crise politique ivoirienne n’est, quant à elle, certainement pas à son dénouement ! La liberté d’action retrouvée d’Alassane Ouattara et l’arrestation de son prédécesseur en constituent seulement un point d’étape tout comme les élections présidentielles et législatives. De fait, un ensemble de questionnements, pour avoir été minimisé jusqu’à maintenant reste en suspens. Il en va ainsi des questions relatives au foncier – certes des actions sont perceptibles dans ce domaine -, à la visibilité ethnique dans les instances de pouvoir, à la citoyenneté ivoirienne, aux expropriations ayant eu cours depuis 2002, etc. Alassane Ouattara hérite à cet égard d’une situation difficile dont l’accalmie peut être remise en cause à tout moment si sa stratégie politique, dont les contours et le contenu restent encore difficilement perceptibles, ne lui permet pas d’équilibrer les tensions entre redevabilité à l’attention de ses soutiens internes et internationaux et création d’une scène politique inclusive. Ainsi, une réflexion relative à la stratégie de mise en œuvre du programme politique du président mérite d’être mise en débat. On peut penser qu’au regard de l’urgence de la satisfaction des nombreuses attentes de la population ivoirienne, des réponses doivent être apportées sans qu’il n’y ait la moindre question posée. Mais la légitimité de ce questionnement est fille de plus de dix ans de traumatisme des ivoiriens, de leurs angoisses face à l’avenir et du spectaculaire recul de tous les indicateurs socioéconomiques du pays.

 

Un bref rappel historique montre qu’au sortir du miracle ivoirien (appellation de la période 1960-1978 marquée par une forte croissance de l’économie ivoirienne), la politique ivoirienne n’a jamais pu se prévaloir de résultats probants. Il en va ainsi, à titre d’exemples, des douze travaux de l’Eléphant d’Afrique de Henri Konan Bédié, le premier président de la période post Houphouët Boigny ou du projet d’Assurance Maladie Universelle du président déchu qui mettent qui mettent en exergue la question de la faisabilité des annonces électoralistes, mais également de la pertinence des arrangements institutionnels qui sous-tendaient l’action publique. Au regard de ce constat, la stratégie politique d’Alassane Ouattara devra davantage éclairer les populations sur au moins trois innovations politiques majeures interdépendantes. La première est relative à l’orientation de la politique intérieure. Il s’agit sur ce premier point de l’ambiguïté, entre « refonte institutionnelle » et « réformes institutionnelles », sous-jacente aux décisions politiques actuelles. Une réforme, c’est à dire un ajustement à la marge risque malencontreusement d’aboutir à des changements qui ne font que dépendre des arrangements institutionnels existants et par là même les consolider. Ainsi, le changement de personnalités à la tête des institutions, telles que la Cour suprême, le Conseil économique et social, etc. reflète-t-il une réforme marginale qu’une réelle refonte. C’est plutôt la recherche de l’indépendance des institutions, incarnée par les principes fondant leurs créations, et non la probité supposée des nouvelles personnalités qui conduit à une refonte institutionnelle. Sur ce point, et à titre d’exemple, si majorité du pouvoir actuel à l’hémicycle doit être comprise comme une vraie victoire politique du RDR, il n’en demeure pas moins qu’elle soulève des interrogations quant à la pluralité que doit incarner un espace politique se voulant démocratique.

 

Un défaut de débats de fonds

 

Outre l’indépendance des institutions qui peine à être assuré, l’existence d’une opposition, d’une élite intellectuelle et d’une société civile apte à engager des débats de fonds fait défaut à l’élan de reconstruction de la Côte d’Ivoire. L’absence d’une réelle opposition ou d’un réel contre-pouvoir est constitutive du ferment pouvant conduire à rompre le fragile équilibre existant. Une nouvelle gouvernance interne, de qualité, est possible et reste le noyau dur du redémarrage de la Côte d’Ivoire.

