Cela fait penser à de la science-fiction, mais le projet est déjà bien avancé. La Chine pourrait bientôt être le premier pays au monde à disposer de « taxis volants », permettant de contourner les bouchons silencieusement par les airs. Des taxis volants prêts à décoller, grâce au soutien très terre à terre des autorités à ce qu’on appelle « l’économie de basse altitude ». De quoi s’agit-il exactement ?
L’objectif est d’exploiter un espace aérien, jusqu’à 1 000 mètres – certains parlent même de 3 000 mètres – au-dessus du sol. Une deuxième dimension de l’économie en quelque sorte, qui a été désignée par le gouvernement chinois comme « industrie stratégiques émergente ».
Et les choses semblent s’accélérer puisqu’il y a une semaine, le 15 mai dernier, Pékin s’est fixé comme objectif de dépasser dans les trois ans, le nombre de 5 000 entreprises liées à cette économie de basse altitude, qui devraient générer 100 milliards de yuans près de 13 milliards d’euros de revenus. Le même jour, la municipalité de Nankin a parlé d’une industrie qui devrait dépasser les plus de 50 milliards de yuans en 2026, avec l’ouverture de plus de 120 routes aériennes à basse altitude.
Et puis, nouvelle annonce mercredi 22 mai, cette fois de l’Association des aéroports civils de Chine qui a publié une nouvelle norme concernant les « exigences techniques pour les sites d’atterrissage des aéronefs électriques à décollages et atterrissages verticaux », dans le jargon aéronautique, on parle des eVTOL, et ce qu’on appelle aussi les « VertiPorts ».
Transport de larve de crevettes
« L’océan bleu de la basse altitude » comme l’appel les Chinois, permet de nombreux développements. C’est encore une fois quelque chose qui existe déjà, le secteur représentait 500 milliards de yuans près de 64 milliards d’euros pour l’économie chinoise l’année dernière et ce chiffre devrait être multiplié par quatre d’ici à 2030. On pense évidemment à la logistique. La livraison par les airs de son café à la fenêtre de son bureau par exemple. Ça fonctionne déjà dans des villes comme Shenzhen. Dans la mégalopole, vitrine du capitalisme rouge dans le sud-est de la Chine, on peut se faire livrer ses repas par drones. Et puis des transports aussi pour l’industrie. L’un des patrons d’une compagnie du secteur confie ainsi au journal Pangpai que fin avril cette année, sa société a utilisé des drones pour transporter des larves de crevettes d’élevage entre Wenchang sur l’île province chinoise de Hainan et Zuhai en face de Macao. Plus de 500 kilomètres en moins de deux heures, avec un taux de survie des bébés crevettes de 100 % parait-il, alors que par voie maritime c’est moins de 70 %.
On parle aussi d’une utilisation de cet espace aérien pour les services de secours, les sports aéronautiques, le plan de Nankin évoque aussi la production agricole et forestière, la gestion du trafic, la gestion urbaine et évidemment le transport passager.
Taxis volants
Qu'en est-il des « taxis volants » ? C’est plus compliqué que pour les livraisons de produits, car les certifications sont plus longues à obtenir. Même si encore une fois, ça va plus vite ici vu que les autorités poussent derrière. On a donc eu en avril dernier la certification du premier aéronef à décollage et atterrissage verticaux. La compagnie de taxis volants eHang qui propose l’EH216-S sans pilote permettant d’accueillir deux passagers à une vitesse de croisière de 100 km/heure pour une autonomie de 35 kilomètres, a déjà effectué de nombreux vols d’essai.
L’administration civile de l’aviation en Chine lui a également accordé son feu vert pour la production en série de son modèle. On a surtout aujourd’hui une vingtaine de villes chinoises lancées dans la course aux « vertiports », notamment à Suzhou, Canton, Wuhan, Chongqing, Guizhou et d’autres mégalopoles chinoises qui investissent dans l’économie de basse altitude. L’idée avec ces gros drones hélicoptères taxi silencieux est de fournir des tarifs similaires à ceux des voitures avec chauffeur au sol.
En dehors d’eHang, plusieurs compagnies chinoises sont sur le coup, même si pour l’instant les certifications sont encore restrictives et limitent leur utilisation. Ces aéronefs transporteurs de passagers sans pilotes ne peuvent voler qu’à la vue du personnel au sol, ils n’ont pas droit de survoler pour l’instant les zones urbaines densément peuplées, interdiction aussi de décoller par mauvais temps ou de nuit.
Avance en matière de drones civils
Cela peut prendre encore quelque temps avant que ces taxis volants ne soient vraiment accessibles au grand public, mais c’est plus qu’un projet, car comme pour les panneaux solaires, les voitures électriques, la Chine mène dans ce domaine une politique commerciale et industrielle agressive.
Le ministère des Finances a lancé un plan d’emprunts via 1 000 milliards de yuans de bons du trésor au quatrième trimestre de l’année dernière pour soutenir notamment ce secteur. L’industrie chinoise se base pour cela notamment sur les technologies de l’IA, mais aussi et surtout sur son avance en matière de drones civils.
Le coût des drones en Chine est tombé à un tiers, voire la moitié de ce qu’il représentait il y a dix ans, ce qui devrait aussi entrainer une diminution des coûts pour la fabrication de taxis volants.
Source: RFI
Auteur: LDA Journaliste