Menaces terroristes contre la Côte d’Ivoire : Décryptage avec Lemine Ould Salem (auteur de Le Ben Laden du Sahara), son conseil aux autorités ivoiriennes

Depuis les menaces d’attaques proférées par le groupe terroriste Ansar Dine contre la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, les autorités ivoiriennes multiplient les mesures de prévention. Des troupes ivoiriennes mènent depuis le début de la semaine, des opérations de ratissage au Sud du Mali, aux côtés des forces maliennes et onusiennes. Ansar Dine qui a revendiqué plusieurs attaques menées récemment dans des localités maliennes très proches de la Côte d’Ivoire, entend cibler le pays par des attaques, pour "sa collaboration avec les ennemis de l’islam", en référence à l’engagement de ses soldats au Mali.

Selon le journaliste Lemine Ould Salem, auteur du livre "Le Ben Laden du Sahara", les autorités sous-estiment le danger. Invité de la Radio RFI ce vendredi 3 juillet 2015, il donne les raisons qui, selon lui, pourraient justifier cet intérêt des groupes jihadistes  pour la Côte d’Ivoire. Décryptage.  

Premier enjeux, les intérêts français

« N’oubliez pas que la Côte d’Ivoire fait partie de cette région d’Afrique de l’Ouest qui a toujours été une cible majeure pour les groupes jihadistes qui étaient présents dans le nord du Mali. [...]La Côte d’Ivoire est non seulement le pays le plus riche de la sous-région, mais aussi symbolise tout ce qui, chez les jihadistes, peut justifier des actions. Notamment le lien avec la France, la grande présence économique française, mais également la présence militaire française. D’autant plus que les groupes jihadistes comprennent quelques éléments ivoiriens. Les habitants de Tombouctou et de Gao se souviennent de la présence d’Ivoiriens parmi les jihadistes qui avaient occupé ces villes en 2012», Lemine Ould Salem. 

La menace pas encore perçue en Côte d’Ivoire

"Ce qui rend plus facile pour ces groupe d’agir en Côte d’Ivoire, c’est que jusqu’ici, c’est qu’il me semble que les ivoiriens n’ont pas encore perçu la menace que représente ces groupes sur leur territoire. Tout comme dans le temps, la menace avait été sous-estimée en Mauritanie, (…) tout comme au Mali, j’espère que les Ivoiriens ne feront pas la même erreur", prévient le journaliste. 

Conseil, renforcer le dispositif du renseignement

Pour faire face à cette menace, Lemine Ould Salem conseille aux autorités ivoiriennes la mise en place d’un "observatoire de ces cellules religieuses", qui foisonnent les pays d’Afrique de l’ouest. Pour lui, "la mise en place d’organismes chargés d’analyser, pour pouvoir éventuellement anticiper sur l’évolution d’un certain nombre de pratiques" est nécessaire. Il faut "absolument" améliorer les services de renseignements, dit-il.

"Si par exemple les Algériens ont réussi à un moment donné à affaiblir la menace jihadistes chez eux, c’est en partie dû au travail d’infiltration de ces groupes. Donc la priorité aujourd’hui pour les Ivoiriens, c’est un département de renseignements, avec des gens formés, capables de comprendre ces groupes, de les approcher, notamment des arabisants par exemple", recommande-t-il.

Abdoul Razak dembélé, avec RFI

Auteur:
Armand Tanoh

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