 

Les deux autres innovations reposent sur une affirmation claire de la politique internationale de la Côte d’Ivoire. En effet, en dehors de la politique de la « main tendue » des présidents africains nouvellement élus, parler de politique internationale dans un programme politique africain reste en soi une innovation. Fort heureusement, la Côte d’Ivoire s’ouvre à nouveau au monde, mais la politique ivoirienne transgresse-t-elle cette réalité de la politique africaine ? Ainsi, au titre des deux dernières innovations politiques, l’une devra définir les rapports de la Côte d’Ivoire avec l’Afrique et l’autre avec le reste du monde. A ce propos, au lendemain de la remise en cause des accords de Linas-Marcoussis des 15-23 janvier 2003, c’est dans un élan panafricaniste douteux que la résolution du conflit ivoirien a été confiée aux pairs africains. Egalement, dans l’entre-deux-tours des élections présidentielles c’est l’Union Africaine qui fut sollicitée. L’échec de ces tentatives africaines dans la résolution de la crise ivoirienne renouvelle bel et bien la question de la définition par les africains des mécanismes de stabilisation de leurs démocraties. L’actualité récente du Mali et de la Guinée est illustrative de cette nécessité. La Côte d’Ivoire devra tirer les leçons de sa crise pour être une instigatrice inconditionnelle d’une telle réflexion. La question du «mercato » des mercenaires, la prévention et la gestion proactive des conflits armés sont des sujets à inscrire dans cette dynamique. De point de ce point de vue la coopération Ivoiro-libérienne est salutaire.

 

La dernière innovation devra, quant à elle, porter sur les relations entre la Côte d’Ivoire et le reste de la communauté internationale. En effet, elle questionne le mode de conciliation d’une relation Ivoiro-française privilégiée, héritage historique, avec une relation Ivoiro-«Reste du monde », indispensable réponse à un monde aux complexités nouvelles. Tout le monde l’aura compris, la quarantaine de séjours officiels du président Alassane Ouattara a vocation à repositionner la Côte d’Ivoire sur la scène internationale, sans comprendre le fondement de la doctrine de la diplomatie ivoirienne nouvelle.

 

La Côte d’Ivoire à l’épreuve de la refonte institutionelle

 

Certes, l’on s’en aperçoit progressivement du réchauffement des relations internationales de la Côte d’Ivoire dans un monde aux enjeux mondialisés. Ces relations ont, à bien des égards, été remises en cause pendant la dizaine d’années de crise, même si cette même communauté internationale a été au chevet de la Côte d’Ivoire dès les premières heures du conflit en 2002.

 

Si d’un point de vue de ses rapports avec extérieur, la Côte d’Ivoire redore son blason, en interne la réconciliation bat et rebat ses cartes comme elle le peut. A y voir de près, ce chantier ne pourra être mis œuvre qu’en aya   nt, préalablement, modelé un Etat de droit reposant sur des institutions fortes, transparentes, justes et indépendantes. Ceci requiert un véritable courage et une éthique politiques. Une innovation politique incarnée par une refonte institutionnelle pourra, de ce point de vue, être le facteur de cohésion nationale nécessaire pour imprimer un nouvel ordre de marche à la reconstruction amorcée - avec beaucoup de volonté - en Côte d’Ivoire.

 

Dr Seny Kan Anderson,enseignant-chercheur au Toulouse Business School (France)

 

 

Note:

1. Centre National de Recherche Scientifique (France)

 

2. Institut de Hautes Etudes en Administration Publique (Suisse)

 

3. Seny Kan, K. A., « Plaidoyer pour une innovation politique en Côte d’Ivoire » Jeune Afrique, n°2634, 3 au 9 juillet 2011

 

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Dans un communiqué de presse publié vendredi, à deux jours de la célébration de la Journée mondial de la liberté de la presse, la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean, réitère son appel au strict respect de ce pilier essentiel de la vie démocratique.

« Alors que nous célébrons la Journée mondiale de la liberté de la presse, quelques mois à peine après l’attentat contre Charlie Hedbo, il est important de rappeler que dans une démocratie, seuls des journalistes libres, professionnels, travaillant en toute sécurité, peuvent exercer leur métier et informer le public de manière objective », écrit la Secrétaire générale de la Francophonie.

Michaëlle Jean note avec préoccupation un net recul de la liberté de la presse dans certaines parties du monde et, notamment, dans l’espace francophone, où se tiennent en 2015 et 2016 des élections présidentielles majeures et où les journalistes rencontrent de plus en plus de difficultés à exercer librement leur métier.

Constatant que la liberté de la presse reste trop souvent entravée durant les consultations électorales, elle rappelle qu’une élection démocratique ne se limite pas uniquement au vote.

