Le procès de l’affaire de l’assassinat du Général Robert Guéi le 19 septembre 2002, aux premières heures de la crise miliraro-politique ivoirienne (2002-2011), s’est proprement ouvert ce lundi 25 janvier 2015 après le rejet par les juges des exceptions soulevées par la défense.
Les choses sont allées très vite avec la comparution de l’adjudant Koudio Koudio, à l’époque chef de sécurité du général Dogbo Blé, commandant de la garde républicaine. Ce témoin n’est pas passé par quatre chemins pour accuser le colonel Anselme Séka Yapo dit Séka Séka – chef de la sécurité rapprochée de l’ex-première dame Simone Gbagbo à l’époque- d’être le principale assassin du général putschiste.
Ce qui s’est passé à la Cathédrale St Paul
Alors que plusieurs camps militaires et les domiciles de certaines autorités du pays étaient attaqués à Abidjan par des assaillants venus du Nord du pays, dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, le général Guéi Robert qui habitait au Plateau non loin de la clinique de l’Indénié, décide d’aller se refugier à la Cathédrale St Paul sise dans la même commune à proximité des tours administratives.
Selon l’adjudant Koudio une troupe conduite par le général Dogbo Blé et Séka Séka dont il faisait lui-même partie s’est rendue au domicile du général Guéi. La mission était de mettre l’officier supérieur aux arrêts mais ce dernier ne s’y trouvait plus. C’est alors qu’ils apprennent que l’homme recherché se trouve à la Cathédrale.
Une fois sur ce lieu saint, poursuit l’adjudant Koudio Koudio, le commandant Séka Séka parvient, sous la menace, à obliger un homme trouvé sur place à leur montrer l’endroit où se planquait le général.
"C’est ainsi que je suis allé chercher le général et je l’ai remis au général Dogbo Blé qui l’a ensuite remis à Séka Séka", raconte-il.
Toujours selon le sous-officier, Séka Séka et ses hommes se sont dirigés vers la résidence du général Guéi qu’ils ont transporté avec eux dans un Véhicule de l'avant blindé (VAB). "C’est après que j’ai appris à la télé que le général Guéï a été tué", affirme l’adjudant.
Rose Doudou Guéï à bout portant
Revenant sur les circonstances de l’assassinat, le même jour, de Rose Doudou Guéï, épouse de Guéï Robert, l’adjudant Koudio relate que cette dernière avait trouvé refuge chez dans une cour voisine en escaladant une clôture de leur villa. "Je suis allé la chercher et je l’ai ramené dans leur résidence", dit-il, précisant avoir remis Mme Géï à à Séka séka.
Entre-temps, Rose Guéï éprouvait des douleurs au niveau de ses jambes, selon les dires de l’adjudant, dues à une chute lorsqu’elle escaladait le mur. "C’est ainsi que je l’ai laissé avec Séka Séka pour aller lui chercher une chaise afin qu’elles puissent s’assoir", poursuit-il.
Mais à sa "grande surprise", bang ! bang ! Il dit avoir entendu de coups de feu, et quand il revient aussitôt sur ses pas, il retrouve Mme Géï sans vie couchée dans un caniveau sans vie. "Quand j’ai demandé ce qu’il s’est passé, on me dit que c’est encore le fou de Séka Séka…"
Les audiences reprennent le mardi 26 janvier 2016.
Abdoul Razak Dembélé
Auteur: Armand Tanoh