La quatrième édition du Forum de Paris sur la Paix, un événement annuel rassemblant tous les acteurs de la gouvernance mondiale, lancé à l’initiative du président Emmanuel Macron, s’est ouverte officiellement jeudi 11 novembre 2021 en début de soirée dans la capitale française.
Le coup d’envoi de cette édition a été donné par M. Macron et son homologue nigérian Muhammadu Buhari, la vice-présidente américaine Kamala Harris et la Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina.
Cet événement international aborde les grands défis globaux d’aujourd’hui, que ce soit la lutte contre les inégalités, le climat, la santé mondiale, ou les droits de l’Homme.
A cette occasion, kamala Harris a souligné la nécessité de reconnaître l’existence des écarts entre riches et pauvres, hommes et femmes, nord et sud, relevant que tout au long de la pandémie, ces écarts se sont élargis avec une hausse de l’extrême pauvreté et de l’extrême richesse.
Le monde fait face à une hausse “spectaculaire” des inégalités, un défi “immense” de par sa taille et son ampleur, a-t-elle affirmé, faisant observer que les dirigeants doivent prendre la pleine mesure de ce défi, alors que le monde se trouve à un moment “charnière”.
“Ne nous pouvons pas accepter la persistance de ces écarts”, a relevé la vice-présidente américaine, soulignant la nécessité de de reconnaître que ces écarts croissants sont “inacceptables et nous devons travailler ensemble pour les réduire”.
A ses yeux, il n’est pas question de charité, mais “il en va de notre devoir” d’autant plus qu’il s’agit d’un “impératif stratégique”, plaidant pour l’importance de remettre en cause le statu quo et construire quelque chose de mieux pour parvenir à la racine de ce défi en s’intéressant aux structures et systèmes de longue date qui se sont fracturés ou fissurés.
De son côté, le président du Nigéria, Muhammadu Buhari, a plaidé pour une coordination pleine et totale afin de combattre le défi du moment, à savoir la crise sanitaire, avec le même objectif, celui de fournir le vaccin à tout le monde.
Alors que certains pays reçoivent la 3ème dose de vaccin, dans d’autres pays notamment en Afrique, les populations n’ont même pas reçu une première dose, a-t-il déploré, pointant une “véritable inégalité”.
M. Buhari a plaidé pour une augmentation des doses livrées aux pays africains “si nous voulons atteindre d’ici septembre 2022 l’objectif de vacciner 70% de la population”, soulignant la nécessité de lever les restrictions à l’exportation des vaccins et une coordination plus accrue afin de permettre aux populations africaines de s’immuniser contre le Covid-19.
Pour sa part, la Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la paix, pointant du doigt les inégalités et l’injustice en tant que fléaux mondiaux.
Le Covid-19 a miné le système sanitaire et financier de par le monde et mis en exergue les écarts entre les pays riches et pauvres, a-t-elle affirmé, soulignant la nécessité de combler ces lacunes, rehausser les ambitions climatiques pour continuer à sauver des vies humaines, trouver des solutions pour les migrants bloqués sur les frontières et mettre fin aux discriminations pour offrir une éducation à toutes les filles et femmes.
Mme Sheikh Hasina a appelé à concevoir un “troisième type de diplomatie internationale” dans l’esprit d’une responsabilité partagée pour trouver des solutions équitables et pérennes à tous les conflits de par le monde, plaidant également pour la nécessité d’investir davantage pour juguler la progression des flux migratoires.
Le monde doit agir avec “sérieux” pour que les populations rohingyas puissent retourner dans leur pays, a-t-elle indiqué.
Emmanuel Macron a, à son tour, prévenu que le monde vit une crise sans précédent du multilatéralisme, tout en se félicitant du retour des Etats-Unis d’Amérique dans ce système, qui constitue à ses yeux, une “excellente nouvelle” face à des enjeux mondiaux qui perdurent.
La difficulté de la période actuelle est double, a insisté le chef de l’Etat français, qui a mis en avant la nécessité de donner au multilatéralisme plus de force et de légitimité en bâtissant de nouvelles réponses concrètes avec de nouveaux acteurs, de nouvelles méthodes et de nouvelles formes de coalition tout en se donnant “des rendez-vous réguliers pour où nous en sommes”.
Sur le plan du Covid-19, M. Macron a estimé que la clé dans la lutte contre la pandémie est d’aller jusqu’au bout dans cette bataille, tout en faisant observer que les engagements du G7 et du G20 demeurent “insuffisants”, car, à ses yeux, il faut aller plus vite et plus fort en accélérant les dons de doses, en renforçant la transparence des dons de doses et les systèmes de santé dans les pays les plus fragiles, et en réunissant à bâtir une aide renforcée à l’égard des soins primaires.
Il faut accélérer la production des moyens de lutte contre la pandémie en produisant des vaccins notamment dans les pays africains, a plaidé le président de la république, rappelant que le continent africain représente 20% des besoins de vaccins de tous genres alors qu’il en dispose d’une capacité de production de seulement 2%.
Emmanuel Macron a appelé à cet égard à lever les restrictions à l’exportation des vaccins, à améliorer la transparence et à bâtir un mécanisme solide d’alerte précoce face aux pandémies, notant que “chacun doit prendre ses responsabilités” en ce sens.
Il a aussi plaidé pour une solidarité accrue envers les pays à revenu intermédiaire et en voie de développement, rappelant que la décision de taxer les multinationales constitue une ”avancée majeure”, mais il reste de nombreux chantiers à parachever.
M. Macron a rappelé également les défis de l’éducation dans le sillage de la pandémie qui a touché des centaines de millions d’élèves de par le monde ainsi que les engagements pour le climat et la biodiversité dans le contexte notamment de la COP26.
Il est revenu également sur les fractures sécuritaires et géopolitiques qui sont en train de s’installer dans le monde et la nécessité de bâtir des coalition nouvelles pour construire la paix et résoudre les conflits.
Conçu comme une réponse à la montée des tensions du monde contemporain, le Forum de Paris sur la paix, une initiative française lancée en 2018, entend réaffirmer l’importance du multilatéralisme et de l’action collective face aux défis actuels.
Réunissant une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement, des organisations internationales ainsi que des dirigeants d’entreprise et des représentants de la société civile, cette grand-messe du multilatéralisme est destinée à “rebondir vers un monde meilleur” et à “construire le monde d’après-crise”.
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