« Elle dépend en grande partie des informations dont disposent les électeurs sur toutes les questions liées au processus lui-même et sur les programmes proposés par les différents candidats. Seule une presse libre peut pleinement assurer cette responsabilité », poursuit Michaëlle Jean.

La Secrétaire générale souligne l’urgente nécessité d’engager un débat de fond sur les délits de presse qui sont encore aujourd’hui passibles de peines de prison dans nombre d’Etats membres de l’OIF.

Au Sommet de Kinshasa d’octobre 2012 comme lors de leur dernière rencontre à Dakar en novembre 2014, les Etats et gouvernements de l’Organisation internationale de la Francophonie se sont engagés à veiller au respect de la liberté de la presse, à assurer les conditions d’exercice de cette liberté et une véritable protection des journalistes et des autres professionnels des médias dans l’exercice de leurs métiers, rappelle-t-on.

source AIP

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Le chanteur de soul Ben E. King est décédé jeudi dans le New Jersey (Etats-Unis), à l'âge de 76 ans. Connu pour son tube "Stand by Me", écrit en 1961, il a démarré sa carrière dans les années 1950 et n'y a jamais vraiment mis fin. Après des débuts dans le gospel en Caroline du Nord, Benjamin Earl Nelson rejoint New York, où l'écho de sa voix résonne dans les couloirs du métro et dans les rues de Harlem. Le jeune homme devient le chanteur du groupe ‘The Drifters’ et se fait remarquer avec les titres "There Goes My Baby" (1959) et "Save the Last Dance for Me" (1960), qui feront l'objet de nombreuses reprises.

Très vite, Ben E. King se lance en solo, interprétant notamment Spanish Harlem (1961). La même année, il s'invite, avec "Stand By Me", dans le top 5 des chants américains, rappelle le site de la BBC. Ce tube marquera plusieurs générations, au point d'être le quatrième titre le plus diffusé aux Etats-Unis au XXe siècle, selon la société de droits d'auteur américaine Broadcast Music.

Après ce succès, Ben E. King a intégré le top 40 américain à plusieurs reprises jusqu'en 1975, avec notamment ses chansons Amor, Don't Play That Song (You Lied) et Supernatural Thing - Part I. Ben E. King avait de nouveau chanté "Stand by Me", en décembre 2014, lors d'un hommage annuel à John Lennon.

Source : AIP

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Depuis quelques jours, l’univers web ivoirien a été enflammé par une vive polémique née d’une vidéo posté par la ravissante Yéo Jennifer, sacrée Miss Côte d’Ivoire 2014. En effet, l’ambassadrice de la beauté ivoirienne était visiblement choquée face au fait que certains habitants d’Abidjan ne respectent pas les règles de la salubrité urbaine, se laissant aller à des comportements peu recommandables comme jeter des ordures sur la voie publique. Dans son élan de colère, Miss Yéo n’a pas manqué de jugé cet agissement de "macabre". Un propos qui a choqué certains internautes qui ne se sont pas tardé à lui faire savoir leur indignation. Dans un message publié ce samedi 2 mai 2015 sur sa fan page Facebook, Miss Yeo Jennifer exprime ses regrets, et revient sur les circonstances de sa video. Ci-après une copie intégrale de ce message :  

Je vous prie d’oublier la fougue et les mots de travers

"Chers amis, je viens par la présente remettre la balle au centre après la vague de mécontentement qu’a suscité mon indignation en vidéo. Je remercie fortement ces personnes sages qui ont su m'éclairer en m'apportant des remarques objectives, sachez que vos remarques n'ont pas été vaines et qu’elles me serviront à m'améliorer. Je remercie fortement ces personnes qui ont compris d'entrée de jeu toute l'innocence qu'il y avait derrière mon mécontentement et qui ont su deviner voire comprendre que je venais d'assister à une scène de déversement d’ordures sur la place publique. En effet, chers amis un homme responsable, cravate, belle voiture, qui JETTE les débris de son goûter sur la voie publique, ça fait retourner même une Miss... Pour tous ceux/celles qui ont profité de la situation pour régler leur compte à coup d’injures, sachez qu’hier c‘était hier et aujourd’hui un NOUVEAU JOUR. Dans une famille même la plus belle ou la plus harmonieuse il existe des hauts mais aussi des bas... Nous avons encore un mois pour se réconcilier autour d’actions constructives. Je vous prie d’oublier la fougue et les mots de travers, et de juste retenir l’appel à un comportement citoyen ! Le gouvernement ne peut pas tout faire à lui seul, cette lutte qui est de faire de la Côte d'Ivoire un pays avec " ZÉRO DÉCHETS " s’avère être la nôtre et nous devons unir nos forces physiques et intellectuelles afin de trouver des solutions. CE PAYS NOUS A ÉTÉ LÉGUÉ, NOUS LE LÉGUERONS A UNE AUTRE GÉNÉRATION, FAISONS EN SORTE DE LE LAISSER EN BON ÉTAT !"

