Biographie: Elu président de la BAD, Qui est Akinwumi Adesina?

Akinwumi Adesina est le nouveau et huitième président de la BAD. Il prendra fonction le 1er septembre 2015. Elu à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), le ministre nigérian de l`Agriculture, Akinwumi Adesina, va pouvoir faire profiter cette institution de sa riche expérience, ainsi que du soutien de son pays, première économie du continent.

Un homme qui "a fait ses preuves tout au long de sa carrière": c`est ainsi que le président élu du Nigeria, Muhammadu Buhari, qui prendra ses fonctions vendredi, a pu parler de M. Adesina. Anglophone, Akinwumi Adesina, 55 ans, parle parfaitement français. Son élection à la présidence de la BAD, après le Rwandais Donald Kaberuka, intervient après des mois de lobbying intensif sur tout le continent.

"C`est vraiment le candidat de toute une nation, qui fait consensus au Nigeria. Il a eu de bons résultats comme ministre de l`Agriculture. Quand il a pris ses fonctions, le secteur agricole avait vraiment mauvaise mine", poursuit cette source, avant d`ajouter: "il a une grande vision pour l`Afrique et c`est un véritable panafricaniste."

D`origine modeste, M. Adesina est né dans l`Etat d`Ogun, dans le sud-ouest du Nigeria, dans une famille de fermiers dont le père gagnait 0,10 dollar américain par jour.

Selon des proches, il a dû progressivement gravir les échelons. Il a d`abord décroché une licence avec mention en économie agricole à l`université d`Ife (sud-ouest), avant un doctorat à Purdue aux Etats-Unis en 1988.

Avant de devenir ministre en 2011, il a travaillé à l`Alliance pour une Révolution verte en Afrique (Agra), qui est soutenue par nombre de pays étrangers, d`entreprises et d`agences de développement.

- `Milliardaires de l`agriculture` -

Il a également occupé des positions élevées dans plusieurs organismes liés à l`agriculture et a collaboré avec la fondation américaine Rockefeller.

Premier producteur de brut africain, le Nigeria a longtemps été appelé à réduire sa dépendance pétrolière en diversifiant son économie, notamment dans le secteur agricole.

Des chiffres officiels montrent que les importations alimentaires ont chuté d`un trillion de nairas (4,6 milliards d`euros) à 466 milliards de naira (2,1 milliards d`euros) lors des trois dernières années sous la gestion de M. Adesina.

Ses thuriféraires affirment aussi que la transparence s`est améliorée dans la gestion et la distribution des engrais, longtemps synonymes de corruption et d`inefficacité.

L`an dernier, M. Adesina a déclaré que son objectif était "d`éliminer tout le bordel au cœur du système" afin de forger des politiques qui permettraient aux investisseurs privés de gagner de l`argent dans le secteur agricole tout comme ils le font dans le secteur énergétique.

En 2009, il a été désigné pour faire partie du groupe d`action des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), fixés par les Nations unies.

Le secrétaire général de l`ONU, Ban Ki-Moon, l`a décrit comme une "personnalité éminente" qui a montré ses qualités de leader en défendant la mise en oeuvre des OMD.

En 2013, M. Adesina a été élu "personnalité africaine de l`année" par le magazine Forbes pour ses réformes agricoles. "C`est un homme en mission pour aider l`Afrique à se nourrir elle-même", écrivait alors le journal économique américain.

"Mon but est de faire autant de millionnaires, voire de milliardaires, de l`agriculture que possible", avait déclaré l`intéressé en recevant son trophée.

Sa vision

Ma vision est d’aider à bâtir une nouvelle Afrique caractérisée par une croissance durable et partagée dans la prospérité, qui est unie, en paix et en sécurité, intégrée sur le plan régional et compétitive sur le plan mondial; un continent d’espoir, d’opportunités et de liberté, où la prospérité est partagée par tous. Une Afrique ouverte au monde, dont les Africains sont fiers. Pour assurer l’émergence de cette nouvelle Afrique, nous devons reconnaître et apprécier les acquis remarquables que nous avons réalisés dans le passé, engager une réflexion critique sur les nouveaux défis à relever à l’avenir et réorienter notre démarche stratégique.

