Simone Gbagbo : veut-on écarter la "dame de fer" de la scène politique

"On veut écarter de la scène politique Mme Simone Gbagbo", a plaidé l’avocat de l’ex-Première dame, le vendredi 6 mars 2015, lors de sa plaidoirie, dans le cadre du procès de la crise postélectorale. Pour le "défenseur" de la "dame de fer", sa cliente une fois reconnue coupable et condamnée, donc interdite de droits civiques, n’aura plus la possibilité d’intervenir sur le terrain politique. Toute chose qui, selon lui, montre de façon manifeste que le parquet est "à la solde du pouvoir d’Abidjan" pour empêcher tout éventuel retour de l’épouse de Laurent Gbagbo dans l’arène politique. L’avocat a plaidé. Le verdict est tombé. Et a été sans appel : 20 ans de prison ferme Simone Ehivet Gbagbo, reconnue coupable de divers crimes dont l’atteinte à la sûreté de l’Etat. Une peine qui, au grand étonnement de la défense, mais aussi l’accusation ( !?),  va au-delà du réquisitoire de lu parquet qui avait pourtant requis 10 ans fermes contre Mme Gbagbo.

Si une partie de l’opinion, ainsi que des observateurs et associations des victimes, semblent satisfaits de cette sentence, la pilule est difficile à avaler du côté des partisans de Laurent Gbagbo, qui y voient des mains obscures dictant à la justice un verdict garantissant l’anéantissement politique pur et simple de l’épouse légitime de Laurent Gbagbo. Surtout que ce procès intervient à une période où le Front populaire ivoirien (FPI), parti de Laurent Gbagbo fait face à la plus grave crise de son histoire. D’un côté, le président statutaire Pascal Affi N’guessan et ses partisans, et de l’autre, le camp des " Gbagbo ou rien" avec à leur tête Aboudramane Sangaré qui contestent désormais le titre de président du FPI à Affi.

En toile de fond, la crise au sein FPI

Même à la barre, cette guerre déclarée entre les deux camps rivaux s’est invité dans les débats, au fil des comparutions durant les audiences. "Le FPI mène le dialogue politique avec les autorités. Condamner le président du FPI que je suis, s'est mettre du plomb dans l'ail des discutions  politiques", lançait Affi N’guessan lors de la plaidoirie. Mais la réplique n'a pas tardé du côté d’Aboudramane Sangaré ; car pour une fois encore, le doyen d'âge du FPI, a donné la position de camp : "on parle de négociation sans Laurent Gbagbo qui est détenu à l'Haye. Laurent Gbagbo est lui-même son meilleur avocat. S’il y a un dialogue politique, il faut qu'il soit là. Quand il organisait le forum (de la réconciliation) en 2001, Il a invité Alassane (Ouattara) et Henri Konan Bédié. Il est la pièces manquante à ce dialogue", a-t-il pesté.

Ainsi, la suspicion complicité avec le pouvoir dont est l’objet Pascal Affi N’guessan de la part de ses détracteurs n’a pas manqué d’être utilisé, avec minutie, par la défense dans sa stratégie, n’hésitant à volonté à qualifier ce procès de "procédure politique. "Ce procès nous dépasse. Il ne s’agit pas de savoir qui de Gbagbo ou de Ouattara a été déclaré vainqueur. L’enjeu de ce débat est si oui ou non les peuples africains peuvent faire respecter leur loi ; (…) ne vous faite pas complices des politiciens", avait-il lancé à l’endroit des jurés.

Une affaire de Justice et non politique

A ce jour, aussi bien l’accusation que la défense s’est pourvu en cassation contre la sentence à l’encontre de celle qui soutenu et encouragé son mari, selon l’accusation, à vouloir se maintenir coûte que coûte au pouvoir malgré sa défaite aux élections face à Alassane Ouattara en 2010. Une attitude qui a plongé le pays dans un chaos sans précédent, une crise postélectorale qui a fait plus de 3000 morts.

Si le dossier est vide comme le soutiennent ses avocats, alors on se demande bien du côté des avocats de l’Etat et de la partie civile, sur quel compte mettre toutes ces destructions de biens, ces morts, ces atrocités commises sur d’innocentes personnes durant la crise postélectorale. On se demande également : "la carrière politique ou le retour en politique de Simone Gbagbo saurait-ils justifier le fait qu’on mette tous ces dommages à pertes et profits comme de simples effets collatéraux ? Doit-on ignorer les massacres commis par les escadrons de la mort pour juste sauver une hypothétique carrière politique de la "dame de fer ?". Que non !, rétorque la partie civile. Il ne s’agit pas d’écarter Mme Gbagbo de la scène politique, mais de la mettre devant ses responsabilités, devant l’insondable résistance de l’histoire, dont de bonnes feuilles restent encore entachées de sangs innocents qui ne crient pas vengeance mais réclament justice.

Armand Tanoh  

Auteur:
Armand Tanoh

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