L’Institut de recherche pour le développement(IRD) et le ministère des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI) ont co-organisé, en collaboration avec le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de Côte d’Ivoire, une rencontre sur la diplomatie sanitaire sous le thème: « la Santé mondiale, Recherche et Afrique francophone » le jeudi 19 janvier 2016, à Abidjan.
Cette rencontre d’échanges a réuni plusieurs spécialistes de la santé mondiale. Ils ont porté un regard sur la place de la francophonie dans la santé mondiale, le dynamisme de la recherche en santé dans les pays francophones d’Afrique sub-saharienne.
le déséquilibre existant entre le français et l’anglais
Cet événement se situe en prélude au lancement de la revue scientifique britannique médicale « Lancet » qui s’est interrogé dans un numéro spécial sur la contribution du système de santé français à l’événement d’une couverture de santé universelle et le rôle de la France dans la diplomatie sanitaire. De l’avis de Richard Horton, son rédacteur en chef, la domination de l’anglais comme langue des sciences, et en particulier dans le domaine de la santé publique, à tendance à fermer les portes de l’histoire sur les autres expériences francophones.
Au cours des échanges, ces chercheurs en santé mondiale ont pu partager leurs expériences de mise en œuvre de l’accès aux soins au sein de l’espace francophone, plus précisément en Afrique de l’Ouest, mais aussi et surtout de réfléchir aux voies et moyens de corriger le déséquilibre existant entre le français et l’anglais dans les instances de gouvernance de la « santé mondiale », et la littérature scientifique et médicale.
la mise sous traitement ARV, une priorité
A cette occasion, la ministre ivoirienne de la Santé et de l’Hygiène publique, Raymonde Goudou, a remercié la France pour son assistance dans la mise en place et au renforcement du système sanitaire en Côte d’Ivoire. En effet, selon la ministre, la coopération entre les deux pays a permis d’enregistrer une baisse de la positivité et la prévalence au vih-Sida de 3.8 en 2012 à 1.4 en 2016, chez les femmes enceintes. Et de 13.1 en 2012 à 3.4 en 2016 chez les enfants exposés.
Mais le gros challenge reste la réduction de la prévalence de la maladie de 3.7 en 2012 à 1 avant 2020. " La santé doit pouvoir être accessible et disponible pour l’ensemble des populations quelque soit leur catégorie sociale et leur lieu de résidence. Pour la Côte d’Ivoire, la couverture maladie universelle pourra être une réponse à ces préoccupations ", a-t-elle soutenu, ajoutant que la mise sous traitement ARV sans condition de toute personne déclarée positive au VIH-Sida est devenue une priorité pour presque tous les pays.
Selon la Directrice de l’OMS-Afrique de l’Ouest, Alimata Diawara, l’organisme entend relever plusieurs défis tels que la lutte contre la mortalité maternelle, infantile, etc.
«Aujourd’hui, il y a des interventions efficaces contre certaines maladies, et pour nous, il faut que tous les malades, surtout ceux du Sida aient accès gracieusement aux soins, quelque soit leur charge virale ». a-t-elle précisé, exhortant les pays de la francophonie à s’y consacrer avec l’appui des partenaires.
la coopération étroite entre les laboratoires
Pour sa part Anne-Marie Descotes, directrice de la MEAID-France, a reconnu que: "Les recherches dans le domaine de la santé en Afrique francophone ont énormément avancer grâce à la coopération étroite entre les laboratoires en France et les équipes de recherche de la francophonie. Au-delà, il y a un travail qui se fait sur l’ensemble des maladies infectieuses qui a permis aux différentes équipes d’apprendre à se connaitre et à travailler sur d’autres maladies".
Jean-Paul Moatti, directeur général de l’IRD, dira à son tour que la présence de Sénégalais, Camerounais, Français, Ivoiriens, etc, à cette rencontre est leur contribution au débat international sur le sujet pour faire avancer la science mondiale. "C’est bon pour toute l’Afrique en général, parce qu’un certain nombre de sujets sont peut-être plus supportés par nous les francophones, notamment en matière d’équité pour la santé, de couverture de maladie universelle que par d’autres cultures. Cela ne veut pas dire que nous n’ avons plus à apprendre de nos collègues d’Afrique anglophone ", a clarifié M. Moatti.
Auteur: Daniel Coulibaly
