Contibution/ « Repensons la sécurité économique de la cote d’Ivoire l’émergence 2020 est à notre portée » (Yéo Moustapha)

Le rôle de l’Etat est d’assurer la fonction de sécurité collective de la nation, des citoyens, des entreprises et de l’économie dans sa globalité (les facteus de production, distribution, consommation et échanges). La situation actuelle ou crise actuelle pour certains rappelle combien ce rôle est fondamental au regard des acteurs et des intérêts de notre pays.

La sécurité économique mise à mal par des facteurs (endogènes et exogènes) surgit comme un pilier essentiel, mais fragile de la politique nationale. Dès lors que notre capacité collective d’alertes, d’intelligence des menaces, notre mobilisation reconnaissent-elles l’urgence et l’ampleur de l’enjeu? Ne convient-il pas de repenser la sécurité économique de notre pays?

C’est bien là en effet que surgit le nouveau défi. Aux menaces classiques visant nos actifs stratégiques et nos entreprises, s’ajoutent des menaces émergentes intimement liées à la mondialisation et à l’émergence du « cybermonde ». Elles bouleversent l’écosystème de nos sociétés et celui de l’entreprise, révélant nos ignorances et exposant nos flancs aux concurrents. Mais alors, quelles sont ces menaces qui gravitent autour de nous sans que nous ne sachions les identifier, afin d’y apporter une réponse efficace et efficiente ?

Les menaces liées à la guerre de l’intelligence mondialisée d’abord. 

En effet, la puissance, l’influence économique et culturelle s’expriment aujourd’hui à travers les affrontements entre grands réseaux de dominance par l’expertise. Ces hauts lieux de créativité et de pouvoir économique et culturel contrôlent l’élaboration et la diffusion des normes technologiques, comptables, éducatives, juridiques. La faible présence dans ces réseaux, la menace de notre exclusion placeraient notre pays en état de dépendance et à terme de déclin face à l’actuelle croissance économique (la baisse du cours du cacao en 2017).

Les menaces imbriquées ensuite du terrorisme, de la criminalité et de la cyber criminalité. 

Combien d’exemples emblématiques de cette hydre et de son impact sur l’activité économique (attaque terroriste de Grand-Bassam), dilution de l’activité des mafias dans l’économie légale (commerçant le jour, braqueur la nuit), cyber braquage des comptes bancaire et des sites de réseaux sociaux ou campagnes nationales d’intoxication (le 3ème pont serait tordu, etc…) et mondiales (justice des vainqueurs de human right etc…) de désinformation.

Mais en fait, avons-nous pris l’exacte mesure de la menace sans précédent des formidables iniquités sociales dans notre pays et dans le monde qui brutalement risquent de déstabiliser notre économie notamment les flux migratoires incontrôlés sous-régionaux, conflits inter ethniques, fractures et éclatements de sociétés) ?

L’ensemble de ces menaces appellent une mobilisation générale en matière de sécurité économique, donc repensons la sécurité économique de la Cote d’ivoire.

Les déchiffrer, concevoir les organisations et les stratégies nécessaires pour y répondre relèvent de l’urgence nationale. C’est d’un grand élan prospectif dont nous avons besoin pour (re)penser la sécurité économique de notre pays comme sécurité multidimensionnelle et collective. Seule une chaine d’acteurs coordonnée emmenée par l’Etat pourra redonner à la sécurité économique une valeur réellement collective.

Pour ma part, un dispositif conséquent centré défense en profondeur exige d’adopter trois postures au moins, qui sont :

  • en premier lieu de prendre en compte la réalité multidimensionnelle de la sécurité économique 

couvrant les domaines politiques, sociaux, environnementaux, de la criminalité et du « cybermonde ».

  • ensuite de (re)penser la sécurité économique dans une perspective de coopération. 

Car les enjeux de sécurité (économique) sont tels qu’ils ne peuvent être traités que sous le sceau du partage et des solidarités, y compris de la « coopération ». d’un point de vue territorial, la coopération s’impose. Imaginons, la Chambre de commerce et d’industrie mettant en place un dispositif de sécurité économique partagé entre le monde du renseignement (police, gendarmerie …) et les entreprises ou acteurs économiques, ce serait le début d’une économie durable pour le territoire.

A l’échelle international, notamment au niveau de la sous-région, la coopération en matière de sécurité économique doit être de mise à tous les niveaux afin de disposer d’une véritable intégration sous-régionale visible, accessible et surtout acceptable par tous et pour tous.

Ainsi par des stratagèmes et des partenariats ayant pour vocation de partager des capacités d’intelligence sur des enjeux communs, tels que sécurité et tourisme, sécurité et transport, harmonisation du droit des affaires, nous atteindrons efficacement les objectifs de coopération et d’intégration tant attendu.

  • Enfin, Il s’agit d’appréhender la sécurité économique dans sa dimension sociétale. Afin de lutter contre l’affaiblissement de l’Etat et l’intensification des fractures sociales et des inégalités (corruption, incivisme, indiscipline, vol de denier public galopante etc…), il convient d’installer l’impératif de sécurité économique au cœur des stratégies de développement.

L’Etat, les entreprises, les acteurs du développement et les organisations de la société civile devront travailler d’arrache pied à l’appropriation citoyenne des questions de sécurité économique et se mobiliser dans des partenariats de type publics privés indispensables pour atteindre cet objectif de cohésion sociale, sans verser dans le folklore et l’activisme qui ne sert que ces initiateurs au détriment des peuples et de la cause.

Si l’état sait être, un état ni maximum, ni un état minimum mais juste un état qui assume ses prérogatives avec discernement, équité et efficacité alors nous aurons planté le décor d’une connivence nationale essence de la cohésion sociale nationale indispensable à un contexte de stabilisation globale.

C’est en cela, tout ivoirien soucieux du devenir économique de la Cote d’ivoire devrait dire bienvenue au Conseil National de Politique Economique (CNPE), chainon indispensable mais manquant depuis belle lurette à notre cher pays, ce vide est désormais comblé.

Gageons que le fétichisme des diplômes et des diplômés n’enterre encore une fois de plus, cette belle initiative,

Gageons que les animateurs sachent donner à celle-ci, notamment en sa strate opérationnelle, de la visibilité en se dotant d’hommes et de femmes dotés de savoir-faire, savoir-pouvoir, savoir-être en intelligence économique et stratégique, ceux-ci valoriseront leurs acquis d’expériences, mais mieux, sauront reformater le logiciel mental des ivoiriens afin d’y implémenter les notions de développement économique durable.

C’est au prix d’une intelligence élargie des enjeux et d’une stratégie collective repensée de la sécurité économique que nous pourrons faire face « à la grande transformation nationale», l’émergence à l’horizon 2020.

Yeo Diarassouba Moustapha (spécialiste en intelligence économique et stratégique)

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Auteur:
LDA Journaliste

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