Armand Tanoh

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Le Réseau ivoirien pour la promotion de l’éthique dans la société (RIPES) déplore "la misère économique" des journalistes ivoiriens et plaide pour qu’ils exercent "ce noble métier dans la dignité" à la faveur de la 22ème Journée mondiale de la Liberté de la presse qui sera célébrée dimanche.

"N’attendons pas qu’un journaliste s’immole dans notre pays pour nous rendre compte de l’ampleur de la misère économique de nos collaborateurs, employés, confrères ou concitoyens", prévient le président du RIPES, Dr Célestin Gnonzion, dans une déclaration dont copie est parvenue jeudi à l’AIP.

"Unissons nos forces, volontés et intelligences pour aider les journalistes ivoiriens à exercer ce noble métier dans la dignité", poursuit Dr Gnonzion, également ambassadeur du Centre international sur l’éthique des médias.

"Il existe des journalistes en Côte d’Ivoire qui n’ont pas touché de salaire de leur employeur depuis le début de cette année 2015", dénonce-t-il, s’indignant d’un "contexte où le journaliste vit pratiquement aux dépends d’une source d’Information (une personnalité du monde politique, culturel, sportif ou économique) qui joue le rôle de son employeur".

Même s’il s’étonne du fait que "les journalistes semblent se complaire dans ces humiliantes conditions de travail", le réseau éthique profite de la célébration de la 22e journée mondiale de la liberté de la presse "pour tirer sur la sonnette d’alarme en direction de toutes les parties prenantes du monde des médias en Côte d’Ivoire".

Cette 22ème journée se tient sur le thème "Laissez le journalisme prospérer ! Vers une meilleure couverture de l'information, l'égalité des sexes et la sécurité à l'ère du numérique".

Source: AIP

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« 6ème région de l’Afrique », c’est ainsi que la Commission de l’Union Africaine qualifie la « diaspora africaine » qu’elle définit comme un ensemble formé « des personnes d’origine africaine vivant hors du continent africain qui, indépendamment de leur citoyenneté et nationalité, ont la volonté de contribuer au développement du continent africain et à la construction de l’Union Africaine ». Après un succès relatif de la deuxième édition du forum Diaspora For Groth, tenu du 2 au février 2015 à Abidjan, Abidjan s’apprête à abriter du 7 au 8 mai de cette année, la première édition des Journées de la diaspora ivoirienne. Une initiative du ministère ivoirien de l'Intégration africaine et des Ivoiriens de l'extérieur.

 

Si la « diaspora » porte en elle une idée d’unité au-delà de l’origine commune, cette définition de l’Union Africaine porte les stigmates d’un élément caractéristique des africains vivants hors du continent africain : le manque d’unité ! Inutile donc d’insister sur les difficultés liées à sa mobilisation ! Il n’empêche que la formule suivante de la première présidente d’origine africaine de l’ONG américaine Africa-America Institute résume l’exaltation autour de la diaspora africaine : L’arme secrète de l’Afrique : La diaspora (Amini Kajunju dans un article publié sur CNN) (a).

A cette vision sélective de la diaspora développée par l’Union Africaine s’oppose une autre vision empruntant une perspective culturelle voire culturaliste (b). Cette dernière, au risque de lui reprocher un essentialisme démesuré, défend l’idée d’une diaspora africaine « comme espace de mobilité, de fluidité et d’hybridité, et non pas seulement comme une conscience communautaire et comme une mémoire de la terre des origines. » (c). Bien que cette acception de la diaspora africaine semble plus large, elle ne lui attribue cependant aucune finalité ultime : une providence portant en elle l’espoir d’un continent tout entier. C’est une vision au travers de laquelle un historien comme Patrick Manning se faisant héritier de la notion d’ « Atlantique noir » défendue par Paul Gilroy confronte plutôt la  « diaspora africaine » à son rapport avec son monde d’accueil.