La BAD, la principale institution de financement du développement en Afrique, a un rôle majeur à jouer dans cette aventure de transformation. Si je suis élu Président de la Banque africaine de développement, je m’attèlerai, pendant ma présidence, à : • Construire et consolider les acquis remarquables déjà réalisés par les précédents Présidents de la Banque et travailler en étroite collaboration avec les actionnaires de la Banque pour appliquer son plan stratégique afin de mettre la Banque sur la voie de meilleurs rendements, de l`efficacité et de l`efficience propres à lui permettre d`imprimer la transformation en Afrique ; • Servir de catalyseur pour mobiliser des ressources à l’échelle mondiale pour la Banque et le continent grâce à des partenariats stratégiques; • Mettre à profit les guichets de prêts à des conditions de marché et concessionnelles du Groupe de la Banque pour garantir que des ressources financières suffisantes soient mises à la disposition de tous les pays membres régionaux par la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds africain de développement (FAD); • Doter la Banque d`un personnel multilingue de premier choix ayant les compétences requises pour l`avènement d`une nouvelle Afrique. Les ressources humaines de classe mondiale, respectant la diversité et la parité hommes-femmes, comprendront des cadres respectés sur le plan mondial, et des mesures d`incitation fondées sur le rendement seront adoptées pour retenir et attirer des compétences de première qualité ; • Susciter des systèmes solides de déontologie, de transparence, de bonne gouvernance et de responsabilisation au sein de la Banque afin qu`elle soit connue comme « la Banque africaine pour l`intégrité » ; • Assurer que la Banque adopte une « approche centrée sur l`être humain » et qu`elle puisse satisfaire les besoins et les aspirations de millions d`Africains – une véritable Banque de développement pour l`Afrique ; • Transformer la Banque en une « institution par excellence » pour les questions de développement en Afrique, en forgeant des partenariats renouvelés et solides avec ses États membres, l`Union africaine, la Commission économique pour l`Afrique et les communautés économiques régionales ; • Rallumer chez le personnel de la Banque la passion de travailler avec diligence et le don de soi pour accomplir la mission que celle-ci s`est fixée de promouvoir le développement économique durable et le progrès social dans ses pays membres régionaux.

Pour réaliser cette vision d’ensemble, j’axerai mes efforts sur l’exécution dans cinq domaines prioritaires stratégiques corrélatifs essentiels, qui sont tous liés à la stratégie décennale de la Banque et qui favorisent la mise en oeuvre du Programme Afrique 2063 de l’Union africaine, à savoir : 1. Infrastructure « intelligente» pour la croissance de la productivité et la compétitivité : exécuter des projets d’infrastructure ciblés en tenant compte de tout l’écosystème de développement pour assurer l’efficacité opérationnelle, des économies d’échelle et un impact socioéconomique et environnemental tout en assurant une croissance verte.

2. Assurer la croissance du secteur privé aux fins de l’industrialisation et de la création de richesses : veiller à la croissance du secteur privé de façon à assurer une croissance économique durable en Afrique, l’objectif étant de parvenir à une transformation structurelle de l’économie favorisée par le gouvernement et conduite par le secteur privé en Afrique.

3. Des emplois pour les jeunes et les femmes d’Afrique : transformer les « acquis démographiques » en « acquis économiques » pour les pays membres régionaux en mettant en oeuvre des programmes et des investissements novateurs propres à accroître le capital humain du continent, en mettant l’accent sur les jeunes et les femmes.

4. Relancer les économies rurales en Afrique pour assurer une croissance partagée : transformer et redynamiser les espaces économiques en milieu rural grâce à des investissements ciblés visant à exploiter les riches ressources agricoles de l’Afrique et les chaînes de valeur et à produire des richesses.

5. Intégration régionale pour une prospérité partagée : assurer une croissance et un développement plus équitables pour tous les pays membres régionaux grâce à des infrastructures transnationales, à l’expansion des marchés régionaux, à la bonne gouvernance, à la paix et à la sécurité.

Auteur:
Armand Tanoh

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