MAEP : la voie idéale pour la Côte d’Ivoire d’être éligible au Millénium Challenge Corporation

La Fondation Friedrich Naumann et l’OIDH(Observatoire ivoirien des droits de l’homme) ont co-organisé une conférence-débat sur le thème : « Les enjeux du mécanisme africain d’évaluation par les pairs(MAEP) pour la Côte d’Ivoire » au siège de la Fondation à Cocody-Danga. Cette conférence s’inscrit dans le cadre des tribunes d’échanges dénommée « Les jeudis libéraux » de la Fondation qui a lieu tous les deux mois.

Depuis le 29 janvier 2015, la Côte d’Ivoire est le 35ème Etat africain membre du MAEP(Mécanisme africain d’évaluation par les pairs.) par la ratification de l’acte d’adhésion lors d’une 22è réunion à Addis Ababa(Ethiopie). Une adhésion qui aura coûté 100 mille dollars soit 50 millions de francs CFA, selon M. Wautabouna Ouattara, directeur général de l’intégration africaine, représentant le ministre  Ally Coulibaly du ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’Extérieur, à cette occasion. M. Wautabouna  a précisé qu’il ne s’agit pas d’une évaluation qui sera suivie de sanctions contre le pays, mais plutôt lui permettre d’avoir une visibilité sur le plan international en termes de promotion des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, et de la démocratie. Le plus intéressant, selon le représentant du Ministre de l’Intégration ivoirienne, c’est qu’avec le MEAP , la Côte d’Ivoire augmente ses chances d’être éligible dans le processus du Millénium Challenge Corporation (MCC), un programme pouvant permettre au pays de bénéficier de ressources pour améliorer le niveau de vie et le bien-être des Ivoiriens.

A quoi consiste le MAEP ?

C’était l’exercice auquel était soumis le conférencier, M. Eric-Aimé Semien, Juriste-Enseignant et président de l’OIDH(Observatoire ivoirien des droits de l’homme). Il a donc  apporté des éléments de réponses. Selon lui, le MAEP est un mécanisme d’auto-évaluation sur une base volontaire de l'Union Africaine qui se fait de façon cyclique et rotative pour jauger l’état de gouvernance et des progrès démocratiques dans le pays qui se soumet à l’examen. Son objectif, fait-il savoir, est d'amener les pays adhérents à promouvoir la démocratie, la paix et la bonne gouvernance. Il s’intéresse à quatre domaines précis : 1. Démocratie et Gouvernance Politique, 2- Gouvernance économique et gestion, 3- Gouvernance des entreprises, 4- Développement socio-économique. Ce mécanisme n’est pas, souligne-t-il, seulement une évaluation du pouvoir exécutif, mais inclut les pouvoirs législatif et judiciaire, le secteur privé, la société civile, les pouvoirs locaux et les médias.

Alors quels sont les enjeux pour la Côte d’Ivoire ? A ce niveau, selon la position officielle du gouvernement ivoirien, c’est d’améliorer les performances en matière de libéralisation de l’économie, Permettre une ouverture des investissements dans les ressources humaines, surtout contribuer à l’éligibilité de la Côte d’ivoire au Millénium Challenge Corporation (MCC),  Pour donc y arriver, le Juriste recommande, pour sa part, la mise en place d’un point focal et d'une Commission nationale sur le MAEP, Assurer une vulgarisation du mécanisme au sein des populations et de la société civile, S’enquérir de bonnes expériences de pratique du MAEP (Ghana, Benin, Sénégal, Kenya), Responsabiliser la société civile dans la mise en œuvre du MAEP etc . Si nous voulons atteindre « le cap espéré de l’émergence », a-t-il ajouté.  «...que tous soient mobilisés pour permettre à l’état de réussir le passage d’évaluation par les pairs », a-t-il insisté, annonçant la création d’une coalition ivoirienne pour le MAEP en juillet à la faveur d’un atelier de renforcement des capacités avec toutes les couches vives de la société civile.

Par ailleurs, les organisateurs de cette rencontre n'ont pas manqué de s'exprimer. Mme Sophie Konaté, chargée de programmes à la Fondation Frieddrich Naumann pour la Liberté, a indiqué que la Fondation est issue d’une organisation politique allemande. Sa mission, c’est d’apporter une formation aux partis politiques, faire la promotion des droits de l’homme, et s’intéresse aussi aux questions de leadership, entrepreneuriat et de la bonne gouvernance. Selon elle, « Les jeudis libéraux » est un programme de conférence-débat initié pour offrir une tribune aux acteurs politiques, la société civile, les décideurs etc pour aborder les questions relatives à la démocratie et la bonne gouvernance, à la politique, et aussi les questions des droits de l’homme.

« Nous pensons que nous ne devons plus nous contenter de faire des dénonciations et des déclarations, parce qu’une ONG des droits de l’homme c’est aussi les questions économiques et sociales, voilà pourquoi nous travaillons avec la Fondation Frieddrich Naumann pour contribuer à notre façon à la promotion de la bonne gouvernance, des droits de l'homme, et de faire savoir à nos gouvernants que l’OIDH est disposée à travailler de concert avec eux pour le bien-être des populations », a confié M. Eric Songo, vice-président de l’OIDH.

MAEP

Le mécanisme africain d’évaluation des pairs (MAEP) est basé à Durban en Afrique du Sud et à une structure rattachée à l’UA. 35 pays africains sont membres du MAEP dont par ordre d’arrivée: Algérie, Angola, Benin, Burkina Faso, Cameroun, Gabon, Ghana, Kenya, Mali, Mauritanie, Nigeria, République du Congo, Afrique du Sud, Sénégal, Togo, la Côte d’Ivoire. Dix-sept (17) des États Membres sont actuellement dans le processus d’évaluation par les pairs et/ou mettent en œuvre leurs Programmes d’action nationaux (PAN) respectifs.

Daniel Coulibaly

 

Auteur:
Armand Tanoh

LDA Newsletter

Ne ratez rien de l'actualité en continue, soyez aux premières loges des dernières news sur LADIPLOMATIQUE D'ABIDJAN