Afrique : Quand les ministres appellent les présidents à s'approprier davantage les objectifs d'intégration

Les ministres africains des Finances, réunis de lundi à mardi à Addis Abeba (Ethiopie) à l'occasion d’une Conférence, ont appelé les leaders africains à s'approprier davantage les objectifs d'intégration continentale, rapporte un communiqué de presse distribué par African Media Agency (AMA) pour la Commission Economique pour l'Afrique (CEA).

La cérémonie d’ouverture de la Conférence des ministres s’est déroulée au Centre de conférences des Nations Unies à Addis Abeba, en présence du Premier ministre Ethiopien, Haliemariam Dessalegn, du Président du Rwanda Paul Kagame, de Carlos Lopes, Secrétaire exécutif à la CEA, de Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission Africaine et El Moctar Djay, ministre mauritanien des Finances. 

A cette occasion, les ministres des Finances ont présenté un appel fort aux décideurs pour qu'ils encouragent davantage l'industrialisation. Pour y parvenir, ils ont appelé à renforcer l'intégration, réduire la dépendance vis-à-vis des acteurs externes, et à s'approprier davantage le projet africain commun, conformément aux objectifs de l'Agenda 2063 et au plan d'action de l'Union Africaine.

Ils ont également souligné la nécessité de parvenir à une position africaine commune en vue de la troisième Conférence sur le Financement du Développement, de COP21 et des Objectifs de Développement social post 2015. 

Une Afrique unie requiert une collaboration urgente pour la mise en place de l'intégration régionale et la volonté politique de concrétiser cette dernière, a annoncé dans son discours d'ouverture le Président Kagame, soulignant l'importance de compter sur soi et la nécessité de mieux utiliser les ressources domestiques.

Réitérant ce sentiment, M. Dessalegn a déclaré que le financement de l'Agenda de développement pour la transformation nécessitera des ressources importantes. « Pour y parvenir, il est impératif que les ressources disponibles soient utilisées de manière plus efficace et stratégique, de manière à ce qu'elles servent de catalyseur pour un financement supplémentaire provenant des secteurs officiels et privés », a-t-il recommandé. 

Quant à Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la CEA, il a souligné la nécessité d'établir un lien entre l'industrialisation et le commerce pour satisfaire les besoins de l'Agenda 2063.

"Durant les 15 dernières années, nous avons assisté à des niveaux de croissance relativement élevés, tirés par un super cycle des matières premières et une forte demande interne émanant d'une classe moyenne en expansion. L'Afrique dépend encore des produits primaires pour le gros de ses recettes d'exportation", a-t-il dit.

Pour lui, il existe aujourd'hui un large consensus selon lequel, en l'absence d'économies diversifiées, l'Afrique restera exposée à des chocs exogènes et prisonnière du paradoxe de taux de croissance élevés coexistant avec des taux importants de chômage et de pauvreté extrême. 

"Les facteurs clés qui limitent le commerce et l'industrialisation en Afrique sont liés à l'étroitesse de la base de production et d'export de l'Afrique, qui est dominée par des produits à valeur ajoutée réduite telles que les matières premières ou les produits de base. Cela est amplifié par le coût très élevé des échanges, des tarifs douaniers et des barrières non tarifaires importants qui limitent le commerce intra Africain et l'accès de l'Afrique aux marchés internationaux", a poursuivi Carlos Lopes.

"Nous n'avons pas d'autre choix que d'augmenter notre part des exports mondiaux. Alors que dans les années 1970 l'Afrique représentait 4,99% du commerce mondial et l'Asie de l'Est 2,25%, en 2010, nous étions tombés à 3,33% tandis que l'Asie de l'Est avait bondit à 17,8%", a-t-il rappelé.

Pour sa part, le Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission de l'Union Africaine, a appelé à une révolution des savoir-faire pour faire concrétiser l'Agenda 2063. "Beaucoup de gens disent que l'Agenda 2063 est trop ambitieux… Ce sont nos peuples qui concrétiseront l'Agenda 2063, nous devons donc investir en nos peuples", a-t-elle lancé.

La session s'est terminée sur un appel du Président Kagame, qui a appelé les participants à réaliser l'urgence de la situation. "Nous avons décidé où nous voulons être dans 50 ans. Il semble que nous avons tout ce qu'il faut pour réaliser les objectifs de l'Agenda 2063 à part le sentiment de l'urgence de la situation », a-t-il conclu.
Source : AIP

Auteur:
Armand Tanoh

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