Si la coopération qui a démarré dès le 17 août 1962 entre la Côte d’Ivoire et le Maroc –sous la houlette du premier président ivoirien, Félix Hophouët-Boigny, et le roi Hassan II- reste excellente, l’on peut affirmer sans se tromper que les souverains actuels des deux Etats, respectivement Alassane Ouattara et le roi Mohamed VI sont passés à une autre phase. « Les échanges entre la Côte d’Ivoire et le Maroc sont passés de 39,6 milliards de FCFA en 2010 à 121,92 milliards FCFA en 2015 », a souligné le premier ministre Daniel Kablan Duncan au lancement des travaux d’aménagement et de sauvegarde de la baie de Cocody.
Baie de Cocody et autres
Justement, ces travaux futuristes visant à faire de la Baie de Cocody un véritable « paradis » pour la perle des lagunes, seront réalisés par Marchica Med, une entreprise étatique marocaine. Cent trente-sept milliards de FCFA au total, pour les travaux d’infrastructures routières et d’ouvrage de franchissement, des travaux d’hydrauliques et portuaires, des travaux d’ouverture des embouchures, ainsi que le dragage et l’aménagement de la baie de Cocody et une marina.
Banques et finance
Si la robustesse de l’axe Rabat-Abidjan se manifeste par les nombreuses visites d’Etat de part et d’autre, les forums économiques, foires commerciales, et les signatures bien médiatisées d’accords multisectoriels, c’est plutôt par des projets gigantesques que cela se concrétise : Les Groupes Attijariwafa bank, Banque populaire et BMCE-BOA s’imposent désormais dans le secteur bancaire et financier ivoirien. Ouattara a trouvé au Roi du Maroc un allié sur dans l’assainissement du secteur bancaire du pays, la liquidation du portefeuille de l’Etat étant à l’ordre du jour.
La Côte d'Ivoire, qui comptabilise 21% des actifs bancaires des zones CEMAC et BCEAO, est le premier marché bancaire de la zone francophone en Afrique subsaharienne et le 2e marché en Afrique de l'Ouest après le Ghana, selon une étude du cabinet de conseil parisien Nouvelles Donnes spécialisé sur le secteur bancaire publiée par le site d’information en ligne du Maroc Média24.com.
Si Attijariwafa bank est présente au capital de la SIB depuis 2010, il faut noter que la Banque Populaire contrôle 50 % du capital de la Banque Atlantique de Côte d’Ivoire, tandis que l’assureur Saham, fondé par Moulay Hafid Elalamy, détenteur de 650 agences en Afrique, a mis la main sur Colina dans un élan d’acquisitions à l’échelle du continent africain.
Quant à la BMCE-BOA, présente en Côte d’Ivoire et dans 19 pays du continent, elle agit, avec succès d’ailleurs, en qualité de conseil financier de la Cote d’Ivoire sur le marché international des capitaux. Les trois banques marocaines sont par conséquent fortement implantées en Côte d'Ivoire et contrôlent à elles seules 31% du parc d'agences du pays et près de 30% du total des actifs bancaires du pays, soit 8,6 Milliards d'euros.
Immobilier…
La Cote d’Ivoire, en lançant son ambitieux programme immobilier pour résorber l’énorme déficit de logements dans tout le pays peut compter sur les groupes marocains Addoha et Groupe Alliances qui font partie des 4 opérateurs étrangers du programme des logements sociaux. Le projet d’investissement du Groupe Alliances porte autour de 10.000 logements sociaux et 4.000 logements moyen et haut standing au niveau du district d’Abidjan. «Résidences Akwaba », un mégaprojet inauguré, le 26 février, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Premier ministre ivoirien Dania Kablan, porte quant à lui sur 7.800 logements.
Un autre projet, Baptisé « Grand Bassam », s’étend sur une superficie de 114 hectares dans la commune du même nom, dans la banlieue abidjanaise. Quant au Groupe ADDOHA, il a déjà engagé à Locodjro, dans la commune d'Attécoubé, 8000 logements de deux ou trois pièces et à Koumassi, un projet de 620 habitations de 3 ou 4 pièces. Son autre filiale, la cimenterie CIMAF, qui a couté un investissement de 19, 6 milliards F CFA sur 5 hectares a une capacité de production de 500 000 tonnes de clinker par an et produit du ciment depuis la Zone Industrielle de Yopougon.
Cimenterie et énergie
L’annonce d’une 2ème unité industrielle de 35 milliards de F CFA à San Pedro a récemment été faite par le CEPICI. Le secteur de l’énergie n’est pas en reste. En effet, le distributeur marocain de carburant Akwa Group, a pris en 2014 le contrôle de l’ivoirien Klenzi à hauteur de 80% du capital. Et l’offensive marocaine en Côte d’Ivoire dans le domaine de l’énergie se matérialise par la signature d’un accord du gouvernement avec Platinum Power, qui a obtenu le statut CFC (Casablanca Finance City) en octobre 2013.
Cet accord avec le gouvernement ivoirien porte sur le développement des complexes hydroélectriques de Gao, Koulikoro et Tayaboui, représentant une puissance de plus de 200MW, ce qui représente 10% de la puissance installée que le gouvernement ivoirien ambitionne de rajouter pour atteindre 3.500MW en 2020. Nadia Rhaouti de Maroc-Export n’avait donc pas tort de dire qu’« un quart des investissements marocains va vers la Côte d’Ivoire ». Une ruée vers l’"or Ivoire", pourrait-on dire.
Pour la première édition de la Foire Internationale d’Abidjan, 42 entreprises marocaines de secteurs aussi divers que le BTP, le textile, l’automobile, l’énergie hydraulique… avaient fait le déplacement. Une aubaine donc pour le président Alassane Ouattara dans la mise en œuvre de son ambitieux programme, le PND 2016-2020, d’un montant de 30 000 milliards de F CFA.
Une contribution de BAKARY CISSE
- Certificat de Développement (Economique) Communautaire, 2014, Jica, Osaka-Japon
- Certificat Business Plan et Entreprenariat, 2011, Technoserve-Banque Mondiale Maitrise en Anglais, Licence en Anglais, Licence en Communication
- Maitrise d’Anglais
- Licence de Communication
Auteur: Armand Tanoh