Côte d’Ivoire-Tension du prix du ciment : Le gouvernement autorise l’importation de 150 000 tonnes. Une mafia d’intermédiaires décelée dans le secteur

Le prix du ciment grimpe en catastrophe depuis quelques mois en Côte d’Ivoire. D’une ville à l’autre les prix au consommateur final varient à l’achat selon un taux d’inflation allant de 15 à 25%. A Abidjan par exemple, le prix du sac de ciment de type CPK 32.5 est passé de 4500 FCFA avant février 2017 à 5500 FCFA après ce mois, tandis qu’à Daloa, ce produit est passé de 5000 FCA à 6000 FCFA à sur la même période.

La raison principale de cette situation, selon les autorités ivoiriennes, c’est que la période allant d’octobre à mars est d’ordinaire une période de forte demande en ciment qui correspond à la période propice pour la réalisation des travaux de construction, du fait de l’absence des pluies.

Mais aussi, le ralentissement des cadences de livraison au niveau des industriels et la raréfaction des camions destinés au transport du ciment, en sont également des facteurs, au dire du ministre du Commerce, de l’Artisanat et des PME, Souleymane Diarrassouba, qui co-animait une conférence de presse avec son collègue de l’Industrie et des Mines, Jean-Claude Brou, sur cette question le lundi 24 avril 2017.  

150.000 tonnes à importer

Face à cette situation, le gouvernement ivoirien vient de prendre des mesures d’urgences. « Ainsi, pour faire face à la situation conjoncturelle actuelle et faire baisser la tension sur les prix, le Gouvernement a décidé de mener une opération d’urgence d’importation de 150.000 tonnes de ciment », a annoncé M. Diarrassouba, précisant que cette importation sera effectuée par les cimentiers en activité (SCA, CIMAF, LAFARGE HOLCIM) sur la période allant d’avril à juillet 2017.

Le chronogramme de ces importations prévoit 61.000 tonnes à la fin mai 2017 (36.000 tonnes entre le 12 et le 16 mai 2017 et 25.000 tonnes le 25 mai 2017), 64.000 tonnes fin juin, et 25.000 tonnes fin juillet.

« Des dispositions ont été prises au niveau douanier et portuaire pour faciliter l’opération d’importation », assure le ministre Diarrassouba.

Il convient aussi de rappeler que le marché  national du ciment à une capacité de production annuelle de 4,150 millions de tonnes pour des besoins de consommation estimés à 3,7 millions de tonnes. D’après le ministère du Commerce, au premier trimestre 2017, la quantité de ciment disponible sur le marché est évaluée à 918.582 tonnes contre une demande estimée à 972 082 tonnes. Il apparaît donc un déficit de 53.500 tonnes de ciment.

Toutefois, le ministre du commerce relève que les prix sortie-usine sont restés stables au niveau des différentes cimenteries, à savoir à 77.880 FCFA/tonne à SCA, 78500 FCFA/tonne chez CIMAF et 79.064 FCFA/tonne à LAFARGE HOLCIM.

Mafia des intermédiaires

« Suite à la forte demande de ciment auprès des industriels, les délais de chargement des camions sont passés de 1 à 7 jours au moins. Cette augmentation des délais entraine une spéculation sur les prix qui est la conséquence du trafic d’influence, de la création de circuit parallèle, en un mot du racket des opérateurs. Ainsi, pour charger dans un délai relativement court, il faut débourser auprès d’intermédiaires véreux la somme de 200 000 francs pour un chargement de 40 tonnes», dénonce le ministre du Commerce. Avant de poursuivre : « Il nous revient également que, sur une liste de 60 camions devant charger par jour, seuls 10 à 15 camions chargent  normalement, les autres sont obligés de payer 200 000 francs pour ne pas se voir refouler pour divers motifs et remplacer par des mieux-disant.    Ces sommes indument payées au moment des chargements, sont  répercutées sur le prix de la tonne au niveau des revendeurs entrainant une hausse du prix du ciment à la consommation », déplore-t-il.

Sanctions

Les services de surveillance du marché du ministère du Commerce vont intensifier les contrôles sur l’ensemble de la chaîne de distribution afin de rechercher, identifier et sanctionner toutes pratiques de nature à créer et entretenir la spéculation à la hausse du prix du ciment, prévient Souleymane Diarrassouba. « Ces mesures seront d’application stricte dans les semaines à venir », insite-t-il.

 Perspectives

D’importants projets de construction de cimenteries sont en cours de réalisation en Côte d’Ivoire et devraient permettre d’accroître, de manière significative, la capacité de production de ciment en Côte d’Ivoire et couvrir ainsi la demande en ciment les mois à venir.

 

A court terme, les travaux d’extension des capacités de production de deux unités industrielles devraient permettre de disposer d’une capacité additionnelle de 2.000.000 tonnes/an à fin juin 2017, portant la capacité installée à 6.150.000 tonnes/an contre 4 150 000 tonnes/an actuellement. Amoyen terme, deux autres cimenteries en cours de réalisation permettront de disposer d’une capacité supplémentaire de 1.500.000 tonnes/an. Ces projets prévus s’achever à fin 2017 devraient permettre de porter la capacité de production installée à 7.650.000 tonnes/an.

 

A long terme, cinq projets de cimenteries seront réalisés avec une capacité additionnelle de 5.380.000 tonnes/an. Ces projets prévus s’achever à fin 2019 permettront de porter la capacité de production installée à13 030 000 tonnes/an.

Auteur:
Armand Tanoh

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