En octobre 2020, la Côte d’Ivoire connaîtra une nouvelle élection présidentielle avec pour président sortant Alassane Ouattara. Si le président ivoirien laisse planer, pour l’instant, le doute sur sa candidature, les faits, gestes et propos laissent croire qu’il rempilera pour un troisième mandat, et le premier dans le cadre de la nouvelle constitution du 8 novembre 2016. Mais, en 2020, quelles pourraient etre les probables candidatures? La Diplomatique d’Abidjan met les pieds dans le plat.
Alassane Ouattara, président sortant en 2020
Il est l’actuel président de Côte d’Ivoire. Il en est à son deuxième mandat, après les élections de 2010 et 2015. Si au départ, M. Ouattara a dit ne pas être favorable à un troisième mandat, depuis la nouvelle constitution, sa position a bien changé. Il semblerait qu'il ait l'envie d'un troisième mandat. S’est-il précipité? En tout cas, l’actuel locataire du palais du plateau veut bien garder les clés. Pourtant, cette nouvelle posture du président ivoirien continue de diviser les constitutionnalistes et politiciens avisés. Certains soutiennent que M. Ouattara a déjà fait deux mandats, et qu'il devrait logiquement céder le fauteuil, selon l’ancienne constitution. Pour d’autres, dire que M. Ouattara ne peut pas être candidat n’est pas juste, car nous sommes dans une nouvelle constitution. Celle-ci lui donne droit à un nouveau mandat qui ne prend pas en compte les deux précédents. Pour eux, le changement de la Constitution a remis tous les compteurs à zéro. C'est aussi bien l'avis du président. « La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020″, déclarait-il en juin 2018. Qu’à cela ne tienne M. Ouattara ne lâchera pas. La nouvelle génération peut bien attendre. En vérité, s’il a changé de position, c’est bien tout simple. Alassane Ouattara veut que la Côte d’Ivoire soit entre de bonnes mains, et être sûr de voir ses chantiers se poursuivent. Il y a aussi une raison sportive que bien de personnes occultent. Si sous Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire est allée à la coupe du monde pour la première fois de son histoire, sous M. Ouattara notre pays a remporté sa deuxième Can en 2015. Ainsi, l’actuel président ivoirien rêve d’organiser la deuxième CAN du pays en 2023, après celui d’Houphouët Boigny en 1984. Mais pour toutes ces raisons, il pouvait bien passer la main. Seulement, il y a un hic. Dans son camp, il n’aurait pas trouvé une personne qui fait l’unanimité et qui pourrait le remplacer. Si à un moment donné, le Premier ministre Amadou Gon était en pole position, depuis ses démêlés avec Guillaume Soro, il a perdu l’affection du chef et au sein même du parti RDR, il n’est pas aimé de tous. Le lion de Korhogo a perdu des poils. Dans les coulisses, depuis quelque temps, le nom du ministre de la Défense Hamed Bakayoko est cité. D’ailleurs, il a décidé de faire de sa commune Abobo une cité où il fait bon vivre pour séduire le grand chef. Il veut se construire une image présidentiable. Hélas, le président ne serait pas même chaud pour parier sur lui. Il le préfère ministre que de faire de lui son dauphin. Celui, sur qui, il aurait parié, est bel et bien Guillaume Soro. Selon certaines langues, c’est bien Soro qu’il aurait voulu positionner, mais que les autres n’ont pas accepté. Il a beaucoup d’admiration pour « son fils » Guillaume. Ça, il l’a dit. Et cela a tout son sens. Voilà pourquoi, il a voulu le garder dans la maison. Mais Hélas. Guillaume Soro, « le fils rebelle » est parti pour ses propres convictions. Vu qu’il ne sait à qui confier les clés du palais, Alassane Ouattara sera donc obligé de se présenter en 2020 pour achever ses chantiers et surtout au cas ou Bédié et Gbagbo revenaient sur la scène politique. Et dire à Guillaume Soro qu’il a eu tort de le quitter. 2020, pour ceux qui pensent que c’est une affaire simple pour Alassane Ouattara font fausse route. 2020 est un challenge pour l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët. S'il perd, il sortira par la petite porte. Et ça sera une grande humiliation pour lui. C’est pourquoi, il veut être sûr des tenants et aboutissants de cette élection avant de se lancer. Et les différentes adhésions au RHDP à tout azimut ont pour but de lui donner une large chance de remporter la présidentielle d’octobre 2020 au premier tour, même si c’est incertain. D’où son attitude à ne donner aucune lisibilité sur sa probable candidature. En 2020, à 78 ans, M. Ouattara pourrait être un potentiel candidat à la présidentielle ivoirienne.
Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA
Henri Konan Bédié serait chaud pour 2020. Il a bien l’intention de revenir au pouvoir. Et ça, plusieurs de ceux qui l’ont quitté pour former le PDCI-Renaissance et ceux qui le soutiennent le savent. Celui qu’on surnomme le sphinx de Daoukro est déjà dans une logique. Car, il n’a pas encore digéré le coup d’Etat de 99 qui l’a évincé du fauteuil. Une sorte de revanche pour celui qui dit être le vrai héritier d’Houphouët et qualifiant les autres d’enfants adultérins. M. Bédié veut faire payer à Alassane Ouattara, son allier d’hier, avec qui il aurait passé un accord d’alternance en 2020 pour sa trahison. Après que ce dernier a opposé un refus de passer le fauteuil au PDCI. Entre Jean-Louis Billon (qui lui fait les yeux doux), Thierry Tanoh, Ahoussou Jeannot, Charles Diby et bien d’autres encore, N’Zueba n’a pas encore son dauphin. Il hésite. Kouadio Konan Bertin(KKB) lui aurait fait savoir qu’il voudrait être le candidat du parti. Mais Bédié lui aurait dit de se calmer. Son tour viendra. Pour cela, il pourrait être candidat lui-même. Même s’il sait qu’il pourrait ne pas gagner, HKB se présentera et pourrait être un faiseur de roi et surtout fait mal à M. Ouattara qui a refusé de respecter leur accord de Daoukro. C’est vrai que Duncan, Adjoumani, Raymonde Goudou, Amichia et autres sont partis, mais Bédié tient encore le PDCI et sa base en mains. En 2020, à 85 ans, Henri Konan Bédié ne reculera pas.
Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien
Il était l’ancien président du pays. Il a été transféré à la CPI par son successeur Alassane Ouattara, aux heures chaudes de la crise post-électorale, après une élection qui a conduit le pays dans un conflit armé. Dégâts : 3000 morts officiellement. Depuis son acquittement en janvier 2019, l’ancien président semble retrouver son envie de revenir au pouvoir. Lui aussi, il est motivé par ses partisans. Selon une source proche de l’ex-président, il ne n’était pas chaud au départ vu qu’il ne savait pas encore son sort au niveau de la CPI. Mais, selon les dernières évolutions des affaires pénales, il pourrait rentrer au pays avant 2020. Et le patron naturel du FPI qui demande à Affi N’guessan, reconnu par le pouvoir d’Abidjan comme président des frontistes, ne renoncera pas à récupérer la présidence du parti. Il veut bien revenir. Surtout qu’il n’a pas pu gouverner correctement à cause d’une rébellion qui a divisé le pays en deux dès la deuxième année de son mandat en 2002. Il croit dur comme fer qu’il était le vainqueur de 2010. Il veut dire aux yeux du monde que c'est lui qui a remporté les élections de 2010. Sur ce fait, l’homme n’a pas encore renoncé. Bref ! [(Et puis, un bété reste un bété (commentaire)]. C’est pourquoi, depuis un moment, il remobilise ses troupes et demande qu’il ait la réconciliation au sein de son parti. Cependant, la candidature de M. Gbagbo dépendra de son sort à la CPI. S’il est autorisé à rentrer au pays, il n’hésitera pas à présenter sa candidature. Et c’est bien le souhait de ses partisans. En 2020, à 74 ans, Laurent Gbagbo pourrait être candidat.
Guillaume Soro, député de Ferkessédougou, ex-PAN
Guillaume Soro, le rebelle. Le « fils rebelle ». C’est l’ancien président de l’Assemblée nationale du pays. Il a démissionné, selon lui sous pression du président ivoirien qui lui demandait d’adhérer au RHDP. Pour ses convictions, il a refusé. Malgré les dissuasions de « son père » Alassane Ouattara, le député de Ferké est resté ferme sur sa position. Il n’était pas d’accord pour cette idée de création de RHDP. Et depuis sa démission de février 2019, le député de Ferké trace son chemin pour le fauteuil présidentiel. C’est un secret de polichinelle, l’ancien président de l’assemblée nationale ivoirienne a bel et bien l’intention de se présenter en 2020. Pour le paraphraser, il dit avoir céder le « tabouret » pour aller chercher « le fauteuil ». Et, il le dit avec beaucoup d’assurance. Celui qui s’est présenté comme le porte-parole de la rébellion ivoirienne en 2002 a avec lui: le Rassemblement pour la Côte d’Ivoire(RCAI) et le Mouvement pour la promotion des valeurs nouvelles(MVCI). A ceux-là s’ajoute son propre mouvement « le comité politique » qu’il a créé le 15 février 2019 et qui pourrait se muer en parti politique d’ici 2020. Pour arriver à ses fins, après les consultations tous azimuts, il mène, en ce moment, une tournée à l’intérieur du pays, précisément dans le nord. Objectif : ratissé large pour 2020. Il ira, pas pour remporter, mais pour une prise de contact. Il veut jauger sa popularité en vue de préparer 2025. Cependant, lui et ses partisans pourront être des faiseurs de Roi. En 2020, à 46 ans, Guillaume Soro pourrait se lancer pour la première fois à une présidentielle ivoirienne.
Charles Blé Goudé, président du COJEP et ex-leader de la galaxie patriotique
Charles Blé Goudé. Il est le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples(COJEP). L’ancien leader de la galaxie patriotique et ex-ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo se prépare dans les coulisses, dit-on. Sa dernière sortie en direct, le mercredi 27 mars 2019, sur facebook dans une nouvelle posture en dit long sur ses intentions. Déjà en 2017, il a remanié le bureau de son parti. Comme Guillaume Soro, son ancien compagnon de la FESCI, le leader du Cojep est bien intéressé par 2020, après son acquittement à la CPI, croient savoir certaines indiscrétions. Il veut se jauger. Si contrairement à Guillaume Soro, il est plus populaire, il pourrait voir réellement son poids à l’occasion de cette présidentielle. Il n’y va pas pour remporter, mais pour se préparer pour 2025. Cependant, comme son mentor Laurent Gbagbo, son sort dépend de la décision de la CPI. Il pourrait être aussi un faiseur de roi. Pendant que M. Ouattara, M. Bédié et M. Gbagbo se livreront à une bataille épique, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé se mesureront au nom de l’amitié pour 2025.
Autres candidatures possibles
En dehors des candidatures de ces 5 personnalités politiques, il pourrait avoir d’autres dont celle de Mamadou Koulibaly, président de Lider, ancien compagnon de Laurent Gbagbo, Kouadio Konan Bertin dit KKB(Indépendant,PDCI), Affi Nguessan(FPI) …
Daniel Coulibaly
Auteur: LDA Journaliste
