Côte d’Ivoire: des migrants clandestins fraudent sur la nationalité ivoirienne

La question de l'immigration clandestine est devenue une préoccupation pour la plupart des  pays subsahariens. Selon les chiffres officiels, 5000 migrants clandestins ont péri dans les eaux de la Méditerranée en 2016. Et déjà plus d’un millier a été repêché mort sur les côtes italiennes cette année. Nombreux parmi eux fraudent sur l’identité ivoirienne, selon le ministère ivoirien de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur.

 

Une telle réalité amène chaque pays à s'organiser afin de trouver des approches de solutions au fléau qui décime la jeunesse africaine de plus en plus intéressée par ce « voyage mortel».

En côte d’Ivoire, le mal est profond et les autorités ivoiriennes ont décidé de prendre le taureau par les cornes, en menant plusieurs actions de sensibilisation des jeunes sur les dangers de l’immigration clandestine.

Pour ceux qui ont pris la route de la clandestinité pour l’Europe, encore vivants après un échec, 1200 d’entre eux ont pu regagner la terre natale, après une opération de retour volontaire au bercail organisé par l’Etat de Côte d’Ivoire, selon Alassane Zié Damouténé, directeur de cabinet au ministre ivoirien de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur.

M. Damouténé a fait cette déclaration lors de la 1ère édition de "Les cafés de l'intégration" initiée par le ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur en partenariat avec le Fondation Friedrich Naumann sur le thème: "Immigration clandestine: responsabilités et impacts pour nos Etats africains", le jeudi 8 mai 2017. 

Le directeur de cabinet qui représentait le ministre Ally Coulibaly a soutenu que ces Ivoiriens viennent de l'Afrique(Libye)et aussi de l'Europe(Italie), indiquant que de plus en plus la nationalité ivoirienne est fraudée par de nombreux migrants clandestins qui sont en réalité des ressortissants d'autres pays.

"Ces derniers transitent par la Côte d'Ivoire pour obtenir une identité frauduleuse avant de poursuivre leur aventure. "Des présumés ivoiriens", a-t-il dénoncé.

Le ministère  à travers son bureau ivoirien pour la promotion de l'intégration africaine (Bipia) veut proposer aux décideurs des approches de solutions à la problématique de l'immigration clandestine. 

Un combat que la Fondation avait déjà débuté à travers des campagnes de sensibilisation dans le pays, selon Sophie Konaté sa chargée de programmes. 

Ainsi les débats qui ont tourné autour de 5 sous thèmes dont « Cadre institutionnel et politique migratoire en Afrique de l’Ouest », « Crise migratoire : les Etats africains ont-il failli ? », « Immigration Clandestine : impacts économiques et approches de solutions »…ont permis à des experts rompus aux questions de l’immigration clandestine de proposer leur stratégie de prévention ou de lutte. 

Pour David Musa Soro, directeur de BIpia, le problème de la migration clandestine est de la responsabilité de la famille, la société civile et l'Etat avec des solutions africaines. "L'Etat doit valoriser les compétences et les initiatives africaines. Et chacun doit se dire que le bonheur n’est pas ailleurs", a-t-il soutenu. 

Stéphane Aka Angui, directeur de cabinet adjoint au ministère de l’Intégration africaine, pense qu’il faut un cadre institutionnel et la mise sur pied d'une politique nationale migratoire, puisqu'officiellement la Côte d'Ivoire n'en dispose comme la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest. "Il n'existe aucun instrument justificatif au plan national pour contrer la migration clandestine, même s’il y a des lois internationales pour protéger le migrant et le refugié", a-t-il fait remarquer. 

"Il faut utiliser au mieux l'ensemble des dispositifs internationaux, continentaux, régionaux et nationaux pour tirer le maximum de profits de la migration tout en œuvrant à minimiser les effets pervers », a ajouté M. Angui. 

"La jeunesse doit se mettre au travail par ses propres initiatives", suggère de son côté le chef du département promotion du Bipia, Lassina Yéo. 

Mahoua Bakayoko, écrivaine et spécialiste de l'immigration clandestine, a partagé ses expériences vécues sur le terrain avec des migrants clandestins, tout en relevant les dangers auxquels sont exposés les candidats à la recherche de l’eldorado. Elle propose l'accentuation de la sensibilisation sur les dangers du fléau, la bonne gouvernance, la stabilité des Etats africains, et surtout le démantèlement des réseaux de passeurs en Côte d'ivoire (Daloa et Odienné), la destruction du mythe européen. etc.

 

Auteur:
Daniel Coulibaly

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