Côte d'Ivoire: voici les 12 mots clés du Pr Amoa Urbain pour comprendre le conflit de Bouna

Suite aux événements malheureux du jeudi 24 mars 2016 à Bouna(ville située au Nord-est de la Côte d’Ivoire), le Pr Amoa Urbain, le recteur de l’Université Charles de Montesquieu, a séjourné dans la ville du 2 au 10 avril 2016. L’Universitaire a pu échanger avec les autorités locales, des cadres, les différentes communautés, les leaders religieux, etc.

 

Selon le Pr Amoa son voyage sur Bouna avait pour objectif principal de contribuer au retour de la paix dans cette ville qui a été le théâtre d’affrontements inter-communautaires en mars dernier. Ces événements qui ont fait plusieurs morts, des blessés et de nombreux déplacés ont conduit l’homme de culture, le Scientifique, le Chercheur à se rendre sur le terrain pour comprendre ce qu’il a appelé les nœuds cachés du conflit. "Une initiative personnelle qui a pu avoir l’appui de l’Unesco et des autorités locales", précise-t-il. 

 12 mots clés…

Avec les différents échanges qu’il a eus, le Pr Amoa a resumé en 12 mots clés ce qui a pu se passer à Bouna. Et ces mots permettent de décrire et comprendre le conflit :

1)-Croyance, 

2)-Identité, 

3)-Territorialité, 

4)-Autorité,

 5)-Production,

 6)-Migration, 

7)-Injustice,

 8)-Frustration,

 9)-Impunité,

10)-Connaissance,

11)-Anticipation,

12)-Réparation.

Il observe que le manque d’anticipation sur un certain nombre de problèmes survenus dans la ville et mal reglés sont à la base de ces affrontements communautaires.« C’est l’expression  d’un étouffement qui a provoqué ces événements malheureux», a-t-il soutenu. 

Pour aboutir à cette conclusion, il dit avoir employé plusieurs méthodes dont la théorie de la diplomatie coutumière, l’élégane langagière, la vérité scientifique, la verité divine, la vérité consensuelle, etc pour essayer de comprendre en profondeur ce conflit. 

Bouna : une ville encore sous le choc

Après les événements, le temps d’une semaine que le Pr Amoa a pu passer à Bouna, la ville n’a pas encore retrouvé son ambiance des grands jours, relate-t-il. Une reprise timide due à une peur certaine qui anime encore les uns et les autres. « Les populations vivent encore dans la pychose d’un retour des violences », pense-t-il. « Même si la tempête s’est apaisée, il faut aller vite pour trouver des solutions durables à ce qui est arrivée», suggère-t-il, annonçant un autre voyage dans les jours à venir dans la ville avec 1000 jeunes volontaires pour contribuer au retour de la paix.  

La résidence du préfet : camp de déplacés

Selon le Pr Amoa, le conflit a fait de nombreux blessés, des morts, des maissons détruites, le marché central brûlé, etc. Surtout de nombreux déplacés qui ont trouvé refuge dans la cour de la résidence du Préfet de région du Boukani, Tuo Fozié, qui a été transformé en un camp de déplacés. De milliers de personnes y vivent avec l’accord du Préfet de région. « C’est une cour pleine de personnes qui ont fui les violences», a-t-il souligné. D’autres déplacés ont trouvé un abri dans le camp de l’ONUCI de la ville. 

Ses propositions

« Le conflit de Bouna n’est pas un petit conflit, mais un conflit sous régional. Il y a lieu de prendre ce qui s’est passé avec beaucoup de sérieux. Le climat social est tendu, il faut savoir alors anticipé pour regler les problèmes», prévient-il, proposant donc :

Une gouvernance de proximité,

Un cadre réglementaire statutaire des villages,

 un statut des rois,

Une réglementation des réparations, etc. 

Par ailleurs, le Pr Amoa Urbain a annoncé l’adoption d’une charte de cohabitation fraternelle pacifique par les communautés Koulango, Lobi, Malinké, Peulhs, le collectif des leaders religieux et la société civile, sous l’autorité d’un représentant du Préfet de Région du Boukani, après une journée de concertation et de dialogue intercommunautaire. Aussi la première pierre d’un centre d’incubation a-t-elle été posée.

 

Auteur:
Daniel Coulibaly

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