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SEM Sailas Thangal, Ambassadeur de l’Inde en Côte d’Ivoire : « La Côte d’Ivoire ne trouvera pas de meilleur partenaire que l’Inde » Featured

L’Ambassadeur de l’Inde en Côte d’Ivoire, SEM Sailas Thangal, dans un entretien exclusif accordé à « La Diplomatique d’Abidjan (LDA) » se prononce sur l’état des lieux de la coopération bilatérale entre New Delhi et Abidjan.

LDA : Excellence, parlez-nous des débuts de l’établissement des relations diplomatiques entre l’Inde et la Côte d’Ivoire ?

ST : entre la Côte d’Ivoire et l’Inde, il y a une grande distance géographique. Mais ces deux pays ont beaucoup de points en commun. Ils ont une histoire commune. L’Inde a eu son indépendance le 5 août 1947 et la Côte d’Ivoire le 07 août 1960. Donc l’Inde a eu son indépendance 13 ans avant la Côte d’Ivoire. Il faut noter que ces deux pays ont été colonisés. L’inde par les britannique et la Côte d’Ivoire par les français. Ces deux pays ont vécu une longue colonisation et finalement, elles ont pu obtenir leur indépendance. Et ces deux pays se sont développés pour devenir des pays qui comptent sur la scène internationale. Ils partagent une vision commune sur certaines questions au plan international. Il existe une excellente relation entre eux. Fort de ces relations, l’Inde a ouvert son Ambassade ici en Côte d’Ivoire en 1979 et la Côte d’ivoire en Inde, en 2004.

LDA : Quelles sont les facteurs qui ont influencés la bonne relation entre les deux pays ?

ST : Les deux pays partagent des points de vue similaires sur des questions internationales comme le terrorisme transfrontalier, le changement climatique et d’autres questions abordées par les Nation-Unies. Et pour preuve, lorsque la Côte d’Ivoire est devenue membre non permanent du conseil de sécurité en 2018, l’Inde a soutenu la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, l’Inde est membre non permanent du Conseil de Sécurité, la Côte d’Ivoire soutient l’Inde.

LDA : Plusieurs accords ont été signés entre les deux pays. Quel est l’évolution de ces accords à ce jour ?

ST : Un autre aspect qu’il faut noter également, c’est l’accord qui a été signé avec le gouvernement. Il s’agit d’un prêt qui a été accordé par Exim Bank par l’intermédiaire de la Banque d’Investissement et de Développement de le CEDEAO. Ce prêt a été destiné à la construction de 25 centres de santé à travers le pays. Également, la réhabilitation de 125 centres de santé. Si ces centres ont des locaux adéquats, une partie de ce fond est destiné à les équiper. Ce sont donc des projets importants qui dénotent de ce que l’Inde a pu réaliser comme investissement.

LDA : Depuis l’installation de votre Ambassade en Côte d’Ivoire, aujourd’hui, quel est le niveau de la coopération entre les deux pays ?

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ST : Les domaines dans lesquels l’inde et la Côte d’ivoire coopèrent sont multiples et ce à cause de la convergence des points de vue. L’inde considère la Côte d’Ivoire comme un partenaire très important en Afrique sub-saharien. Et la Côte d’Ivoire l’a mentionné dans les années passées, que l’Inde est un pays clé dans sa politique de développement. Donc fort de cela, il y a des domaines de similarités que les deux pays ont et sur lesquels ils se basent par rapport à leur coopération. Ces domaines concernent l’agriculture, les technologies de l’information et les infrastructures.

LDA : Quoi d’autres Excellence ?

ST : Il y a aussi le domaine pharmaceutique où l’Inde est connue comme étant la pharmacie du monde. Et fort de cette expérience, la Côte d’Ivoire ne peut trouver un meilleur partenaire que l’Inde dans la coopération et le développement de l’Industrie Pharmaceutique. À l’occasion des 75 années de son indépendance, l’Inde a organisé des camps médicaux gratuits où les populations pouvaient se faire consulter. Elle a également offert des médicaments gratuitement, à la suite de ces consultations aux différentes populations, dans différents hôpitaux généraux, dans différentes villes en Côte d’Ivoire. Il y a aussi le domaine automobile avec deux grandes entreprises installées en Côte d’Ivoire, notamment TATA et Ashok Layland. L’inde a déjà une forte expérience dans la fabrication des automobiles de tous types, qui sont solides, résistants et à des prix compétitifs comparés aux autres véhicules qui sont importés, car nous savons que pour qu’un pays puisse se développer, il faut que le secteur du transport soit fort. La Côte d’Ivoire coopère avec l’inde dans ce sens. Le domaine des technologies de l’information est également un domaine de coopération entre les deux pays. Et vu que ce domaine est capital dans tous les secteurs, l’Inde avec son expérience peut contribuer à aider la Côte d’Ivoire. Le dernier domaine est celui de la défense. L’Inde a fait des progrès dans le domaine de la défense, dans la fabrication de matériels de défense. L’Inde a connu le terrorisme transfrontalier et a pu faire face à ce phénomène et l’a vaincu. Aujourd’hui, la zone nord de la Côte d’Ivoire est confrontée au terrorisme. Donc l’Inde dans sa coopération avec la Côte d’Ivoire peut aider à faire face à ce phénomène et bénéficier à tout ce qui est technologie de défense.

LDA : L’Inde investit beaucoup en Côte d’Ivoire. Peut-on savoir son volume d’investissement pour l’année 2021 ?