Pour en revenir à la définition de l’Union Africaine, l’expression « … qui ont la volonté de contribuer au développement… » est un élément structurant d’une catégorisation, qui ne dit pas son nom, de cette diaspora africaine : les actifs Versus les passifs ou les Visibles Versus les Invisibles, l’élite Versus la masse, etc. La conception de l’Union Africaine de la diaspora africaine pose aussi la question du statut de la « conscience » de contribuer au développement de son continent d’origine. Devrait-on comprendre que cette « conscience » est présumée innée ? Que fait-on alors pour les africains de l’étranger ou les personnes d’origine africaine sur lesquels pèserait une présomption d’absence de cet état de conscience ? Tous les africains vivant sur le continent l’intègrent-ils ? Et si cet état de conscience était la résultante d’une construction, d’un projet de société clairement défendu et visible, qui devrait le conduire, le porter ? La société civile africaine qui fut la première à mettre en avant le rôle de cette diaspora dans des questions de développement, ou les institutions qui elles possèdent les moyens d’inscrire la question de la diaspora africaine dans leur agenda respectif. La réponse est quelque peu nuancée : il existe une diversité d’initiatives du fait de la diaspora elle-même, mais également des projets institutionnels dont le plus actif est celui de la Banque Mondiale : le Programme de la Diaspora Africaine lancé en septembre 2007. Ces deux types d’actions ont en commun une singularité : elles restent très peu visibles !

Si Amini Kajunju trouve trois implications possibles de la diaspora africaine  dans le développement de l’Afrique ((1) stimuler la prospérité du continent, (2) dissiper les mythes sur l’Afrique et aider les politiques étrangères destinées à l’Afrique enfin (3) soutenir et/ou stimuler l’investissement), pour Pierre Abomo Kele elle reste encore engluée dans de telles contradictions (carrière personnelles Versus ambitions pour le continent, entre autres) que le potentiel qu’on lui reconnait reste encore de l’ordre de la fascination voire de l’incantation.

Il n’en demeure pas moins que d’un point de vue économique, cette 6ème région de l’Afrique qu’il est convenu d’appeler le 55ème état africain qui se répartit à raison de 39.16 millions en Amérique du Nord ; 112.65 millions en Amérique Latine ; 13.56 dans les Caraïbes et seulement 3.51 millions en Europe injecte plus de fonds dans certaines économies africaines que l’aide internationale destinée à ces économies. En particulier, certaines statistiques indiquent que le transfert de fonds de la diaspora africaine vers la seule zone de l’Afrique Sub-Saharienne avant la crise financière de la période 2008-2009, est estimé à 20 milliards de dollars. D’autres montrent aussi que « les transferts de fonds des migrants à destination d'un pays comme le Sénégal représentent plus de 90 pourcent du revenu des ménages auxquels ils sont destinés » (David Gakunzi)

Ce qui convient donc de nommer « diaspora africaine », la 6ème région de l’Afrique ou encore 55ème état africain semble ne pas faire consensus d’un point définitionnel voire conceptuel. En dépit de l’importance des flux financiers de cette diaspora, les projets qu’elle initie ou dont elle fait l’objet restent encore fragmentaires pour finir de nous convaincre que cette fois le coche ne sera pas raté.

Ceci reste un point de vue autour duquel nous pouvons échanger toute cette semaine. Bonne semaine et à nos claviers !

Sékykan Anderson

 Site d’information pour aller plus loin sur le sujet :

http://www.africatimeforpeace.com/fr/theater.html

http://irea-institut.org/diasporas-migrations.html

http://www.laviedesidees.fr/

http://siteresources.worldbank.org/INTDIASPORA/Resources/AFR_Diaspora_FAQ.pdf

http://edition.cnn.com/2013/11/01/opinion/africas-secret-weapon-diaspora/index.html#cnn-disqus-area

http://www.africatimeforpeace.com/fr/conference_1.html

http://www.laviedesidees.fr/Une-histoire-mondiale-de-la,1242.html

http://www.afrik.com/la-diaspora-africaine-l-avenir-des-communautes-noires

http://aspa.afrik.com/La-jeunesse-africaine-de-l

http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/AFRICAEXT/EXTDIASPORA/0,,contentMDK:21507535~menuPK:4266101~pagePK:64168445~piPK:64168309~theSitePK:4246098,00.html

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Le football ivoirien pleure un grand homme qui aura marqué son histoire. Dieng Ousenou, ancien président de la Fédération ivoirienne de football (FIF) de 1990 à 2002, est décédé ce vendredi en France où il recevait des soins. L’homme sous qui les Eléphants remportèrent la première coupe d’Afrique des nations de leur histoire, quitte le monde l’année même où les pachydermes ivoiriens viennent de décrocher leur deuxième étoile continentale.

