Directeur d’une école confessionnelle, il porte aussi la casquette de président d’une ong islamique à Yamoussoukro. Pour la première année de ses activités, M. Bakary Fofana comble déjà apprenants et parents d’élèves par la qualité de son enseignement. Récemment, de passage dans la capitale politique de la côte d’ivoire, nous l’avons rencontré et interrogé. Dans cet entretien, il présente son école et son organisation caritative à allo police.
Bonjour Monsieur le directeur, présentez-vous à nos lecteurs ?
M. Bakary Fofana, anciennement professeur de cafop à Yamoussoukro de 1981 à 2004. Je suis à la retraite. Je suis le directeur général du groupe scolaire Mariam Fofana Al Maarifa (le temple du savoir en arabe) de Yamoussoukro. Ce groupe scolaire a été construit par mon petit frère Lancina Fofana, inspecteur général de l’enseignement professionnel et technique. Je suis aussi président de l’ong amaloul atfal qui prend en charge les enfants démunis dans la communauté musulmane.
Qu’est-ce qui fait la particularité de cette école ?
La particularité est que c’est l’une des rares écoles confessionnelles islamiques de Côte d’Ivoire. C’est une nouveauté. Habituellement, ce sont les enfants musulmans qui fréquentaient les écoles confessionnelles chrétiennes. Avec notre école, vous trouvez des écoliers de confession islamique, chrétienne et autres dans les salles de classe.
Quel programme scolaire appliquez-vous ici ?
Nous appliquons le programme scolaire national d’enseignement. Ce programme est ensuite renforcé avec des cours d’initiation à la pratique de l’islam en arabe pour les élèves musulmans. Il y a aussi l’apprentissage de l’anglais et de l’informatique à tous les élèves.
C’est quoi votre objectif principal ?
C’est de faire de notre groupe scolaire une école d’excellence et aussi former des cadres musulmans de demain. Ils doivent savoir lire le coran et le mémoriser. Ils doivent savoir bien pratiquer leur religion et en tant qu’intellectuels, savoir faire la promotion quand ils en sortent.
Quand les élèves musulmans font leur cours d’arabe que font les élèves d’autres confessions ?
Ils font soit leur cours d’anglais ou d’informatique.
Combien de classes compte le groupe scolaire ?
Nous avons en projet 36 classes dont 12 classes maternelles et 24 classes primaires. Nous attendons l’autorisation pour ouvrir le collège l’année prochaine. Les bâtiments sont fin prêts. Cette année, nous avons ouvert l’école avec 3 classes maternelles (petite et grande section) avec un effectif de 155 élèves et 6 classes primaires du cp1 au cm2. Le 1/3 des élèves est de confession chrétienne. Leurs parents nous ont fait confiance parce que nous appliquons le programme national d’enseignement. Et nous avons des enseignants chevronnés. Nous respectons la foi de chaque élève. Nous respectons la diversité.
Quel est le niveau des élèves que vous recrutez chez vous ?
Nous recevons des élèves qui nous viennent d’autres écoles surtout publiques avec un niveau très faible. Comment comprendre que des élèves au niveau CM ne puissent pas écrire leur nom ? C’est impossible. Mais avec la qualité de nos enseignants, ces élèves ont de bonnes moyennes en quelques mois d’étude.
A qui la faute si le niveau des élèves est si bas dans les écoles publiques ?
On ne va pas jeter la pierre à quelqu’un sans chercher à savoir qui a fait quoi ? Je crois qu’il faut mener une véritable enquête pour mieux comprendre afin de mieux situer les responsabilités. Mais déjà, il faut qu’on se dise la vérité. C’est surprenant qu’on laisse ses enfants en classe de CM2 passer en sixième avec ces faiblesses académiques. Une fois au collège, ils sont tous renvoyés parce que ne faisant pas le poids.
C’est quoi la réalité chez vous concernant les effectifs ?
Chez nous on prend en compte les effectifs des élèves par classe. Si vous donnez plus de 90 élèves à un enseignant, quel miracle voulez- vous qu’il réalise? Voilà pourquoi, nos effectifs n’excèdent guère 40 élèves.
La réussite des apprenants est en partie due à l’environnement dans lequel ils évoluent. Respectez-vous cela ?
Notre groupe scolaire est situé à la sortie de la ville de Yamoussoukro sur la route de oumé. Le cadre est propice parce qu’apaisant, grand et propre. Nous disposons aussi de deux cars de ramassage pour les élèves. Une libraire et une bibliothèque. Pour les tout-petits, nous avons aménagé une crèche et tout ce dont un enfant de la maternelle a besoin pour mieux s’épanouir.
A quoi ressemble une journée au groupe scolaire Mariam Fofana Al Maarifa ?
Ici, les cours commencent à 7h30 et à midi, enseignants et élèves mangent à la cantine. Après quoi, ils se reposent pour reprendre à 14h. Les enseignants et élèves musulmans prient ensemble à 13h30 avant d’aller en classe. Les cours reprennent jusqu’à 15h30 puis on arrête tout. Les musulmans font les ablutions pour prier et à 16h, les cars ramassent tout le monde pour regagner les domiciles.
Pendant que les élèves musulmans prient, que font les autres élèves d’autres confessions ?
Les autres élèves restent en classe avec leur professeur pour étudier.
Comment les élèves musulmans rattrapent les cours manqués au moment de leurs prières ?
Les emplois du temps sont faits de sorte à ce que les enseignants aient des plages de révisions du même cours. Alors au moment où les élèves non musulmans révisent, les élèves musulmans se rattrapent.
Avez-vous des retours satisfaisants de la part des parents d’élèves?
Oui, nous avons assez de bons retours. Des parents d’élèves satisfaits du niveau de leurs enfants viennent nous faire de la nourriture pour la cantine. C’est encourageant et ça fait chaud au cœur. Nous avons deux agréments d’ouverture de ce groupe scolaire ; l’un pour la maternelle et l’autre pour le primaire. Officiellement nous sommes reconnus par l’Etat. L’inspection de l’enseignement nous rend régulièrement visite. La progression est bonne.
Quelle différence entre les madersa et votre groupe scolaire ?
Dans les madersa, ou écoles coraniques, après la formation, on maitrise la religion mais sans débouchés. Chez nous, on veut former des hauts cadres musulmans qui puissent s’engager en politique ; ils peuvent être économistes, philosophes, journalistes mais ils doivent maitriser leur religion, savoir lire l’arabe, maitriser l’anglais et l’informatique. Ils auront des débouchés partout où ils iront.
Quelle est votre vision ?
Nous comptons agrandir notre groupe scolaire et en faire une école d’excellence. A présent, une infirmerie est en construction. Nous comptons lancer les activités de notre l’ong « amaloul atfal ». L’objectif est de scolariser les enfants musulmans en milieu défavorisé. Pour la première année, nous avons inscrit en 2021, 20 enfants qui sont pris en charge de la maternelle jusqu’à la terminale. Ils sont scolarisés, nourris et transportés. Avec le temps, nous comptons augmenter ce nombre. Par ailleurs, nous primons déjà les meilleurs élèves lors des compositions en présence de leurs parents. Cela les motive à faire mieux. La meilleure chose à donner à un enfant, c’est une bonne éducation.
source : allo police
Auteur: LDA Journaliste