ST : Je n’ai pas les chiffres exacts en ce qui concerne les investissements réalisés en 2021. Ce que je peux dire est que l’année 2021 a été une année difficile à cause de la pandémie à coronavirus. Tout de même, pendant cette année, il faut noter que la plus grande unité de transformation de noix de cajou au monde a été construite à Toumodi. Cela montre que malgré toutes ces situations, l’Inde investit à travers toute sa communauté. C’est environ 50 à 60 millions de dollars qui ont été investis pour la mise sur pied de cette unité de transformation de noix de cajou, et environ 20 à 30 millions de dollars pour la faire tourner. Elle a une capacité de transformation de 50 milles tonnes de noix de cajou. Cette capacité peut être accrue. La Côte d’Ivoire est en train de faire des efforts afin d’accroitre sa capacité de transformation de la noix de cajou. Dans cet élan, l’Inde à travers ses investisseurs joue un grand rôle. Il faut noter aussi que le Président Alassane Ouattara ainsi que le Premier Ministre sont en train de faire un travail énorme en ce qui concerne la politique d’investissement en Côte d’Ivoire. Avec l’assainissement de l’environnement des affaires, cela constitue une véritable attraction.

Alors, peut-on soutenir que la Côte d’Ivoire est propice aux investissements ?

ST : Pour les investissements en Côte d’Ivoire, le pays a un grand potentiel dans divers domaines. Justement, cette politique d’assainissement de l’environnement des affaires contribue à attirer des investisseurs dans le pays. Les échanges bilatéraux entre l’Inde et la Côte d’Ivoire ont dépassé le milliard de dollars. Tout cela se traduit par les investissements qui contribuent à construire et à développer l’économie de la Côte d’Ivoire. Et à créer des emplois pour la population ivoirienne. En ce qui concerne l’agriculture pour commencer, 50% des populations ivoiriennes et indiennes dépendent de l’agriculture. C’est donc un domaine dans lequel les deux pays doivent renforcer leur coopération. L’Inde a une expérience qu’elle pourra partager. L’autre domaine, celui de la santé. En ce qui concerne la santé, le Président de la République Alassane Ouattara a eu la vision de faire quelque chose de grand Côte d’Ivoire. D’où la nouvelle appellation : Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle. Cet aspect dénote de la grande vision que le Président et le Premier Ministre ont de fournir à la population ivoirienne des soins de santé de qualité.

LDA : Qu’en est-il des prévisions en termes d’investissements en 2022 ?

 

ST: Pour l’année 2022, je ne veux pas me prononcer. Mais vu l’élan, je suis convaincu qu’il aura davantage de bonnes choses à venir. À cause des bonnes relations entre l’Inde et la Côte d’Ivoire, les investissements privés indiens en Côte d’Ivoire ont dépassés le milliard de Dollars. Et en ce qui concerne la coopération entre gouvernement, on parle d’un montant de plus de 500 millions de Dollars. À côté de cela, il y a la communauté indienne qui est installé en Côte d’Ivoire et qui joue un rôle très important. Elle est forte 2 500 membres et sert de pont sur le plan culturel et économique entre les deux pays.

LDA : L’Inde entend renforcer sa coopération avec la Côte d’Ivoire, dans un partenariat gagnant-gagnant dans différents domaines. Peut-on savoir lesquels ?

ST : Actuellement, la Côte d’Ivoire a beaucoup de succès en ce qui concerne les cultures de rentes. Je prends par exemple le Cacao, le Café, le Caoutchouc, la Noix de Cajou. Ce sont des domaines où la Côte d’Ivoire est en tête sur le plan mondial. Toutefois, elle importe du riz. L’Inde est un grand producteur de riz. Un autre domaine, c’est celui de la santé. La Côte d’Ivoire importe 94 % des médicaments qui sont consommés sur le territoire ivoirien. L’Inde étant connue comme la pharmacie du monde, exporte beaucoup de médicaments. Ces médicaments sont de bonnes qualités et disponibles à des coûts réduits. Malgré les coûts, lorsque ces médicaments doivent transiter par la France, ils sont toujours moins couteux que les autres. Il y a aussi le domaine de l’automobile. Il y a donc beaucoup d’aspects que je peux développer mais tout cela, c’est pour dire que la Côte d’Ivoire ne trouvera pas de meilleur partenaire que l’Inde pour justement amorcer un véritable développement de son économie, ensemble. Ce n’est pas pour dire que la Côte d’Ivoire est en retard sur le plan agricole et autre. Mais, il s’agit de développer ensemble des complémentarités pour pouvoir continuer le développement qui est déjà en cours.

LDA : Nous sommes au terme de cet entretien. Excellence, voulez-vous ajouter quelque chose de personnel ?

ST : Pour terminer, en tant qu’Ambassadeur, j’ai beaucoup apprécié mon séjour en Côte d’Ivoire. Ma famille et moi sommes très reconnaissants au peuple ivoirien avec qui nous avons vécus. Une autre chose que je peux ajouter, c’est que quand j’ai commencé mon mandat, deux années ont été perturbées à cause de la crise de la Covid-19. Je voulais même apprendre le français (sourire). Mais juste au moment où j’allais commencer, la crise de Covid-19 s’est déclenchée. Cela m’a vraiment freiné dans mon élan. Mais je peux dire que j’apprécie beaucoup la Côte d’Ivoire et le peuple ivoirien. Pour finir, je voudrais dire que la Côte d’Ivoire à un grand potentiel et avec l’Inde, ils sont dans des domaines de complémentarités énormes.

Entretien réalisé par Mohamed Compaoré

Auteur:
LDA Journaliste

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