Le chef de la délégation héroïque de Sénégal 92 avait, rappelle-t-on, voulu se présenter à l’élection de la présidence de la FIF en 2011, mais avait finalement renoncé à cette initiative. Le football ivoirien perd ainsi un de ses plus illustres serviteurs.

Izoudine Youssef

Note

 

La rédaction de www.ladiplomatiquedabidjan.net présente ses condoléance à la famille du défunt.

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En Afrique la relation entre l’Etat et les Citoyens se construit sans nécessairement saisir l'essence des orientations stratégiques du premier et, aussi et surtout, la compréhension du premier des attentes des deuxièmes. En Côte d’Ivoire, le nouveau régime semble vouloir rompre avec cette opacité. A ce titre, une des orientations les plus clairement affichées par la nouvelle puissance publique ivoirienne incarnée par son président Alassane Ouattara est son attachement à une doctrine libérale. Cette dernière, vieille de quatre siècles, connut ses développements intellectuels majeurs au 18ème siècle, le siècle des Lumières. Etre libéral n’est finalement pas une posture aussi inédite que cela puisse paraître. C’est même le paradigme dominant dans les Etats modernes. Le chef de l’Etat revendique cette posture à titre personnel : « Je suis un libéral », déclare-t-il de manière régulière. Il le revendique également au nom de la Côte d’Ivoire : « La Côte d’Ivoire est une terre libérale et nous en sommes fières. », déclare-t-il le 2 mars 2012 à Abidjan (Hôtel Ivoire) à l’occasion de la 7ème Conférence de l'Alliance des Libéraux et Démocrates d'Europe, du Pacifique, d'Afrique et des Caraïbes (ALDEPAC), adossée à l'Alliance des Libéraux et Démocrates d'Europe (ALDE). Dans son discours lors de cette conférence, il indique que les bases du libéralisme ivoirien ont été fondées, voilà plus de 50 ans, par le père de la nation Félix Houphouët Boigny. Le libéralisme au service de la reconstruction de Côte d’Ivoire s’inscrit alors dans cette continuité. Ainsi, après Dakar (Sénégal), Marrakech (Maroc) et le Caire (Egypte), a eu lieu du 16 au 21 Octobre à Abidjan (Côte d’Ivoire) le 58ème Congrès de l’Internationale Libérale. Le point central de l’agenda de cette rencontre internationale des partis politiques libéraux était le développement de l’investissement privé et la responsabilité sociale.

Mais que signifie être libéral ? Mieux encore, qu’est-ce qu’être libéral implique en termes de rapport entre la puissance publique et les Citoyens ? En effet, alors même que les autorités ivoiriennes revendiquent de manière sentencieuse le libéralisme, la crise internationale de ces dernières années a amplifié l’écho de ses contestations dans les économies les plus avancées. Drôle d’anachronisme, même si le libéralisme reste encore répandu ! Rien donc d’étonnant de voir la Chine communiste devenir un acteur capital de la perpétuation de certains principes libéraux.

Le libéralisme peut prendre une acception politique, c'est-à-dire un arrangement institutionnel de la vie politique reposant sur le multipartisme. Il est fondé sur un principe fondamental, celui de la liberté citoyenne, individuelle, dans le choix des représentants politiques (président, député, maire, conseiller régional, etc.). De ce point de vue, l’on peut dire que la Côte d’Ivoire devient un pays politiquement libéral au début des années 90. Certes, sous le parti unique, la politique ivoirienne fut, toute proportion gardée, libérale ! Un régime politique libéral implique aussi, dans le contexte de la nécessaire protection des libertés individuelles, un Etat dit « minimal » dont les fonctions essentielles qui lui sont reconnues sont les seules régaliennes consistant à faire fonctionner le triptyque Armée, Police et Justice.

