Initialement prévue pour être prononcée lors du Sommet de la CEDEAO qui s’ouvre ce samedi 16 décembre 2017 à Abuja (Nigéria), la décision d’intégration du royaume du Maroc au sein de l’organisation régionale d’Afrique de l’Ouest, sera désormais tranchée en janvier 2018.
Le dossier de l’adhésion du Maroc a été retiré de l’ordre du jour de cette réunion. Mais pas écarté, puisqu’il s’agira pour cette fois d’analyser les résultats de l’étude d’impact à cette adhésion, commanditée par l’organisation.
« Seuls les résultats de l’étude d’impact permettront de aux chefs d’Etats de prendre la décision finale. Sinon, le principe de cette adhésion est déjà acquis. Il s’agit juste de procédure », explique à La Diplomatique d’Abidjan (LDA, www.ladiplomatiquedabidjan.net ), une source proche du dossier.
Réticence
Il ressort, selon des indiscrétions que certains Etat comme le Nigéria craignent pour une baisse de leur influence dans la région avec l’entrée du royaume chérifien. De même, des cercles d’affaires, notamment au Ghana, au Nigéria, au Sénégal ou même en Côte d’Ivoire, seraient inquiètes de devoir affronter sur le même marché, des produits marocains de meilleure qualité et à moindre coût.
« Mais il ne s’agit pas de résistance politique », clarifie notre source. « Au niveau de nos dirigeants, il n’y a aucune résistance. Il y a juste lieu de tenir compte de certaines réalités à l’intérieur des pays. Attendons donc janvier ».
Pourtant, des produits chinois, indiens, européens, américains, etc. sont partout présents sur les marchés africains, surtout ouest-africains sans que cela ne suscite autant de grincement de dents.
Algérie et Sahara marocain
Autre grief, les relations difficiles entre le Maroc et son voisin l’Algérie, sur fond de différend autour du Sahara Marocain ou Sahara occidental. Un territoire faisant partie intégrante du Maroc, mais des ressortissants, soutenus par l’Algérie, réclament leur autonomie.
Pour certains gouvernements d’Afrique de l’Ouest qui entretiennent aussi bien de bonnes relations avec l’Algérie, ce conflit aux récurrents rebondissements et aux multiples crises diplomatiques entre les « frères maghrébins » n’est pas de nature à favoriser les choses.
Car, intégrer le Maroc, serait synonyme de reconnaitre dans la totalité de son intégrité territoriale (y compris la partie litigieuse du Sahara marocain toujours revendiquée par le Front Polisario). Une position que ne partagent pas vraiment tous les pays d’Afrique de l’Ouest, même s’il faut reconnaitre que la quasi-totalité de la région, dont la Côte d’Ivoire, soutiennent la position marocaine sur le dossier sahraoui.
Pour les partisans d’une entrée du Maroc dans la CEDEAO, cette adhésion permettra à sa sous-région d’être économiquement beaucoup plus compétitive. Le royaume chérifien étant déjà présent sur les marchés ouest africains avec de nombreuses entreprises dans divers secteurs, contribuant considérablement à renforcer la croissance dans ces pays.
Armand Tanoh
Auteur: LDA Journaliste