En marge de sa visite à l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme sise à Jacqueville, dans la région des Grands Ponts, le général de Brigade Dagvin Anderson, Commandant du commandement des opérations spéciales des Etats-Unis en Afrique, s’est ouvert à l’AIP, lors d’un entretien réalisé jeudi 20 mai 2021 à l’Hôtel Sofitel d’Abidjan. Le Général de l’armée américaine lève un coin de voile sur l’opération “Flintlock” qui se tiendra bientôt en Côte d’Ivoire avec pour base le Sénégal, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Vos premières impressions, mon Général, après cette visite à l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme en Côte d’Ivoire ?
C’est très impressionnant, impressionnant par rapport au temps bref qu’on a fait pour le construire, mais aussi par la qualité du travail. Ce sera un centre international qui va former des gens, des militaires sur le plan international. Nous sommes prêts à aider les partenaires, notamment la Côte d’Ivoire et la France au moment où ils sont entrain de travailler sur ce projet
A quel niveau, comptez-vous aider ces deux pays ?
Nous sommes en train d’aider à construire un aérodrome où les hélicoptères peuvent aller atterrir et aussi un centre de formation. Au mois de février 2022, nous avons l’intention d’organiser une partie de l’opération Flintlock sur le site de cette académie.
C’est quoi l’opération Flintlock et à quoi va-t-elle consister ?
Le Flintlock, est un exercice multi- internationale où nous regroupons une antenne de force de défense de la Côte d’Ivoire, du Brésil et du Japon avec la participation de plusieurs pays européens.
L’exercice va porter sur quoi concrètement ?
Nous allons faire une formation en renforcement des capacités des forces et nous allons renforcer les forces en présence. Nous allons également faire des formations sur les relations entre les forces militaires et les populations civiles.
En Côte d’Ivoire, combien de militaires vont participer à cette opération ?
Je n’ai pas le nombre exact des Ivoiriens qui vont participer, mais il y aura deux unités de l’armée qui vont faire des opérations, des formations sur le partage de renseignements et le partage d’expériences entre ces unités et les autres unités. Ils vont participer à cette opération.
Quels seront les acquis pour les militaires ivoiriens en particulier et de façon générale pour tous les militaires au terme de la formation ?
Ils verront leurs capacités renforcées dans le cadre de la lutte contre le contre terrorisme et dans le domaine des relations entre les civiles et les militaires. Il s’agira également de mettre en œuvre des stratégies de partage de renseignements.
L’opération Flintlock s’est tenue l’année dernière en Afrique avec pour base la Mauritanie, quel bilan ?
L’année dernière, l’opération a permis de renforcer les relations entre les unités en matière de partage de renseignements et d’expériences. Cela a permis aux partenaires européens et africains de se retrouver et renforcer le partenariat. Elle a également été l’occasion de renforcer la coopération multinationale pour mieux faire face au terrorisme et la capacité tactique de chaque unité à aller lutter contre le terrorisme. Le phénomène étant varié, il était important de mettre ensemble tous ces éléments voire toutes ces forces. Le terrorisme c’est d’abord le côté militaire, mais surtout l’application des lois et les relations entre les populations civiles et les militaires.
Quelles sont les avancées de la lutte dans le cadre de la coopération entre votre pays et la Côte d’Ivoire ?
Nous avons sur le terrain les forces spéciales américaines qui forment les forces spéciales ivoiriennes pour faire face à la menace terroriste. Une expérience dont nous allons nous servir dans le cadre de l’exercice Flintlock en vue de renforcer davantage la capacité de ces forces.
En Afrique, surtout en Afrique subsaharienne, il y a certes la Côte d’Ivoire mais aussi le Mali et le Burkina Faso qui sont beaucoup touchés par les attaques terroristes. Que font les Etats-Unis pour aider ces pays à sortir des griffes du terrorisme ?
Le terrorisme a commencé au Mali et maintenant, le phénomène progresse vers le Sud du Burkina Faso. Lorsque nous organisons l’exercice Flintlock, nous essayons d’expliquer aux différentes nations que ce n’est pas seulement le problème des pays sahéliens, mais c’est un problème pour toute l’Afrique de l’Ouest. Nous les invitons à partager les renseignements pour mieux faire face aux menaces.
Durant ces opérations, nous avons formé des forces au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Nous essayons également de renforcer ces formations sur les civiles et les militaires dans ces pays-là. C’est une opération multinationale avec la présence de la MINUSMA de l’ONU et des forces françaises. Ensemble avec les Américains, on essaie de former et de donner les moyens à ces forces-là de faire aux menaces terroristes.
En plus de tout ce que je viens de citer, il y a aussi des initiatives typiquement africaines telle le G5 Sahel. Tous ensemble, nous travaillons pour faire face au terrorisme dans la région du Sahel. Nous apportons en Afrique, ce que nous avons expérimenté au Moyen-Orient. Nous faisons de telle sorte que ces forces-là soient aguerries à faire face au terrorisme. Ce sont les mêmes choses que nous faisons quant il s’agit d’Al-Qaida et de l’Etat Islamique. Je voudrais reconnaître ici l’effort que fait la France parce qu’elle a sacrifié ses forces et investit beaucoup en terme de logistique dans ces opérations.
(AIP)
Auteur: LDA Journaliste