Abidjan, le mardi 25 février 2025(LDA)-Sah Analytics en collaboration avec ses partenaires (Artci, Vitib, Oneci, Ansut) a organisé la première édition du Salon international de l’Intelligence artificielle, de la Défense et de l’Espace (SIADE) du 20 au 21 février 2025, au Parc des expositions d’Abidjan-Port Bouët (Route de l’Aéroport). La thématique de cet événement était : « Quelle stratégie d'intelligence artificielle pour la défense et pour l’espace en Afrique ? »
« C’est un impératif pour l’Afrique de s’occuper de l’espace et de s’y intéresser. La souveraineté de l’espace passe par le contrôle de l’espace. Qui se trouve dans l’espace contrôle la terre de nos jours. Dites-moi ce que vous faites et je vous dirai ce que le spatial vous apporte au quotidien », a déclaré Tidiane Ouattara, président du Conseil de l’agence spatiale africaine, à la cérémonie d’ouverture, le jeudi 20 février 2025. Selon le docteur en Télédétection et systèmes d’informations géographiques, l’espace n’est pas un phénomène de mode, mais une réalité. « Le spatial permet d’améliorer la productivité agricole, d’avoir une longueur d’avance dans les négociations dans les bourses et sur les marchés internationaux. Pendant 5 ans, l’Etat de Côte d’Ivoire peut se positionner en avance, s’il le souhaite, sur le marché en ayant des tarifs préférentiels au niveau du prix du café et du cacao », a-t-il ajouté.
A en croire l’expert, au niveau de l’environnement, l’espace permet de gérer de façon rationnelle les ressources naturelles, « de développer des scénarii prévisionnels, prévenir des catastrophes naturelles, gérer les événements de catastrophes et de l’après-catastrophe et de prendre des décisions citoyennes en matière de gouvernance », a-t-il soutenu :
Mieux, dira-t-il, la sûreté et la sécurité civile, les détecteurs de fumées les plus avancées, l’aspirateur en minute, l’éclairage Led, les matériaux renforcés de pneus résistants, les systèmes GPS devenus aujourd’hui incontournables pour non-seulement localiser les événements mais aussi les hommes. A cela s’ajoutent la télémédecine, la télé-épidémiologie, l’imagerie à résonnance magnétique ; les rayons X, pompe cardiaque, thermomètres auriculaires. « Toutes ces choses ont été réalisées grâce à des expériences spatiales. Ainsi que bien d’autres tels que les outils de connectivité les plus avancées et les plus rapides, les questions de fibres optiques, les satellites de télécommunication pour réduire les distances », précise-t-il.
Pour Dr Tidiane Ouattara, l’Afrique était, jusque-là, le continent le peu connecté au monde. Mais aujourd’hui, grâce aux satellites, les jeunes africains peuvent se permettre d’utiliser tout sorte d’outil interactifs et d’intermédiations. Ceci grâce à des entreprises comme Starlink, un fournisseur d’accès à internet par satellite. Citant une étude réalisée par Space in Africa, M. Ouattara explique que l’industrie de l’espace de l’Afrique avoisine les 22 milliards de dollars ; mais cela représente qu’environ 0,02% du potentiel du continent qui compte 1,3 milliards d’habitants et bientôt 2 milliards en 2050. « L’Afrique par le nombre de ses habitants constitue devenant l’unique marché aérospatial, les autres contenants sont déjà saturés ». Pour l’expert en Sciences Technologiques et Spatiales à la Commission de l’Union Africaine, l’Afrique doit pouvoir se préparer à aborder ce virage et donner un nouveau souffle à ses économies longtemps basées sur les matières premières, avec une population jeune à 60% qui constitue un terreau fertile.
Il souligne, toutefois que, des défis majeurs existent, notamment au niveau structurel et le futur du spatial en lien avec l’IA. « Les traités et les conventions sur l’espace ont été signés avant l’arrivé de l’Afrique sur la scène, la question des hacking, les dérives spacieux, les dommages causés par les débris de satellites qui tombent,, le dédommagement liés à ses effets néfastes, la question du financement qui était jusque-là l’affaire des Etats/ Mais depuis 2005, avec le ‘’New Space’’, l’espace bénéficie de la nano et la micro-technologie, de sorte que les satellites coûtent aujourd’hui moins chères que par le passé. Ce qui permet à l’Afrique d’avoir accès à l’espace, de construire des satellites mais il faut penser à son remplacement et cela suppose des partenariats publics-privés », souligne le conférencier.
L’intelligence artificielle
Quant à l’intelligence artificielle, fait savoir M. Ouattara, elle arrive pour automatiser les tâches, à faire des interactions multiples et à améliorer la précision des actions. Mais « il convient de réfléchir sur l’aspect éthique de l’IA, en lien avec nos cultures et nos valeurs africaines », a-t-il recommandé.
Défense
S’agissant de la Défense, l’une des thématiques abordées durant ce salon, Dr Tidiane Ouattara confie que la défense et la sécurité se gagnent par un contrôle de l’espace. « Le contrôle de l’espace permet d’avoir des informations en temps réel, de connaître les mouvements des uns et des autres, permettant ainsi aux stratèges militaires de développer des plans d’attaques afin d’éviter les pertes en ressources humaines et en matériels », a-t-il dit. Avant d’ajouter que pour faire face à tous ces défis, il convient d’avoir une stratégie nationale, régionale et continentale de défense, en pensant à la régulation de l’espace ».
Auteur: Eugène Yao