Abidjan, 7 août 2025 (LDA) – Dans une interview accordée à l’émission Décrypter l’Afrique, diffusée récemment, Robert Bourgi, homme d’influence et ancien conseiller politique proche des présidents français, a exprimé une position inattendue sur la perspective d’un quatrième mandat du président ivoirien Alassane Ouattara.
« Ça ne me pas… »
« Il (Ouattara) a jugé, en son âme et conscience, qu’il pouvait briguer un quatrième mandat. Je comprends que certains rappellent sans cesse qu’il s’était engagé à ne faire ni un troisième ni un quatrième mandat. Je comprends que cette parole donnée il y a quelques années n’ait pas été respectée. Mais un président de la République, a des informations sur ce qui pourrait menacer l’environnement de la Côte d’Ivoire. Il y a des menaces terroristes qui se manifestent dans les pays voisins. Peut-être qu’il dispose d’informations que ni vous, ni moi ne possédons. (…) Il a engagé des actions sur les plans économique, financier et commercial qu’il a estimé pouvoir conduire et mener à bien seul. Qu’il fasse un quatrième mandat ne me gêne absolument pas », a déclaré Robert Bourgi.
Cette déclaration, surprenante de la part d’un homme qui a multiplié récemment les déclarations contre une éventuelle candidature du président Ouattara, dénote la complexité du débat politique en Côte d’Ivoire à l’approche de ces prochaines échéances électorales. Mais surtout pourrait contribuer à relancer le débat sur ce sujet avec plus de recul et de lucidité.
À une condition : une compétition ouverte
Toutefois, l’ancien homme de réseau des relations franco-africaines affirme que sa nouvelle posture vis-à-vis de la candidature de Ouattara est conditionnée par l’autorisation aux autres poids lourds de la politique ivoirienne à se présenter à cette élection.
« Cela ne me gêne pas, à condition – et c’est nécessaire, suffisant, pour ne pas dire obligatoire – de laisser tout le monde concourir. Je vous assure que si le président Alassane Ouattara, dans sa sagesse, prend la décision que tout le monde espère et attend, à savoir laisser concourir tout le monde – j’entends ici « compétir », bien que je n’aime pas ce terme –, alors le, quatrième mandat sera oublié », a ajouté l’avocat.
Toutefois, M. Bourgi a insisté sur la nécessité que tous les candidats éligibles puissent concourir librement, estimant que seule une compétition transparente et inclusive garantirait la stabilité démocratique et apaiserait les tensions qui traversent actuellement le pays.
« Le devoir peut parfois transcender la parole donnée », a-t-il repris à son compte phrase forte du discours d’annonce de la candidature du Président Ouattara., faisant allusion aux promesses d’alternance précédentes et à la réalité politique actuelle.
Sur la scène internationale, Bourgi a évoqué le rôle de la France, précisant que selon ses informations, le président Emmanuel Macron soutiendrait la candidature d’Alassane Ouattara.
« Macron soutient Ouattara »
« Emmanuel Macron soutient Ouattara, comme Sarkozy le fait sans mesure », a-t-il relevé, soulignant l’importance des relations bilatérales dans la région.
Robert Bourgi a enfin lancé un appel direct à Alassane Ouattara, lui demandant de garantir la liberté des candidatures et d’éviter un climat de division et de haine, au risque de fragiliser la stabilité acquise ces dernières années.
Armand Tanoh
Auteur: LDA Journaliste