Inquiets de l’impact du conflit russo-ukrainien sur la sécurité alimentaire, les pays des Amériques cherchent à apporter une réponse commune aux risques que représente le conflit en Europe de l’Est sur leur secteur agro-alimentaire.
Le Brésil a organisé une rencontre télématique à laquelle ont pris part 33 autres pays du continent américain, qui ont souligné “l’importance de la coordination et de l’unité régionale pour consolider la production agricole et la sécurité alimentaire” face aux fluctuations internationales guettant le secteur agricole.
Un appel a été lancé à cette occasion en faveur du “plein accès aux principaux intrants de production, afin d’éviter les pénuries alimentaires et d’atténuer les flambées des prix”, les taux d’inflation ayant frôlé des niveaux historiques notamment en Argentine et au Brésil.
La réunion virtuelle intervient dans le cadre de la crise déclenchée par le conflit russo-ukrainien, qui a porté un coup dur au commerce des matières premières alimentaires, en particulier le blé, l’énergie et les engrais, un intrant vital pour l’agriculture moderne.
Ont pris part à cette réunion la ministre de l’Agriculture du Brésil et présidente du Conseil interaméricain de l’agriculture, Tereza Cristina Correa da Costa Dias, les représentants de plusieurs pays dont les États-Unis, ainsi que le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, l’envoyée spéciale de l’ONU pour le Sommet 2021 sur les systèmes alimentaires, Agnes Kalibata et le directeur général de l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture (IICA), Manuel Otero.
“Nous sommes l’une des plus grandes régions agricoles du monde et nous devons agir ensemble pour surmonter ces défis”, a affirmé Tereza Cristina, dont le pays importe 85% de ses besoins en engrais, notamment de Russie et de Bielorussie.
Une alerte a été lancée au Brésil en raison de l’interruption des importations d’engrais depuis la Russie (23% des importations) et la Biélorussie, deuxième fournisseur. Le président a lancé un ambitieux Plan national des engrais visant à promouvoir l’exploitation des ressources nationales.
Pour la ministre brésilienne, il faut “exclure les engrais des sanctions”, notamment contre la Russie, car “les restrictions sur le commerce des engrais affecte la productivité agricole et renforce la tendance inflationniste, ce qui représente une menace pour la sécurité alimentaire” mondiale.
Pour sa part, le directeur général de l’IICA a exprimé sa préoccupation face à une situation qui “menace la paix mondiale et la sécurité alimentaire”.
“L’approvisionnement en intrants est en danger, il y a des risques guettant les circuits commerciaux et à cela s’ajoutent les effets de La Niña (phénomène climatique issu d’une anomalie thermique des eaux équatoriales de surface), qui a provoqué un stress hydrique dans certaines régions et un excès de précipitations dans d’autres”, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Manuel Otero a fait valoir que l’agriculture revêt une importance stratégique, puisque 28 % des exportations alimentaires proviennent des Amériques.
“La roue de l’agriculture ne peut pas s’arrêter. C’est un moment de dialogue pour l’action, car l’agriculture est un instrument de développement socio-économique et de paix”, a-t-il affirmé.
D’autres hauts responsables ont également souligné que le conflit entre la Russie et l’Ukraine vient s’ajouter à d’autres préoccupations telles que les effets persistants de la pandémie de Covid-19 et les pressions liées à la question environnementale.
Le FMI vient d’exprimer son inquiétude quant aux conséquences du conflit dans le monde, dans le sillage de la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, y compris agricoles.
Pour un produit comme le blé, les effets pourraient être encore plus dramatiques, prévient l’institution financière internationale qui a rappelé que l’Ukraine, le “grenier de l’Europe”, et la Russie représentent environ un tiers du commerce mondial de cette céréale.
“Les perturbations de la saison agricole du printemps (automne au Brésil) pourraient nuire aux exportations et à la croissance et compromettre la sécurité alimentaire mondiale”, a averti le FMI.
NG
Auteur: LDA Journaliste