Changement climatique : Aly Marie Sagne (LSD) attire l’attention de la BAD sur ses engagements en matière d’économie verte et transition énergétique

Aly Marie Sagne, responsable de Lumière Synergie pour le développement (LSD), une ONG engagée dans le suivi de la BAD pour s’assurer qu’elle adopte des solutions de financement durables, conformément à ses politiques et programmes, en ayant un focus sur les questions de transparence et d’accès à l’information et le respect des droits humains, s’est prononcé sur la finance verte et les engagements de la BAD en matière de changement climatique, et le cadre de collaboration avec les organisations de la société civile(OSC) africaine, lors d’un déjeuner presse organisé en partenariat avec la Coalition ivoirienne des défenseurs des droits humains(CIDDH), le lundi 18 juillet 2022 à Abidjan.


La BAD finance des centaines de projets sur le continent et constitue l’un des principaux acteurs économiques en Afrique. Certes elle est foncièrement engagée dans le développement du continent à travers l’agroalimentaire, l’énergie et les infrastructures, mais il est nécessaire de relever qu’elle appuie des projets contraires à ses engagements sociaux et environnementaux. Cette approche de la BAD affecte négativement les communautés bénéficiaires et riveraines de ces projets, notamment les atteintes aux droits humains, les dégâts causés à l’environnement. Et pourtant depuis 2009, l’institution financière a formalisé un cadre de collaboration avec les organisations de la société civile(OSC) africaine pour mieux orienter ses financements.

Selon Aly Marie Sagne de LSD, basée à Dakar, la rencontre d’Abidjan avait pour but d’attirer l’attention de la BAD, et surtout les signataires des accords sur les changements climatiques à renoncer aux énergies fossiles (plus de 90% des émissions des gaz à effet de serre des pays avancés contre moins de 4% pour l’Afrique). Surtout qu’au niveau institutionnel, la BAD s’est engagé à conduire l’Afrique vers une transition juste et verte. Malheureusement, le constat est que « sa politique est très généreuse concernant la réduction des émissions du CO2, parce qu’elle autorise tous les pays membres régionaux et ses clients à financer n’importe quel type de projet qu’il soit fossile ou charbon etc. », a-t-il dénoncé.

Pour qui, si les engagements de la BAD sur la transition verte, et sans une défense de la politique qui interdit comme le nucléaire, le charbon, limite ou réduit drastiquement les combustions des énergies fossiles, sans une politique énergétique très claire ; formule des lignes directrices, un focus sur le financement des énergies renouvelables(le solaire, l’éolien…), la BAD ne pourra pas tenir ses engagements. Et de préciser qu’une transition juste et durable pour l’Afrique exclue systématiquement l’usage de projets à base d’énergies fossiles pour répondre aux défis du changement climatique.Sgne2

«La question du changement climatique en Afrique occupe une place importante lorsqu’il s’agit des questions de production d’énergie ; d’après la BAD il y a 600 millions d’Africains qui n’ont pas accès à l’énergie. Et la BAD consacre 40 % de son portefeuille sur le financement des projets d’énergie pour l’Afrique », a relevé M. Sagne.

Pour lui, il faut fondamentalement que la BAD revoie son cadre d’engagement avec la société civile africaine. « Qu’il ait systématiquement une refonte du cadre d’engagement qui tient compte des aspects institutionnels et opérationnels. Au niveau pays, il faut du répondant de la part de la société civile pour que la BAD soit au service ou au contact des OSC pour l’accès à l’information, la collecte des informations, la visite des projets ; mais également la participation quand il s’agit de l’élaboration des documents de stratégies pays… », a insisté le responsable de LSD.

Marthe Pédan Coulibaly, la coordinatrice de la CIDDH, a salué cette collaboration avec LSD dans son combat de plaidoirie pour une économie verte et d’information sur les engagements de la BAD à lutter contre les énergies fossiles.

« Notre implication c’est de contribuer à cette action de plaidoyer avec LSD pour qu’au niveau de la BAD ; il puisse avoir une réforme, un changement du cadre de collaboration qui existe mais peu connu par une grande partie des organisations de la société civile africaine, notamment celles de la Côte d’Ivoire. », a-t-elle indiqué.

Après cette activité, sa Coalition va œuvrer à porter l’information auprès des autres OSC pour qu’elles puissent s’impliquer davantage dans toutes les actions de plaidoyer vers la transition verte et la justice climatique. Elle entend également communiquer sur les différentes directives et les mécanismes qui existent au niveau de la BAD ; et tout naturellement aider les populations impactées par les projets financés par la Banque à bénéficier des compensations financières.Sagne3

«Nous continuerons de sensibiliser et faire la formation sur la BAD et ses politiques d’engagement à l’endroit des organisations de la société civile, amener ces organisations à prendre conscience de leur rôle quant à leurs engagements concernant les politiques de la BAD pour faire changer les choses, tout en y associant les médias », a laissé entendre la coordinatrice de la CIDDH.

Auteur: Daniel Coulibaly

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