La Côte d’Ivoire vient d’organiser ses premières élections législatives depuis l’avènement de la troisième République. Ce scrutin tenu le 18 décembre a été sanctionné par une large victoire du RHDP, la coalition au pouvoir, qui rafle 167 sièges sur 255. Elle est suivie des indépendants qui s’en sortent avec 75 élus, puis l’UDPCI (6 sièges), et le FPI et l’UPCI (3 sièges chacun).
Si le but de ces élections était de renouveler le parlement en fin de mandat, d’autres enjeux les entourent, dans la mesure où elles étaient censés ressortir les aspirations silencieuses des Ivoiriens quant à la configuration politico-institutionnelle du pays. Et le bon score des indépendants, surtout la défaite de certains membres du gouvernement, dénotent en quelque sorte ces aspirations.
Dissolution
En effet, les résultats des récentes législatives marquent une volonté des citoyens ivoiriens, tous bords confondus, de voir des changements non seulement au sein de leurs propres partis, mais surtout au niveau de acteurs de gestion de l’Etat. Aussi bien gouvernementaux qu’institutionnels. Après cette échéance, un changement profond au niveau de l’équipe gouvernemental, avec un renouvellement des valeurs, s’avère nécessaire pour redonner confiance.
« Les Ivoiriens n’ont pas perdu confiance en Alassane Ouattara, mais n’ont plus confiance en beaucoup de ses collaborateurs », murmure-t-on dans certains cercles diplomatiques.
A ce jour, plusieurs projets importants, encore sous l’éteignoir, attendent de nouveaux acteurs pour les ravifier et leur donner un véritable coup d’accélérateur. L’on peut citer, entre autres, l’aérocité, l’extension du Port autonome de d’Abidjan, le projet d’électrification rurale, les projets routiers structurants dont l’autoroute Abidjan-San Pedro, etc. A cela, il faut ajouter le fait que le pays est constamment en déphasage avec les méthodes de décaissement des bailleurs de fonds dans le cadre des projets cofinancés, ce qui met du plomb dans l’aile de ces projets. Sans compter des ministres qui siègent au gouvernement depuis plus d'une décennie.
Souffle nouveau
En un mot, les Ivoiriens n’attendent pas qu’un simple réglage, mais un véritable changement. Et cela passe par la démission du gouvernement Kablan Duncan. Le Premier ministre qui a tant donné, tant en énergie qu’en efficacité ces dernières années, pourrait être affecté à une autre mission au côté du chef de l’Etat Alassane Ouattara dans la gestion du pays. Pour donner un souffle nouveau et de réels espoirs dans la marche vers l’émergence.
Abdoul Razak Dembélé
Auteur: Armand Tanoh