Le libéralisme peut aussi recouvrer une signification économique pour désigner le droit à la propriété privée des moyens de production dans une perspective de maximisation de profits. Ainsi, en Côte d’Ivoire, le passage d’une économie agricole de subsistance à une agriculture d’exportation puis à un début d’industrialisation reflète-il une adoption d’une économie libérale, certes, restant encore à un stade précapitaliste. Revenons sur la notion de profit pour la comprendre comme la conséquence, assumée à titre personnel, d’une prise individuelle de risque. Dans cette acception économique du libéralisme, l’aversion au risque est un déterminant essentiel dans la prise de décision et donc de l’initiative privée. Le libéralisme repose ainsi sur la reconnaissance en une liberté, propriété et responsabilité individuelles.

Toutefois, ses composantes économique et politique peuvent ne pas nécessairement coïncider. Il en va ainsi, comme indiqué précédemment de la Chine qui s’ouvre au libéralisme économique tout en étant politiquement communiste. Il en est de même pour des Pays nordiques de l’Europe, avec pour certains un régime monarchique constitutionnelle, qui ont une économie libérale tout en réfutant l’idée d’un Etat minimal. C’est dire que la conjonction des deux dimensions - politique et économique - du libéralisme est de nature configurationnelle. Ainsi, saurons-nous peut-être à l’issue de ce 58ème Congrès de l’Internationale Libérale comment des Etats endémiquement peu puissants, notamment ceux de l’Afrique, peuvent-ils garantir des libertés individuelles dans la transformation de leurs Sociétés ?

Défendre le libéralisme, c’est dans une certaine mesure remettre en cause, du moins théoriquement, d’autres doctrines. Parmi ces dernières, figure au premier plan le socialisme, qui à la différence du libéralisme prône une plus grande intervention de l’Etat avec, entre autre, en ligne de mire une propriété commune des moyens de production. Ainsi, dans le contexte du socialisme, le rôle de l’Etat s’étend au-delà de ses prérogatives régaliennes pour assumer une fonction active dans la répartition voire dans la création des richesses. Il apparaît ainsi en filigrane que libéralisme et socialisme vise le même objectif qui est la satisfaction des populations avec pour chacune de ces deux doctrines ses propres présupposés et moyens d’y parvenir. Avec la première, l’action publique est centrée sur les intérêts individuels au service de la solidarité collective. Alors que la seconde s’attache à exulter la solidarité collective au service des intérêts individuels.

A la lumière de cette nuance fondamentale, il est aisé de comprendre que le choix d’une doctrine, quelle soit fondée sur des principes politiques et/ou économiques, détermine les modalités de gouvernance des rapports entre la puissance publique et les Citoyens. En effet, un libéralisme fidèle à ses principes fondateurs, suppose, comme indiqué plus haut, un Etat « minimal » de type « laisser-faire », conséquence de l’idée que les citoyens ont la capacité de s’autoréguler.

Les singularités de la Côte d’Ivoire marquées par une ethnicité qui transcende la nation, la régression de l’éducation, la faiblesse de l’accumulation du capital, la prédominance du secteur d’activité dit « informel », l’inefficience de l’administration publique, etc. font-elles sens avec le libéralisme ? Ces singularités ne sont-elles pas des contraintes à la construction des préconditions à l’existence du libéralisme ? La contestation de cette doctrine dans les Sociétés qui l’ont vu naître, les oppositions entre les courants qui la composent ne constituent-elles pas des mises en garde pour se prémunir contre le cercle vicieux des mauvais « copier-coller » ? Si le développement est contextuel et impose une transformation inéluctable de nos Sociétés, quel libéralisme pourrait permettre à l’Afrique de tenir la promesse de la réduction de la pauvreté ? La rencontre abidjanaise de l’Internationale Libérale nous éclairera certainement !

 

Une tribune signée: 

Dr. SENY KAN Konan Anderson

Enseignant-Chercheur en Sciences de Gestion

Université de Toulouse - Professeur à TBS (Toulouse Business School)

 

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Le plan d'opération 2015 pour la préservation de la réserve de faune d'Abokouamékro a été présenté jeudi par l'Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), et la société de développement touristique de la région des lacs (SODERTOUR-Lacs) pour la valorisation du potentiel éco-touristique de la réserve de faune.


