Le partenariat Côte d’Ivoire-FMI-Banque mondiale sous Alassane Ouattara-Bilan et perspectives

Abidjan, le mercredi 23 avril 2025(LDA)-La participation de la Côte d'Ivoire aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, qui se déroulent du 21 au 26 avril 2025, est une opportunité stratégique pour le pays. La délégation ivoirienne conduite par Nialé Kaba, ministre du Plan et du Développement et Adama Coulibaly, ministre des Finances et du Budget, ne pourra échapper aux questions liées à la gestion de la dette, 59% du PIB et le maintien du déficit budgétaire à 3 % du PIB en 2025, conformément aux normes de l'UEMOA.

Si ces rencontres permettent de discuter des défis financiers, et des réformes nécessaires pour renforcer la résilience économique du pays, il n'est pas superflu de faire un tour d'horizon du partenariat entre la Côte d'Ivoire et ces institutions financières, relativement aux réalisations, les mécanismes d’action et les défis persistants.

Depuis 2011, notre pays a profondément transformé son modèle économique grâce à une collaboration stratégique avec le FMI et la Banque mondiale. Il a enregistré une croissance moyenne de 7 % entre 2011 et 2024, et une stabilité macroéconomique unique dans la région font du pays un moteur régional en Afrique de l’Ouest. D'ailleurs le programme FMI de 3,5 milliards de dollars (2023-2026) a permis de renforcer les recettes fiscales (+15 % en 2023) et de maîtriser l’inflation (autour de 2 % en 2024).

Un success story indéniable d'accès aux marchés financiers est sans doute les Eurobonds ivoiriens de 2018, souscrits à hauteur de 4,5 milliards de dollars, reflétant la confiance des investisseurs. L'une des clés des performances économiques de la Côte d'Ivoire sont les projets structurants avec des financements importants dans le processus de reconstruction du pays.

La construction du Pont Alassane Ouattara de Cocody, financé par la Banque mondiale, le déploiement de 12 lycées d’excellence et 15 lycées professionnels depuis 2020, visant à réduire le déficit éducatif, sont des exemples concrets des acquis du partenariat avec les Institutions financières internationales.

Enjeux des réunions de printemps 2025 du FMI et de la Banque Mondiale

Les ministres Nialé Kaba et Adama Coulibaly à la tête de la délégation ivoirienne vont, naturellement, prioriser la négociation de financements climatiques, ciblant 500 millions de dollars supplémentaires pour l’adaptation agricole et énergétique. Surtout que le président Ouattara a longtemps milité pour une meilleure représentation de l’Afrique au sein des Institutions financières internationales-IFI.

La nomination de l’Ivoirien Wautabouna Ouattara comme Administrateur de la Côte d'Ivoire pour le nouveau Groupe Afrique du FMI en 2024 est une parfaite illustration de cette volonté du président ivoirien.
Aussi, la réforme des quotas au FMI, qui demeure un plaidoyer pour augmenter la représentation africaine (actuellement 7,09 % des voix pour 46 pays subsahariens), sera-t-elle sur la table de la délégation ivoirienne.

Très active au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), la Côte d'Ivoire peut s’appuyer sur les IFI pour accélérer à la mise en œuvre de cette initiative, renforçant le commerce intra-africain et attirant des investissements dans des secteurs à forte valeur ajoutée comme l’agro-industrie et l’énergie. Concrètement, cela se traduira par une demande d’un appui technique de 100 millions de dollars pour moderniser les corridors commerciaux ouest-africains.

Défis

Cependant, des défis d'équilibrage de la croissance et de l'inclusivité s'imposent à la Côte d'Ivoire. Malgré les avancées et surtout le partenariat avec les IFI, la gouvernance de M. Ouattara fait face à des défis majeurs d'ordre structurel et politique qui pourraient freiner le progrès du pays.

D’abord, la dépendance aux financements extérieurs expose le pays à des conditionnalités strictes, parfois perçues comme limitant la souveraineté économique.

Ensuite, la question de l’inclusivité reste cruciale dans un contexte où les inégalités persistent entre les zones urbaines et rurales bien que la croissance soit robuste au niveau national.

Enfin, la gouvernance Ouattara doit répondre aux critiques sur la transparence et la lutte contre la corruption. Bien que des efforts soient faits, comme la création de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, des allégations de corruption sont relayées par les médias et cela pourrait tenir l'image du pays.

La participation de la Côte d'Ivoire aux réunions de printemps 2025 du FMI et de la Banque mondiale dénote de l’ambition d’Alassane Ouattara de consolider les acquis économiques, tout en saisissant de nouvelles opportunités pour le développement.

Grâce à une gouvernance ancrée dans la rigueur et une coopération étroite avec les IFI, le pays a transformé son économie et renforcé son statut de leader régional. Ainsi, la Côte d'Ivoire peut continuer d’incarner une « Afrique qui gagne », comme l’a souligné Alassane Ouattara dans son discours sur l’état de la nation en 2023.

 

Auteur: Bakary Cissé

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