Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale (PAN) de Côte d’Ivoire: visé par des coups bas de certains adversaires politques qui souhaiteraient le voir disparaître de la scène politique ivoirienne? Ces proches et fidèles y croient fort. Cité dans plusieurs affaires qui ternissent son image, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire est bien en mauvaise posture pour une éventuelle ambition pour le fauteuil présidentiel. Autant qu'on puisse le dire, M. Soro est bien enmerdé par diverses affaires, dont les plus sérieuses sont le scandale des écoutes téléphoniques relatives au coup d’Etat manqué au Burkina-Faso, l’affaire de plainte de Michel Gbagbo contre lui en France, et maintenant une affaire de détention d’armes lourdes, selon l’ONU.
"Tous les coups sont bons"
"Tous les coups sont bons pour faire tomber Guillaume Soro Kigbafori(GSK)", rigole-t-on dans l'entourage du PAN. Sauf que pour l’instant, les coups portés contre lui semblent bien l’atteindre. Dans les lianes des affaires qui l'accablent, il opte pour la discretion. Visé par un mandat d'arrêt burkinabé consécutif au scandale des écoutes téléphoniques, après avoir échappé de justesse à mandat d’amener émis contre lui par la juge d'instruction, Sabine Kheris, en France, dans le cadre de la plainte de 2012 de Michel Gbagbo pour "enlèvement, séquestration et traitement dégradant et inhumain", il doit faire face maintenant à une affaire de détention d’armes lourdes estimé à 30 % de l’armement du pays, selon des experts de l’ONU qui ont mené leur enquête sur cette question.
Choqué, M. Soro n’a pas tardé à réagir de façon virulente à ces accusations. Des « farceurs », a-t-il traité ces experts onuciens. Soutenu par un de ses collaborateurs qui n’est pas passé par quatre chemins pour accusser ouvertement l’ONU de les avoir aidés à s’armer militairement à une période cruciale de la crise ivoirienne. L'affaire suit son cours.
Celui qui, dans le secret, se preparerait à se positionner pour la présidentielle 2020, n'aura pas fini de faire face à ces déboires qu'il voit son statut de "dauphain constitutionnel" menacé, avec la création d'un poste de vice-président qui pourrait être proposé par la réforme constitutionnelle à soumettre bientôt à reférendum.
Un poste de vice-président « menaçant »
Si la révision de la Constitution adopte la création de ce poste de vice-président, c’est dire que constitutionnellement, le président de l’Assemblée nationale ne sera plus le deuxième personnage de l’Etat en cas de vacance du pouvoir. Joël N'Guessan, le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel, réfute l'idée selon laquelle cette réforme est faite pour écarter politiquement le président de l'Assemblée : « Sachez que l’idée de poste de vice-président n’est pas nouvelle. Au temps du président Félix Houphouët-Boigny, en 80 et 85, voire même en 90, il avait institué ce poste de vice-président pour éviter le vide constitutionnel », a souligné M. N’Guessan.
Une évidence… le réduire au silence politiquement
Pour les "pro-Soro", il n'y a aucun doute. Il s'agit de "tuer politiquement" leur leader. Et cette période que traverse Guillaume Soro Kigbafori(GSK) pourrait être assimilée au cas Dominique Strauss Khan (DSK), politique français. GSK connait bien l’histoire de DSK qui, alors DG du Fonds monétaire international (FMI), était bien parti pour la présidentielle de 2012 en France, mais qui finalement s’est vu mêler dans une affaire de mœurs. Accusé de tentative de viol et séquestration sur une femme de chambre de l’Hôtel Sofitel de New York, DSK dira finalement adieu à ses ambitions politiques, et s’effacera même de la scène politique française. Sa femme Anne Sinclair le quittera.
L’ancien patron du FMI a été « tué » politiquement par ses adversaires. Pour dire qu’"en politique, il n’y pas de sentiments". Mais les soutiens de Guillaume Soro, leur champion, en "fin stratège", saura rebondir. "Il n’est pas DSK et DSK n’est pas non plus GSK", tonnent-ils. Les pays et le contexte politique diffèrent aussi.
A la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci), où il a fait ses armes en tant que secrétaire général, l’homme réussissait, dit-on, à chaque fois à sortir le grand jeu pour se repositionner. Cependant, le terrain de la lutte syndicale est différent de celui de la lutte politique. Et ça, "Bogota" comme l'appellent affectueusement ses amis, le sait très bien.Surtout que 2020, n’est pas loin.
Il peut toujours rébondir
Pendant que les alliés de la coalition au pouvoir passent leur temps à se battre pour une affaire d’"alternance", Soro pourrait bien se frayer un chemin pour se positionner. Car dans la "jungle politique", c’est souvent le plus rusé qui survit. Mais dans ce cas, ce qui pourrait constituer un autre ennemi à M. Soro, c'est bien qu'il n'aura pas de parti politique sur lequel s'appuyer.
Or cans un parti politique, que peut-il faire dans un pays comme la Côte d’Ivoire qui l’a vu assumer la tête d’une rebellion qui n'a pas eu que des admirateurs. En vérité, Guillaume Soro sait bien qu’il lui sera difficile de s’en sortir avec toutes ses casseroles sans un véritable soutien du Président Alassane Outtara. Alors, Bogota, futur vice-président de Côte d'Ivoire, avec un président de l'Assemblée nationale PDCI, pourquoi pas?, murmure-t-on dans son entourage. "Tout est possible en politique", dit-on. Et dans son lourd silence, pèse, lui seul sait, ce qu’il prepare…
Auteur: Daniel Coulibaly
