Côte d’Ivoire-Présumée cache d’armes chez un proche de Soro : ce qu’il faut savoir, une véritable poudrière qui interpelle

La mutinerie militaire qui a secoué des villes de la Côte d’Ivoire du vendredi 12 au lundi 15 mai 2017 a pris fin, one le sait, par un accord entre les soldats mécontents et le gouvernement. Les armes s’étant tues, et les activités socioéconomiques ayant repris, il apparait nécessaire de revenir sur un sujet sensible lié à ce mouvement d’humeur. Il s’agit la récupération d’armes par les mutins dans une présumée cache d’armes enfouie dans une résidence appartenant à Souleymane Kamaraté dit « Soul to sioul », directeur du protocole du président de l’Assemblée nationale (PAN) Guillaume Soro à Bouaké.

Si l’affaire semble incommodante du fait qu’il s’agit d’un proche collaborateur du PAN, il n’en demeure pas moins la vérité mérite d’être sue afin que les personnes impliquées y répondent. Car, il ne faut pas l’oublier –si tôt-, cette mutinerie a fait au moins deux morts et une vingtaine de blessés à Bouaké.

Poudrière cachée

Selon une source militaire qui a requis l’anonymat, cette cargaison d’armes  comprend une importante quantité de mitrailleuses de type AK 47, roquettes et lance-roquettes,  mutations, Sam 7, et d’autres armes d’assauts comme des A 52. « Un véritable arsenal de guerre digne d’une véritable poudrière » qui aura permis aux mutins de se renforcer et d’empêcher tout recours des forces armées à la force pour rétablir l’équilibre ».

« Si on entrait dans Bouaké avec tous ces chars pour rétablir l’ordre et que ces jeunes gens ripostait ça allait être un chaos, et donc des souffrances supplémentaires pour les populations », affirme la même source qui soutient que les armes supposées récupérées chez Soul To Soul ont joué un rôle important dans cette affaire.

Ces armes selon des mutins étaient entreposées dans une ancienne piscine sur laquelle était bâti un apatam  dans cette enceinte.

Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, consultées par La Diplomatique d’Abidjan (LDA, www.ladiplomatiquedabidjan.net ), l’on aperçoit des personnes en tenues militaires s’emparer de caisses d’armes dans une sorte de cave souterraine présentée comme la cache d’armes, avant de les ouvrir à l’aide d’instruments mécaniques. L’on constate bel et bien des armes (roquettes, munitions et AK 47) rangées dans ces caissons.

Cependant, quelle crédibilité accorder à cette scène ? Mais aussi, à ces images probablement capturées à l’aide d’un téléphone portable ou une tablette, qui n’ont pu être authentifiées par LDA (Nous n’avons pu parler à aucune de ces personnes en treillis filmées dans cette vidéo)?

« Complot »

Depuis la divulgation de ces faits sur la toile, les proches de Souleymane Kamaraté –évidemment des pro-Soro- sont montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’un énième « complot » visant « une fois de plus à discréditer le PAN Guillaume Soro». Ces derniers accusent des « mains obscures » dans l’appareil étatique, sans citer de nom, à vouloir à tout prix disqualifier leur « champion », mettant en perspective les enjeux présidentiels de 2020.

D’après leur version des faits, ces armes ont été sorties d’une poudrière de la ville puis acheminées dans la résidence de Soul To Soul. Vue le gros volume de cette cargaison, les défenseurs du directeurs du protocole du PAN estiment que ceux qui en veulent à Guillaume Soro veulent à travers cet acte corroborer deux thèses dans l’esprit de l’opinion. D’abord créer un lien entre Soro et les récents soubresauts militaires. Ensuite prouver la véracité du rapport de l’ONU publié en avril 2016, soupçonnant le président de l’Assemblée nationale, par ailleurs ex-chef de l’ancienne rébellion des Forces nouvelles, de détenir secrètement plus de 300.000 tonnes d’armes disséminées dans plusieurs cachettes dans des villes du pays comme Bouaké et Korhogo. Des armes acquises durant les années de rébellion, précisément dans la période 2010-2011,  « en violation de l’embargo » onusien sur les armes qui pesait sur la Côte d’Ivoire à ce moment.

Un éditorial signé Louis Konan publié mardi sur le site officiel de Guillaume Soro ne passe pas par quatre chemins pour défendre cette théorie du complot : « Les mutins ont pensé à l’après-mutinerie ; qu’on ne se méprenne, il y aura forcément des représailles car il y a eu mort d’homme. Et donc pour s’attirer une petite sympathie du pouvoir et pour minimiser les dégâts, il faut faire en sorte de trouver un gros bouc émissaire qui prendrait le coup à leur place. Ce bouc émissaire,  c’est bien Guillaume Soro,  On le soupçonnerait de cacher des armes depuis un certain temps. Donc l’occasion était toute trouvée à travers cette mutinerie pour faire d’une pierre deux coups, revendiquer les primes et faire descendre le digne fils de Lafopkokaha dans les abysses les plus profondes », écrit Louis Konan. Sans toutefois expliquer l’intérêt « le pouvoir » (Alassane Ouattara ?) gagne à avoir subitement «une petite sympathie » des mutins qui livrent Guillaume Soro sur un plateau d’argent.

Enquêtes

De son côté, le gouvernement confirme la découverte de cette présumée cache d’armes. Sans toutefois citer de nom, le ministre de la Défense, abordant ce sujet mardi lors d’une conférence de presse, a annoncé que "les enquêtes sont en cours pour déterminer qui en est le propriétaire". Pourvue que cette investigation aille jusqu’au bout puisqu’il s’agit là d’une affaire de sécurité nationale, avec en toile de fond des enjeux liés au risque du terrorisme qui sévit dans certains pays voisins comme le Mali.

Alors, ces armes ont-elles toutes été saisies et sécurisées ? Difficile de répondre pour l’heure à cette question. Mais la vérité sur ne doit pas rester muette pour cette affaire qui interpelle. Surtout dans une Côte d’Ivoire de plus en plus en proie à une insécurité galopante sur les routes.

AT

Auteur:
Armand Tanoh

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