Côte d’Ivoire-CPI : La vidéo de la tuerie des femmes d’Abobo authentifiée par un expert témoin. « Aucune manipulation… »

« Authentique ». C’est ainsi que Mario Wiz Mateos, directeur technique du service judico-informatique du département de la criminalistique de Madrid (Espagne), juge la qualité de la vidéo de la tuerie des femmes d’Abobo lors de la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011. [Cliquez ici pour visionner l’audience]

En effet, invité par le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à témoigner sur les résultats d’analyse de cette vidéo, dans le cadre du procès de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, le spécialiste en traitement des images a fait savoir que ce fichier n’avait pas été l’objet d’un montage.

« Aucune trace d’une quelconque manipulation »

Etayant une partie du rapport d’analyse de trois pages rédigé par son équipe, à la demande du bureau du procureur, Mario Wiz Mateos a déclaré : « Le résultat dans ce cas précis c’est qu’il n’y avait aucune trace d’une quelconque manipulation, et en plus on avait des informations qui faisaient référence à une marque et un modèle précis de caméra. Donc sur la base de tout cela, on a tiré les conclusions. Ces conclusions, c’était qu’avec ces deux hypothèses, on pouvait conclure que le fichier vidéo était authentique ou qu’il avait été obtenu d’une autre manière. Et le résultat de l’analyse, qui avait été mentionné précédemment, nous permettait de dire quel était l’hypothèse que nous considérions comme la plus vraisemblable pour ce fichier vidéo. A savoir que cette vidéo était authentique ; donc, que cette vidéo était considérée comme vraie ».

Expliquant la méthodologie d’analyse utilisée pour aboutir à cette conclusion, M. Mateos, se référant à une partie du rapport dit ceci : « Dans cette partie du rapport d’expert, on retrouve les observations critiques, en audio et en vidéo. Après cet examen critique, du fichier vidéo, des images, on essaie de voir s’il y a quelque chose qui n’est pas juste, qui semble hors contexte. Ou s’il y a des traces qui pourraient indiquer qu’il y aurait eu une ou des manipulations. Ça, c’est fait sur les séquences audio et vidéo. Pour la partie audio on utilise des écouteurs. Pour faire le meilleur travail possible, on a également l’analyse des métadonnées. Comme je l’ai expliqué déjà, on a travaillé avec le logiciel Virtual dub. »

Toutefois, il faut préciser que l’équipe d’expert a procédé à une « amélioration du fichier» à l’aide de logiciels pour pouvoir mieux l’analyser.  L’expert espagnol, qui a fait sa déposition le 30 mai, a assuré que cette méthode ne pouvait pas affecter la qualité de la vidéo.

Zone d’ombre

Une zone d’ombre est toutefois à relever dans cette déposition de Mario Mateos, par ailleurs sergent dans l'armée espagnole. Selon l’analyse des métadonnées du fichier, il ressort que la vidéo a été enregistrée le 7 janvier 2011 à 4h17, a fait savoir M. Mateos. Or les faits sont supposés s’être déroulés le 3 mars de la même année.

Le 3 mars 2011, alors que la Côte d’Ivoire était en pleine crise postélectorale – les deux candidats au second tour de l’élection présidentielle du novembre 2010, le sortant Laurent Gbagbo et son challenger Alassane Ouattara, se disputant la victoire-, sept femmes, supposées partisanes de M. Ouattara, avaient été tuées lors d’une manifestation de femmes à Abobo dans le Nord d’Abidjan pour réclamer le départ de Ouattara. Cette tuerie, imputée à Laurent Gbagbo par le procureur de la CPI, et filmée par une caméra amateur, serait le fait de chars appartenant aux forces pro-Gbagbo visibles dans la vidéo en question. La crise postélectorale ivoirienne a occasionné quelque 3000 morts.

Auteur:
Armand Tanoh

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