Entre guerre des chiffres, accusations et déclarations virulentes, les acteurs politiques du Gabon, préparent leur pays à entrer dans une crise postélectorale au lendemain de la présidentielle du 27 août 2016, dont les résultats sont encore attendus.
D’un côté, le candidat sortant Ali Bongo Odimba et ses partisans se disent sûrs de leur victoire. De l’autre, Jean Ping, candidat de l’opposition, s’est déjà déclaré, dès le lendemain du scrutin, vainqueur de cette consultation. Dans le bas peuple, on prend pour l’heure son mal en patience. Et l’inquiétude, confusion, montent et se généralisent de plus en plus.
Alors que la commission électorale n’a pas encore donné les résultats, des fuites dans la presse donne le chef de l’Etat sortant vainqueur avec 49,85 % des voix, contre 48,16 % pour Jean Ping. Déjà, des voix s’élèvent du côté de l’opposition pour rejeter en bloc ces résultats non encore officiels, réclamer un nouveau décompte dans une province.
Au demeurant, la lenteur de cette commission à proclamer les résultats donne libre court à toutes sortes de supputations et de risques. Pour seulement 600 000 électeurs…
Ainsi, le tableau d’une crise postélectorale se dessine peu à peu au Gabon, quelque six ans après des troubles similaires en Côte d’Ivoire qui ont profondément endeuillé ce pays d’Afrique de l’Ouest.
En effet, la crise postélectorale ivoirienne, qui opposa le candidat sortant Laurent Gbagbo et son challenger Alassane Ouattara entre décembre 2010 et avril 2011 a fait plus de 3000 morts. Et jusqu’à ce jour, la réconciliation reste encore un défi difficile à relever malgré un redécollage appréciable de l’économie nationale.
L’exemple ivoirien va-t-il servir aux acteurs gabonais ? Bien malin qui pourra répondre à cette question. Mais, une chose est sure, nous sommes loin de la fin, car tout porte à croire que nous allons vers des résultats qui seront contestés. Dans une situation pareille, seule le plus fort finira par s’imposer sur le faible, soit par la force des armes, soit sous la pression de la foule ou du peuple. Et c’est justement ce qu'on craint.
Armand Tabnoh
Auteur: Armand Tanoh
