L'ex-chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo, détenu par la Cour pénale internationale, a été déclaré jeudi "président" de son parti par un millier de militants, une démarche jugée sans valeur par la direction de cette formation en pleine crise.
Ces partisans se sont retrouvés à Mama, village natal de M. Gbagbo dans l'ouest du pays, pour une cérémonie d'"investiture" de leur champion à la tête du Front populaire ivoirien (FPI). C'est le dernier épisode en date de la crise qui déchire la principale formation d'oppposition.
"Camarades, vous venez d'investir Laurent Gbagbo comme président du Front populaire ivoirien", a lancé Sébastien Dano Djédjé, un proche de l'ex-chef de l'Etat, depuis le préau de sa maison, pillée durant la crise postélectorale de 2010-2011.
Les militants présents, dont la plupart portaient un T-shirt à l'effigie de M. Gbagbo faisant le "V" de la victoire, ont alors hurlé de joie, a constaté l'AFP.
Confronté depuis des mois à des "frondeurs" pro-Gbagbo au sein du FPI, le président du parti, Pascal Affi N'Guessan, avait qualifié mercredi de "poisson d'avril" l'annonce de l'"élection" de M. Gbagbo à la tête de cette formation.
Il avait dénoncé "des déclarations sans fondement, qui n'ont aucune valeur juridique".
Le FPI est plus que jamais divisé entre deux camps.
Le premier veut concourir à la présidentielle d'octobre derrière Pascal Affi N'Guessan, qui a affirmé que le FPI allait désigner un candidat pour affronter Alassane Ouattara lors de ce scrutin clé pour la stabilisation du pays.
Mais le camp rival refuse un tel scénario et fait de la libération de M. Gbagbo "le coeur de la stratégie de lutte du parti".
Ces deux camps se sont opposés à plusieurs reprises devant la justice ivoirienne. Elle a notamment prononcé fin 2014 l'irrecevabilité de la candidature de M. Gbagbo à la tête du parti. Ses partisans avaient fait appel, la décision est attendue le 5 juin.
L'ancien chef de l'Etat est écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il doit être jugé par la Cour pénale internationale (CPI) pour des "crimes contre l'humanité" présumés commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011.
Née du refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, la crise a fait plus de 3.000 morts.
AFP
Auteur: Armand Tanoh