Côte d’Ivoire : les femmes politiques ne veulent plus être les seconds couteaux de leur parti

La femme politique ivoirienne est décidée à prendre sa place dans le marigot politique essentiellement dominé par les hommes. Sa volonté à jouer un rôle prépondérant dans le jeu politique est manifeste, depuis quelques années. Et cela a été soutenue par la Constitution votée en 2016 exigeant un quota minimum de 30 % de femmes sur le nombre total des candidats présentés pour les scrutins relatifs à l‘élection des députés, sénateurs, conseillers régionaux, conseillers de district et des conseillers municipaux. Avant le décret d’application de la loi 2019-870 du 14 octobre. 

Par le passé, les seules femmes sur la scène politique, pour ne citer qu’elles, étaient Simone Gbagbo, 2ère vice-présidente du FPI, Henriette Dagri Diabaté du RDR, Marie Odette Lorougnon du FPI, ancienne députée, la députée de M'Batto Aka Véronique du PDCI, Léopoldine Tiézan Coffie, baronne du PDCI, et ex-ministre de la Famille et de la Promotion de la femme sous Henri Konan Bédié, la ministre Marietou Koné du RDR, Danielle Boni Claverie, présidente de l'Union républicaine pour la démocratie (URD). Leur engagement a pu donner des femmes ministres, députées, présidentes de partis ou simples militantes. Et leur parcours, bien évidemment, a engendré la naissance d'une nouvelle génération de femmes foncièrement intéressée par la politique. De Yasmina Ouégnin, députée depuis 2011, à Fleur Aké, candidate malheureuse aux législatives 2021 à Agboville, en passant par Trazere Olibe Celestine (députée), N’zi N’Da Affouée Eliane(députée), jusqu'à la plus jeune députée de Côte d'Ivoire, Zamblé Jarvis Naya, 26 ans, députée de la circonscription électorale de Gohitafla, Manfla et Manminigui sous préfecture, la femme politique ivoirienne semble avoir pris totalement son envol. Aujourd’hui, elle va même jusqu’à défier des hommes sur le terrain, malgré les intimidations et autres menaces de mort. Au cours d’une conférence de presse en février 2021, Doumbia Fanta, la présidente du Comité de coordination pour la participation politique des femmes (2C2PF), a déploré le non-respect du taux de participation de 30% de femmes, en vue des élections législatives du 06 mars 2021. 

Selon un document du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), basé sur des données provisoires de la commission électorale, le RHDP a présenté 16 % de candidates, le PDCI 8 %, le FPI 14 %, l’EDS 7 % et la plateforme EDS/PDCI 17 %. Cette année, 14,62 % des candidats aux législatives étaient des femmes contre 12,26 % en 2016, selon un décompte effectué par l’ONU.

A ces dernières législatives, ce sont 210 femmes candidates titulaires et 242 suppléantes, sur une liste de 1.300 dossiers de candidatures pour 255 sièges qui ont été enregistrées. Et seulement 32 femmes élues (12%) contre 222 hommes (88%). Très loin du quota de 30% certes, mais grand pas, dit-on. Et désormais, les hommes devraient s’attendre à cette montée féminine sur la scène politique. Les seconds rôles, c'est fini ! Elles l'ont exprimé au cours d'un déjeuner-débat organisé par Bridge, une plateforme qui fait la promotion de l'engagement citoyen, et surtout la participation politique des femmes, avec l'appui financier de la Fondation Friedrich Naumaunn, le mercredi 31 août 2021, à Abidjan. C'était autour du thème : " leadership et participation politique des femmes".

Pour Marie Paule Kodjo, vice-présidente du conseil national des droits de l'homme (CNDH), représentante de Sangaré Namizata, la présidente, de 11% en 2016 à 12% de femmes élues aux législatives de 2021, il y a un important progrès. " Mais insuffisant, car malgré les promeses du président Ouattara qui souhaite que 30% de femmes figurent sur la liste électorale des partis plitiques, le constat est que sur le terrain; cette loi n'est toujours pas appliquée.", a-t-elle déploré, invitant les femmes à la solidarité. 

La députée de Sakassou, Marie-Ange N'Dia , a soutenu qu'être une femme politique ; c'est un sacerdoce. C'est pourquoi, elle a loué le courage des jeunes femmes qui ont participé aux législatives 2021, malgré le contexte très hostile. 

Le secrétaire d'État chargé du Renforcement des capacités et député de Sinfra, Épiphane Zoro Bi Ballo, seul homme parmi les femmes panélistes, a indiqué que celles-ci doivent prendre leur place dans le jeu politique. «(..) du point de vue constitutionnelle, des lois ont été prises pour permettre aux femmes d’être mieux impliquées dans la vie politique", a-t-il rappelé. La réalité étant différente de ce qui est dit; le député de Sinfra estime qu'il faut réfléchir sur des mécanismes pour lever les obstacles( ndlr: présenteurs économiques, culturelles, sociales), et renforcer leur capacité pour qu’elles soient en même de prendre toute leur place dans l'arène politique. Mais plus important, selon lui, c'est d'avoir une cause, un élément d’indignation qu'on veut changer pour améliorer la vie des populations. Et surtout se bâtir une vision, se former et être à l’écoute des populations et collaborateurs pour en tirer profit. 

Magloire N'Dehi, chef de bureau de la Fondation Friedrich Naumann à Abidjan, a relevé l'opportunité de cette activité cadrant avec les missions de la Fondation. 

« L'homme a en lui les ressources, l’énergie nécessaire pour son propre développement. Il arrive parfois que cette énergie rencontre d’énormes difficultés qui ne permettent pas toujours de faire éclore ce potentiel. Notre responsabilité à tous en tant que société est de faire en sorte que chacun de nous puisse trouver des acteurs, occasions qui permettront de faire éclore ce potentiel", a ajouté M. N'Dehi. 

Il faut indiquer que Nadia Bamba est la présidente de la plateforme Bridge. 

 

Auteur: Daniel Coulibaly

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