La réforme de la comptabilité des matières, engagée par la Direction générale du Budget et des Finances, révèle une ambition claire : imposer à l’administration ivoirienne une nouvelle discipline dans la gestion du patrimoine public. Derrière les procédures et les textes, l’enjeu central est désormais identifié : la responsabilité des gestionnaires de crédits.
Car il ne s’agit plus seulement de savoir enregistrer les biens de l’État, de contrôler leur entrée ou leur sortie, mais bien d’en assurer un usage responsable. Les recommandations adressées aux gestionnaires lors de la dernière session de formation traduisent une volonté politique : responsabiliser les acteurs qui, au quotidien, manipulent les ressources matérielles publiques.
L’accent mis sur cette responsabilité marque une évolution dans la culture administrative. Trop souvent, la gestion des biens de l’État est perçue comme un domaine secondaire, relégué derrière les arbitrages budgétaires. Or, c’est précisément dans ces « détails » que se joue la crédibilité de la gouvernance publique : véhicules, mobiliers, équipements ou infrastructures constituent autant de symboles visibles de l’efficacité – ou des dérives – de l’action publique.
En insistant sur la responsabilité, l’État tente de déplacer le débat de la règle vers la pratique. Les outils existent, mais sans une appropriation réelle, la réforme resterait une coquille vide. Pour les spécialistes, cette démarche ouvre une brèche intéressante : faire de la comptabilité des matières non plus un exercice bureaucratique, mais un levier de transparence et de confiance.
Dans une Côte d’Ivoire en quête de crédibilité budgétaire et de modernisation de son administration, la réussite de cette réforme ne se mesurera pas à la tenue des registres, mais à la rigueur avec laquelle les gestionnaires appliqueront le principe de responsabilité. C’est à ce prix que la comptabilité des matières pourra devenir un véritable instrument de gouvernance et non une formalité de plus.
Auteur: LDA Journaliste