France: Les partis traditionnels à la peine

Avec des scores médiocres lors du premier tour de la présidentielle de dimanche 10 avril 2022 dernier, les partis dits traditionnels en France, qu’incarnent le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR/droite républicaine), se trouvent au bord du gouffre, dans un contexte marqué par la montée fulgurante de l’extrême droite.

En effet, la candidate du PS, Anne Hidalgo, et celle des Républicains, Valérie Pécresse, ont signé une performance peu luisante qui tranche avec la réputation de leurs partis respectifs ayant façonné durant des décennies la vie politique française.

Loin de franchir la marche du second tour du scrutin présidentiel, les deux partis traditionnels n’ont pas été en mesure de dépasser le cap des 5% des suffrages, Anne Hidalgo, maire de Paris, obtenant 1,75 % des voix et Valérie Pécresse, présidente de la région d’île de France, réunissant 4,78% des suffrages, alors qu’elles se présentaient comme alternative à “la Macronie” et à l’extrême droite.

Des résultats historiquement bas qui, selon les observateurs, confirment la mort lente des deux formations politiques, qui ont dominé le paysage politique français pendant plus d’un demi-siècle et structuré la vie politique de la Ve République.

LR et PS ont cumulé tous les deux 7 % des voix, contre 56 % il y a dix ans, ce qui témoigne, à en croire les commentateurs, d’un déclin historique des deux formations politiques.

En effet, depuis le début de la Ve République, tous les présidents français étaient issus soit des rangs socialistes, soit de la grande famille politique du centre droit. Mais la victoire d’Emmanuel Macron en 2017 avec sa formation nouvellement créée, La République en Marche (LREM) a marqué un tournant qui a supposé une rupture avec la prédominance des deux partis traditionnels qui, jusqu’à il y a cinq ans, se partageaient le pouvoir en alternance.

Les résultats de l’élection de dimanche ont ainsi confirmé cette tendance, les deux partis ayant montré une incapacité flagrante à peser dans la campagne présidentielle et à imposer leur discours face à un électorat dont une partie a été secouée notamment par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine et ses répercussions sur son pouvoir d’achat, alors que les yeux d’une autre partie étaient rivés vers la figure montante de l’extrême droite, le polémiste Éric Zemmour.

La page de la présidentielle tournée sur un échec cuisant, les dirigeants des deux partis ont appelé à voter pour Emmanuel Macron face à sa rivale Marine Le Pen lors d’un second tour qui s’annonce très serré et qui demeure ouvert sur toutes les possibilités.

Pour refaire surface, les deux formations se projettent déjà dans les élections législatives prévues en juin afin de resserrer les rangs dispersés de la gauche et de la droite.

« Nous travaillerons au rassemblement de la gauche dispersée qui n’a pas su s’unir (…) pour retisser en profondeur les liens (…) avec les classes populaires », a déclaré Mme Hidalgo suite à l’annonce des résultats du premier tour.

«Le vote de ce soir (dimanche) est un vote de résignation, pas un vote d’adhésion. Le vrai débat aura lieu dans deux mois, aux élections législatives”, explique le député du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont. « Ce qui est plus important pour LR, c’est de sauver les députés pour payer la campagne, pas de jouer les belles âmes pour faire oublier sa défaite », ajoutait, sous couvert d’anonymat, un autre élu du Palais-Bourbon, cité par la presse.

De l’avis des observateurs, dans un paysage politique en pleine mutation depuis des années et face à un désintérêt croissant pour la vie politique, tout particulièrement auprès des jeunes, comment en témoigne le taux élevé d’abstention lors du premier tour, les deux partis devraient entrevoir l’avenir autrement et réfléchir à remédier aux causes ayant été derrière cette débâcle présidentielle.

hn

Auteur:
LDA Journaliste

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