Le plan de travail des deux structures en charge de la gestion du parc a été présenté et validé jeudi, lors de la première session ordinaire 2015 du comité de gestion locale (CGL) de la réserve de faune d'Abokouamékro présidée par le préfet de la région du Bélier André Ekponon, en présence des représentants des populations riveraines impliquées dans la gestion du terroir.

Ce plan consiste en ce qui concerne l'OIPR, à mener des opérations de déguerpissement des bœufs et autres animaux domestiques parqués dans la réserve, à organiser des patrouilles de surveillance, à dérouler un programme de suivi écologique, à effectuer des travaux d'entretien des pistes, et à intensifier les séances de sensibilisation.

''Il s'agira pour nous également de remettre des kits scolaires aux meilleures élèves des villages riverains, de renforcer la collaboration avec les autorités administratives politiques et judiciaires et de rechercher les investisseurs '', a ajouté le directeur de la zone centre de l'OIPR le Cdt Rémy Kouadio Kouassi.

La Sodertour-Lacs envisage, quant à elle, dans la perspective 2015, des actions au profit des populations riveraines, à savoir la formation des populations riveraines aux enjeux du tourisme et à l'éco-citoyenneté, la remise de dons aux coopératives et entend mener des campagnes de désinsectisation et de sensibilisation.

La directrice générale de la Sodertour-Lacs Condé-Mourade a saisi l'occasion pour inviter l'OIPR à accélérer le plan d'aménagement de la réserve et souhaité que soit signée la convention de gestion du terroir ''qui sont les deux obstacles à lever pour rassurer les investisseurs'', a fait savoir la directrice Mme Mourad-Condé

La première session ordinaire 2015 du CGL de la réserve de faune d'Abokouamékro a été surtout marquée par la présentation du bilan annuel des activités de 2014 présenté par l'OIPR et la Sodertour-Lacs. Les deux structures ont informé de l'absence d'animaux dans la zone aménagée de la réserve, du manque de signalétiques directionnelles, de la vétusté du pont balafon de la réserve entre Gofia et Toumodi et des pratiques de braconnage, d'exploitation de bois et de culture dans la réserve de faune.

Le préfet de la région du Bélier André Ekponon, présidant la réunion du comité de gestion locale, a engagé pour sa part les membres du CGL et le corps préfectoral à maintenir le contact avec les villages riverains de la réserve d'Abokouamékro pour intégrer les populations dans la gestion de la réserve qu'elles doivent considérer comme le moteur de leur développement.

Le préfet de Yamoussoukro a exhorté les populations à demeurer ''les sentinelles déterminées'' au sein des villages pour la valorisation de la réserve de faune d'Abokouamékro et en faire la plate-forme nationale en matière d'écotourisme.

(AIP)

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Alors que toutes les centrales syndicales du pays sont à pied d'oeuvre pour célébrer, vendredi 1er mai 2015, la fête du travail, le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau vient d’annuler le huitième congrès de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI), qui avait élu Joseph Ebagnerin comme secrétariat général de la plus vielle centrale syndicale en septembre.

Cette décision de justice survient après que le tribunal dit avoir constaté des "irrégularités" à la tenue du huitième congrès électif, régulièrement fixées par le Conseil syndical.

Le tribunal a relevé, entre autres irrégularités, l'absence de toute convocation préalable et régulière de ce congrès pour la date du 11 septembre 2012, ainsi que la composition irrégulière du comité exécutif et du conseil général syndical, non-présidés par le secrétaire général sortant.  

Le tribunal, "en conséquence, prononce la nullité du huitième congrès de l'UGTCI du 11 septembre 2012", et déclare "l'élection (…) nulle, et les actes et délibérations subséquents en découlant non avenus", selon la grosse produite à cet effet, dont l'AIP a pu se procurer une copie.

En septembre 2012, la Cour d’appel d’Abidjan avait pris une ordonnance de référé déclarant recevable l’action de la tendance Ebagnerin à la tenue effective du congrès, tandis que son report était requis par l’ancien secrétaire général, Adé-Mensah.

Ledit congrès s’est alors tenu le même jour, et au sortir duquel Joseph Noël Ebagnerin, anciennement premier secrétaire général adjoint, est porté au poste de secrétaire général de l’UGTCI. Sa légitimité est depuis lors contestée.

Armand Tanoh, avec AIP

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