Afghanistan: Bientôt le début des pourparlers

Les pourparlers de paix historiques entre les talibans et Kaboul, retardés depuis plus de six mois, démarreront samedi au Qatar afin d’essayer de mettre un terme à près de 19 ans de conflit entre les deux parties en Afghanistan.

Dans un communiqué, les talibans ont annoncé jeudi être “prêts à participer à la cérémonie inaugurale des négociations interafghanes devant se tenir au Qatar (…) le 12 septembre 2020”, soit samedi.

Puis d’insister sur leur intention de “faire avancer le processus de négociation” et “d’apporter une paix globale et un système islamique pur dans le cadre de (leurs) valeurs islamiques et de (leurs) intérêts nationaux supérieurs”.

La présidence afghane, sur Twitter, a ensuite annoncé le départ vendredi pour le Doha de ses 21 négociateurs. Le chef du conseil de réconciliation, l’ex-chef de l’exécutif et candidat malheureux à la dernière présidentielle Abdullah Abdullah, représentera notamment le gouvernement afghan à la cérémonie inaugurale, a-t-elle précisé.

Donald Trump a dans la foulée fait savoir que son secrétaire d’Etat Mike Pompeo quitterait dès jeudi soir Washington “pour un voyage historique à Doha”.

“Nous nous entendons très bien avec les talibans”, a assuré au passage le milliardaire républicain, qui s’efforce d’afficher un bilan de “faiseur de paix” à moins de deux mois de la présidentielle du 3 novembre aux Etats-Unis, malgré ses revers dans les plus graves crises internationales de son mandat.

Avant de partir, Mike Pompeo a appelé les belligérants à ne pas “gâcher” cette “occasion historique” de mettre fin à la guerre en Afghanistan, démarrée de fait il y a plus de quarante ans par l’invasion soviétique de décembre 1979, puis relancée par l’intervention américaine pour renverser les talibans alors au pouvoir à Kaboul et pourchasser Al-Qaïda après les attentats du 11 septembre 2001.

“J’exhorte les négociateurs à faire preuve du pragmatisme, de la retenue et de la flexibilité nécessaires pour que ce processus soit couronné de succès”, a-t-il dit dans un communiqué.

Prévus en mars, les pourparlers de paix, inédits entre les deux camps, ont été reportés régulièrement du fait de désaccords persistants autour d’un échange de prisonniers: quelque 5.000 talibans contre un millier de membres des forces afghanes.

Cette disposition, inscrite dans un accord américano-taliban signé en février au Qatar, qui entérine le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan d’ici mi-2021, a dès le départ suscité l’hostilité de Kaboul, non-signataire du texte.

Les autorités afghanes ont particulièrement renâclé à relâcher les 400 derniers insurgés, accusés ou condamnés pour des crimes graves, qu’ils ont fini par libérer la semaine dernière, à l’exception d’une poignée de détenus.

Six d’entre eux ont quitté jeudi soir le sol afghan dans un avion spécial à destination du Qatar, a-t-on appris auprès de deux sources talibanes et d’une source gouvernementale afghane.

“Il y a quelques instants, les six frères (…) sont arrivés en bonne santé au Qatar”, a tweeté Mohammad Naeem, un porte-parole taliban.

Plusieurs pays, dont l’Australie et la France, s’opposent à la libération de ces prisonniers, coupables d’avoir tué leurs ressortissants en Afghanistan.

L’un d’entre eux est un ex-soldat afghan accusé d’avoir abattu cinq soldats français et d’en avoir blessés 13 autres en 2012. Un autre, également un ancien militaire, a tué trois soldats australiens.

Les deux assassins de Bettina Goislard, employée onusienne française tuée en 2003, ont de leur côté été libérés jeudi dans la province du Wardak, proche de Kaboul, ont déclaré deux sources talibanes. Une information non confirmée par les autorités.

Le ministère français des affaires étrangères a exprimé jeudi “sa plus ferme opposition à la libération d’individus condamnés pour avoir commis des crimes contre des ressortissants français, en particulier des soldats et des travailleurs humanitaires”.

Les Etats-Unis, à la tête d’une coalition ayant chassé les talibans du pouvoir fin 2001, n’ont cessé de pousser pour que s’achève l’échange de captifs et que démarrent les négociations.

Le président Trump, qui a promis de “mettre fin aux guerres sans fin” et notamment au plus long conflit de l’histoire de son pays, veut en effet rapatrier au plus vite l’ensemble de ses troupes d’Afghanistan. Une grande partie des démocrates disent aussi vouloir quitter l’Afghanistan, tandis qu’une frange néoconservatrice du camp républicain met en garde contre les risques d’un retrait précipité.

hn

 
 
Auteur:
LDA Journaliste

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