Abidjan, le mercredi 21 mai 2025(LDA)-Avec « Slow Success : l’Art de réussir à pas de Tortue », l’auteur Dimitri M’foumou-Titi invite à repenser notre conception de la réussite. Il soutient que l’idée d’un véritable succès ne se mesure pas à la vitesse d’obtention, mais à la profondeur de son impact et à sa pérennité. Dans une ère marquée par l’instantanéité et l’urgence, Dimitri M’foumou-Titi offre plus qu’un simple livre : c’est une ode à ceux qui choisissent de marcher à leur propre rythme, conscients que les plus grandes réalisations demandent du temps, de l’engagement et une vision claire. Né en 1976 à Pointe-Noire, Congo, Dimitri M’foumou-Titi illustre parfaitement la maxime “qui va lentement va sûrement”. Il nous transmet, à travers son ouvrage, une vision du succès comme un voyage réfléchi plutôt qu’une simple destination.

LDA: Quelles expériences personnelles ou observations ont amené Dimitri M’Foumou-Titi à remettre en question la vision dominante d’une réussite rapide et immédiate ?

DMT: Ce n'est pas un événement isolé, mais plutôt une lente maturation, une prise de conscience progressive nourrie par un contraste saisissant. D'un côté, notre époque est saturée d'une litanie numérique propageant l'illusion d'une réussite instantanée. Les écrans de nos téléphones défilent des vies idéalisées, des ascensions fulgurantes au statut de millionnaire, de célébrité éphémère, d'influenceur du jour au lendemain. On voit même, parfois avec une amère ironie, des récits de femmes cherchant une fortune illusoire dans des contrées lointaines, érigeant des entreprises sur des fondations fragiles. Cette cacophonie visuelle et narrative tend à faire croire que le succès est une simple équation, résolue en quelques clics ou quelques vidéos virales. Et puis, de l'autre côté du miroir, il y a la réalité tenace, celle que l'on observe dans le silence des ateliers, dans la persévérance des bureaux, dans les sacrifices consentis par des entrepreneurs qui ont patiemment bâti, pierre sur pierre, des entreprises solides. J'ai été particulièrement marqué par le témoignage d'un homme comme Monsieur Mossadeck Bailly. Quarante-deux années d'engagement, de labeur acharné dans le monde des affaires, et pourtant, la reconnaissance publique, la véritable visibilité, n'est apparue qu'au bout de quatre décennies. Son parcours est une puissante réfutation de la mythologie de la réussite éclair. Il incarne cette vérité fondamentale : seul le travail constant, la qualité intrinsèque de ce que l'on produit, finit par porter ses fruits, mais cela exige du temps, un temps incompressible. Cette démarche d'écriture est aussi profondément personnelle. Je porte en moi le désir de transmettre à mes enfants une boussole fiable dans un monde obnubilé par la vitesse. Je veux leur laisser un héritage de sagesse, la conviction que le véritable succès n'est pas une course effrénée dictée par les sirènes extérieures, mais une maturation intérieure, un cheminement à un rythme propre. C'est dans cette patience, dans cette persévérance tranquille, que réside une forme de noblesse et une garantie de durabilité. Slow Success n'est pas un renoncement à l'ambition, mais une réaffirmation de la valeur du temps, de l'effort soutenu et d'une vision à long terme, loin des feux de paille éphémères.

LDA: En quoi « Slow Success » est-il une réponse critique à la pression sociale constante d’être toujours plus performant ?

DMT: Slow Success se présente comme une réponse critique essentielle à la pression sociale omniprésente qui nous enjoint d'être constamment plus performants et plus rapides. Dans une société obsédée par la vitesse et les succès instantanés, alimentée par des modèles numériques souvent illusoires, cette injonction crée une anxiété généralisée et une course effrénée où la profondeur et le sens sont souvent sacrifiés. Slow Success offre une perspective alternative en réhabilitant la valeur du temps, de la patience et de la construction progressive. Il s'agit d'une reconnaissance que les réalisations durables et significatives nécessitent un investissement temporel, des apprentissages et une acceptation des étapes nécessaires à toute maturation, qu'elle soit personnelle ou professionnelle. En s'opposant à la tyrannie de l'immédiateté, Slow Success nous invite à reprendre le contrôle de notre rapport au temps et à redéfinir notre propre conception de la réussite. Cette approche constitue une forme de résistance douce mais profonde face à la comparaison constante et à la peur de ne pas suivre le rythme imposé. Elle nous rappelle que l'accomplissement véritable est intrinsèquement lié à un processus, à un cheminement qui mérite d'être vécu pleinement, en accord avec nos valeurs profondes et nos aspirations authentiques, loin des diktats d'une performance superficielle et éphémère.

LDA: Quelle société l’auteur espère-t-il contribuer à bâtir en promouvant un modèle de réussite basé sur la patience, la persévérance et la clarté d’intention ?

DMT: À l'aube de cette ère nouvelle, l'auteur entrevoit une renaissance africaine, incarnée par des métropoles vibrantes où s'érigeraient des édifices translucides, à l'image de "l'African Valley". Inspirés par la splendeur naturelle et culturelle du continent, ces espaces se distingueront par des motifs luxuriants et une architecture audacieuse. Bien plus que de simples lieux collaboratifs, ils symboliseront un renouveau durable, un brassage culturel fécond et des incubateurs d'innovations où le Slow Success sera la philosophie cardinale. Dans cette vision, le succès ne se mesurera plus à la rapidité des gains financiers ou à l'ascension fulgurante, mais à la profondeur de l'impact sociétal et environnemental. Les entrepreneurs convergeront non pas dans une frénésie de réussite instantanée, mais animés d'un esprit d'apprentissage mutuel, d'une soif d'être enseignables et d'une volonté de croissance partagée. Ces pôles d'excellence africains deviendront des phares, irradiant un modèle de développement où la patience, la persévérance et la clarté d'intention façonneront un avenir prospère et harmonieux pour tous.

