Le Pr Martin Bléou semble avoir reconsidéré sa position sur la nouvelle constitution ivoirienne adoptée en octobre 2016 à 93,42 % de suffrages exprimés pour un taux de participation de 42,42 %. Celui qu’on dit être opposé à cette constitution fait une autre lecture du texte de lois fondamentales de son pays.
Nouvelle Constitution : il y a du bon et du mauvais
« On ne peut pas dire que cette Constitution est entièrement mauvaise », a déclaré Martin Bléou, lors d’une conférence-débat à l’occasion des «Jeudis libéraux » de la Fondation Friedrich Naumann, le jeudi 26 janvier 2017. Il exposait sur le thème: «Quelles perspectives pour renforcer la démocratie participative et les institutions représentatives ».
Si le Pr Martin Bléou reconnait quelques points positifs contenus dans la nouvelle loi fondamentale du pays, il n’a, cependant, pas changé d’un iota sur sa position initiale. « Il y a beaucoup de bonnes choses, mais aussi de mauvaises», a-t-il affirmé.
Pour lui, les incongruités dans la nouvelle constitution sont d’une énormité flagrante. « Des dispositions qui donnent l’impression de vouloir une chose et son contraire », relève-t-il.
Martin Bléou trouve impopulaire la méthode employée pour son adoption. Toute chose qu’il qualifie de «non participative» donc « pas inclusive ». « Comment peut-on demander à une personne de voter un texte sans qu’il n’ait pris connaissance, qu’on lui explique, voire qu’il s’y séjourne pour le comprendre…», a-t-il déploré, précisant que c’est le regard du peuple ivoirien sur la constitution qui compte et non celui de sa modeste personne.
Le référendum
Comment le citoyen ivoirien peut-il être amené a participé à la vie politique du pays ? A cette question, le Pr Martin Bléou repond que cela existe sous la forme du referendum.
«La constitution prévoit la possibilité pour le peuple d’exprimer sa souveraineté de deux manières différentes. La première formule, c’est à travers ses représentants élus, et la seconde c’est que le peuple intervient par la voie référendaire. Et c’est le Président qui suscite le référendum qu’il s’agit du référendum législative tendant à l’adoption d’une loi ou du référendum constitutionnel tendant à la révision de la constitution», a précisé M. Bléou, soulignant que le Chef de l’Etat n’a aucunement l’obligation de prendre une telle initiative, sauf s’il s’agit des « questions majeures, fondamentales présentant une importance sociale ».
«Il serait indiqué que le referendum soit utilisé afin que les citoyens prennent part à la vie politique. Cette technique est nécessaire étant attendu qu’elle pourra continuer à rendre les institutions plus solides et conduire les populations à adhérer aux institutions de leur pays », a éclairé le Cconstitutionnaliste.
De son côté, le Dr Julien-Geoffrey Kouao, constitutionnaliste politique, qui se prononçait sur le thème: "législative 2016 : une recomposition du champ politique ivoirien ?", a indiqué que le champ politique ivoirien reste toujours structuré par les mêmes partis politiques(PDCI-RDR-FPI-UDPCI-UDCI). Il fait plutôt une lecture de« repositionnement des partis et acteurs politiques pour 2020 ».
Magloire N’Dehi, assistant programme de la Fondation, a salué l’engouement que les uns et les autres accordent aux «Jeudis libéraux ». Pour lui, le but est d’offrir un cadre d’échanges contradictoires contribuant au renforcement de la démocratie. « Seule la libre expression des idées permet de construire une nation plus forte», a-t-il affirmé.
Auteur: Daniel Coulibaly
