La 11ème conférence des « Jeudis libéraux » organisée par à la Fondation Friedrich Naumann a réuni sur la même table, Dr Flan Moquet, politologue et directeur du CRPA(Centre de recherche politique d’Abidjan), Dr Christophe Kouamé, président de Citoyens et Participation(CIVIS-CI), et Eric-Aimé Semien, président de l’OIDH(Observatoire ivoirien pour les droits de l’Homme), autour du thème : « Intérêt ou désintérêt des jeunes pour les processus électoraux», au siège de la Fondation à Cocody-Danga.
Après un record de participation enregistré à la présidentielle de 2010 (84% et81%), on a assisté à une baisse considérable de ce taux à la présidentielle d’octobre 2015. 52,86% de participation pour une abstention de 47,14%.
Cette chute importante du taux de participation est due selon des analystes à une forte abstention des jeunes qui représentent 77,7% de la population.
Du spécialiste des questions du civisme au politologue en passant par le défenseur des droits de l’Homme, ce trio de panélistes est convaincu que les jeunes sont deçus et ont besoin d’être mis en confiance par les acteurs politiques.
Selon les troix conférenciers, plusieurs facteurs expliquent ce désintérêt des jeunes des processus électoraux. Il s’agit entre autres de la crise militaro-politique de 2010, le manque de formation politique, l’analphabétisme, le chomage, les prisonniers politiques, la politique de la démagogie, manque de repère en politique, le manque de consensus autour de certains appareils du processus électoral(CEI, le code électoral, etc).
«Les politiques doivent être au service de la jeunesse et non l’inverse », estime Eric-Aimé Semien. Pour lui, ce désintérêt est fondé mais pas justifié. Fondé, parce que les jeunes ne peuvent pas prendre part à un processus électoral auquel ils n’ont pas été associés au départ. Pas justifié, parce qu’ils doivent prendre la place qui est la leur afin d’être au cœur des instances décisionnelles. «Les jeunes doivent s’engager s’ils veulent changer les choses en leur faveur », a-t-il indiqué.
Le Dr Flan Moquet Cesar explique, pour sa part, que l’engagement des jeunes aux processus électoraux peut amèner les acteurs politiques à prendre en compte leurs besoins. Ainsi, un désintérêt de leur part est plus préjudiciable que bénéfique. « Il n’y a rien à gagner en ne prenant pas part à un processus électoral pour un jeune. Au contraire, il perd beaucoup de choses », previent-il, préconisant de mettre un accent particulier sur la reconciliation et la bonne gouvernance.
De son côté, le Dr Kouamé Christophe, confie que la jeunesse se doit de s’impliquer dans les processus électoraux. «L’avantage de la participation des jeunes permet de légitimer le processus et leur désinterêt met en mal ce processus », a-t-il fait savoir.
Pour Sylvie Konaté, chargée de programme de la Fondation, cette abstention des jeunes doit interpeller les leaders politiques qui doivent se remettre en cause.
Auteur: Daniel Coulibaly
