Avec la reprise de la rébellion du M23 au Nord-Kivu en 2022, il s’est développé un recours systématique à la désinformation, aux discours de haine et autres pratiques sur les réseaux sociaux, qui menacent la cohésion sociale et la sécurité des populations.
C’est pour y répondre que la MONUSCO, à travers sa division des Affaires politiques, a appuyé la tenue, le 15 août 2024, d’un forum de discussions avec une centaine d’acteurs des médias, dont vingt-trois femmes. Ce sont des journalistes de radio, de la presse écrite, des administrateurs de groupes WhatsApp et des influenceurs des réseaux sociaux actifs dans la région.
A en croire Julien Olihidé Kingnidé, officier des Affaires politiques à la MONUSCO / Goma, l’objectif de cette activité, initiée par le Collectif des éditeurs de presse, était de réfléchir aux menaces que font peser la désinformation et les discours de haine sur les processus politiques de paix, afin de les combattre efficacement. « Il est plus crucial que jamais que l’ensemble des acteurs socio-politiques et en particulier les journalistes développent une communication politique responsable visant à favoriser la pacification de la province du Nord-Kivu longtemps meurtrie par les violences », a-t-il souhaité.
Mieux comprendre pour éviter de propager la désinformation
Au cours de la session, les facilitateurs ont éclairé les participants sur les progrès et défis des processus de paix de Luanda et de Nairobi, pour le retour de la paix et de la stabilité dans la partie orientale de la RDC et la région des Grands Lacs, ainsi que du Programme gouvernemental de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S). « Nous étions sous-informés des efforts politiques qui sont en train d’être entrepris par les autorités pour régler le problème du M23. Après les explications, nous voyons que la paix reste possible », s’est réjoui l’un des participants, actif sur X (anciennement Twitter).
Partant du fait que la désinformation est un ensemble de pratiques et techniques de communication visant à influencer l'opinion publique, en diffusant volontairement des informations fausses, faussées ou biaisées, l’expert Tuver Wundi a rappelé que les médias ne devraient jamais constituer un vecteur de propagation ou une source de mésinformation et de désinformation et, encore moins, de discours de haine. Il a expliqué que les médias sociaux peuvent, parfois, avoir une influence négative sur les conflits armés au Nord-Kivu. Ce qui impacte l’entente entre les communautés. « Puisque les médias sont des acteurs incontournables des processus de paix, il est opportun maintenant que nous, acteurs des médias, utilisions notre force de quatrième pouvoir pour influencer positivement les belligérants à œuvrer pour la paix », a déclaré, pour sa part, Thierry Kayandi, correspondant à Goma de plusieurs chaînes internationales de télévision.
Éveiller les consciences pour des comportements citoyens
Plus de 500 comptes fantômes ont été créés sur X et Facebook, qui distillent de fausses informations sur la guerre entre le M23 et les FARDC, pour : soit démoraliser les soldats sur le champ d’opérations, susciter de la haine ethnique et fragiliser la cohabitation pacifique, soit révolter la population contre les partenaires du gouvernement y compris la MONUSCO. De fausses informations souvent relayées par d’autres médias ou influenceurs sociaux et largement partagées dans des groupes WhatsApp, soit par ignorance ou par déficit de professionnalisme. D’où cet éveil de conscience : « J’ai personnellement beaucoup appris à cette session. Je sais dorénavant qu’il n’est pas bien de partager une information, sans être certain qu’elle est vraie, qu’il faut toujours se rassurer de la crédibilité de la source », indique une participante très suivie sur TikTok qui promet d’utiliser son compte pour sensibiliser le public au retour de la paix.
Même réaction de la part de Fidèle Kitsa, journaliste écrivain : « Nous nous engageons désormais à produire des contenus qui éduquent à la paix et à la non-violence et nous rangeons, en ordre de bataille, pour traquer toute fausse information qui vise à saper les efforts de paix, dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs ». Engagement partagé par l’influenceur Christian qui se réjouit « d’avoir désormais la capacité de faire face à la propagande, à la désinformation et aux fausses nouvelles, en ligne ou non ».
La MONUSCO, qui prend très au sérieux les fléaux de la désinformation et des discours de haine, continue de soutenir les autorités congolaises, pour mieux les combattre.
mc
Auteur: LDA Journaliste