LDA: Comment ce livre peut-il aider les jeunes générations à se libérer des standards irréalistes imposés par les réseaux sociaux et le culte de la réussite express ?

DMT: Ce livre offre aux jeunes générations un outil puissant pour déconstruire les mythes de la réussite instantanée véhiculés par les réseaux sociaux. Il les encourage à faire une pause salutaire, à s'extraire de la course effrénée à la performance et à cultiver une vision du succès plus ancrée dans la réalité. En s'inspirant de la fable du lièvre et de la tortue, l'ouvrage met en lumière les vertus de la patience, de la persévérance et de la régularité. La tortue, loin d'être un modèle de rapidité, triomphe grâce à sa détermination sans faille et à sa capacité à maintenir un effort constant, des qualités essentielles pour atteindre des objectifs ambitieux et durables. En incitant les jeunes à puiser dans ces "leviers puissants", le livre les aide à développer une approche plus sereine et constructive de leur propre parcours. Il leur apprend à définir leurs propres standards de réussite, en accord avec leurs valeurs et leurs aspirations profondes, plutôt que de se laisser dicter des objectifs irréalistes et éphémères. Il s'agit de comprendre que le succès est un cheminement, un processus d'apprentissage et de croissance qui demande du temps, des efforts soutenus et une clarté d'intention quant à l'impact que l'on souhaite avoir sur le monde.

LDA: Pourquoi valoriser la lenteur dans un monde qui prône l’accélération ; Slow Success pourrait-il être perçu comme un acte de résistance culturelle et sociale ?

DMT: Ce livre se positionne délibérément à contre-courant des normes sociétales actuelles, qui célèbrent l'accélération à outrance. Il ne s'agit aucunement d'un plaidoyer pour la paresse ou la procrastination, mais plutôt d'une invitation à repenser notre rapport au temps et à résister à l'injonction de la vitesse. Cette démarche prend alors la forme d'un acte de résistance culturelle et sociale. En effet, la perception du temps varie considérablement d'une civilisation à l'autre, et cette prise de conscience nous ouvre à une plus grande compréhension de l'altérité. L'adage populaire sur l'homme blanc et la montre, opposé à la conception africaine du temps, illustre cette relativité culturelle. De même, les réflexions spirituelles du Roi David, pour qui un jour équivaut à mille ans quand il est dans la présence de son Créateur, et la théorie de la relativité d'Einstein sur l'élasticité du temps convergent pour démontrer que le temps n'est pas une entité absolue, mais une construction relative. Ainsi, la "lenteur" n'est pas une caractéristique intrinsèque, mais une simple perception. Dans ce contexte, valoriser la lenteur, c'est revendiquer le droit de s'affranchir du rythme imposé par une société obsédée par la performance immédiate, c'est choisir de privilégier la profondeur à la superficialité, et c'est affirmer la primauté de l'être sur le faire.

LDA: En écrivant ce livre, l’auteur cherche-t-il à réconcilier l’individu avec lui-même, en l’invitant à suivre son propre rythme plutôt que celui imposé par la société ?

DMT: En écrivant ce livre, l'auteur cherche moins à initier une révolte qu'à encourager une profonde introspection. Il ne s'agit pas tant de déconstruire radicalement le carcan social que de proposer une alternative douce à l'aliénation qu'il engendre. L'invitation à suivre son propre rythme devient ici un appel à la lucidité, à se détacher du tumulte pour mieux se reconnecter à ses aspirations essentielles. L'objectif est d'atténuer la pression qui nous pousse à nous conformer aux diktats de la performance, pour réhabiliter une approche plus humaine de l'existence. Il s'agit de revendiquer le droit à une temporalité choisie, à accorder de la valeur à chaque étape du parcours, et à construire une réussite qui soit en harmonie avec notre être profond. En valorisant la lenteur, l'auteur ne suggère pas de rompre brutalement avec la société, mais de cultiver un espace intérieur de liberté, où chacun peut s'épanouir à son propre rythme, en accord avec ses propres valeurs et priorités.

LDA: Quelles transformations collectives peut-on espérer si de plus en plus de personnes adoptent la philosophie du "Slow Success"(succès lent) ?

DMT: Si de plus en plus d'individus embrassent la philosophie du "Slow Success", nous pouvons anticiper des transformations collectives profondes, particulièrement en Afrique, où un nouveau paradigme de développement pourrait émerger. Imaginez l'African Valley, non plus comme une simple concentration d'entreprises, mais comme le symbole d'une renaissance économique et culturelle portée par une génération d'entrepreneurs imprégnés de cette nouvelle sagesse. Nous verrons émerger des figures emblématiques, succédant à des pionniers comme Aliko Dangote et Monsieur Mossadeck Bally, mais portant des noms résonnant avec l'histoire et l'identité du continent : une Amina construisant un empire agroalimentaire durable, un Chinedu révolutionnant les énergies renouvelables à l'échelle locale, une Fatou érigeant un modèle d'éducation inclusive et accessible à tous. Ces réussites, célébrées non pour leur rapidité mais pour leur impact social et environnemental, inspireraient une vague de vocations et redéfiniraient les critères de succès à l'échelle continentale. Le mouvement Slow Success, né de cette prise de conscience, transformerait en profondeur la société africaine, favorisant une croissance économique plus équitable et respectueuse des rythmes naturels, une valorisation des savoir-faire locaux et une renaissance d'une identité culturelle forte et assumée.

Slow Success, l’Art de réussir à pas de Tortue,

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Blog : https://www.slowsuccesstortue.com