HOMMAGE AU PREMIER MINISTRE HAMED BAKAYOKO

Les hommages à titre posthume ont ceci de particulier qu’ils sonnent comme une élégie tardive en faveur d’une personne qui n’aura pas le privilège de lire ou t’entendre les propos élogieux qui sont tenu à son endroit. De ce point de vue, ils apparaissent comme un bavardage inutile et superfétatoire qui prend l’allure d’une reconnaissance de la 25e heure dont il serait mieux de faire l’économie.

Paradoxalement, pourtant, j’avoue qu’il m’aurait paru aussi déplacé et un peu gauche de couvrir d’éloges publiques une personnalité importante et haut placée, qui plus est, une autorité dont tout le monde connaît la sollicitude et la générosité. Une telle attitude n’aurait pas tardé à faire naître, contre son auteur, des soupçons d’une volonté de profiter des largesses de la personnalité en question.

Parlant de largesse, je dois dire que, personnellement, que je n’avais pas besoin de me rependre en dithyrambes pour mériter les faveurs du Premier Ministre Hamed BAKAYOKO, puisque c’est de lui qu’il s’agit. 

Ayant avec l’illustre disparu une relation fraternelle privilégiée, je n’ai jamais eu besoin d’investir l’espace public pour mériter l’attention et la fraternité dont il me faisait l’honneur.

En effet, Hamed BAKAYOKO et moi avions un centre d’intérêt commun qui était su de tous : la région du Worodougou. Oui, au-delà du citadin qu’il était, au-delà de toutes les influences qu’il avait reçu des milieux populaires urbains, le Grand-frère était resté solidement attaché à la terre de ses ancêtres, le Worodougou et plus particulièrement, à Séguéla, terroir auquel il vouait une dévotion quasi-religieuse.

Ainsi donc, mon aîné Hamed BAKAYOKO et moi évoquions ensemble, dans de longues et interminables causeries les différentes actualités qui concernaient notre bled commun. Ces sujets allaient, comme vous pouvez l’imaginer, du général au particulier, même les plus petites anecdotes n’étaient pas épargnées par nos envolées teintées de nostalgie et de fierté familiale. Cependant, le développement et l'essor économique de Séguéla restait la pierre angulaire de nos échanges. Il nourrissait tellement de projets pour Séguéla, pour le Worodougou et l’ensemble duworoba

Nous échangions souvent et à bâton rompu, avec pour dénominateur commun nos rêves souvent débordants voire utopiques tels des étudiants idéalistes.

En cela, les contraintes de mes fonctions diplomatiques n’ont rien changé. Malgré mes différentes nominations en tant qu’Ambassadeur au Cameroun puis en Chine, nos habitudes n’avaient pas varié d’un iota. Nous continuions de nous rendre ces visites courtoises à chaque fois que j’étais de passage au pays.

Nos relations, si chaleureusement entretenue par sa simplicité, sa disponibilité et par sa bonhomie, avaient fini par quitter le champ étriqué de nos deux personnes pour entrer dans nos familles respectives. J’ai encore en mémoire la visite rendue par le Premier Ministre à ma mère malade de passage à Abidjan et qui allait se faire soigner en Chine. Il faut dire que ces petites attentions étaient de actes fréquents chez cet homme qui ne s'est jamais laissé griser par sa position sociale ou politique. C'était un humaniste au sens le plus pragmatique du terme. Il avait le mot juste, le geste approprié et l'attitude idéale pour vous faire vous sentir à l'aise dans votre peau en sa compagnie.

Je reste encore impressionné par sa force de caractère, sa mémoire photographique et sa maîtrise des dossiers aussi bien variés que sensibles.

Dans les fonctions régaliennes qu'il incarnait à la perfection, il était le prototype du bon patron. Il savait mettre au travail ses équipes en exaltant leur estime de soi. Il savait accorder le respect qui était dû même au plus modeste de ses collaborateurs.

Auprès du Président de la République, il était un pilier qui rassurait devant n'importe quel soubresaut de la vie politique. Il a épousé les idéaux d'un homme qu'il a chéri avec toutes les fibres de son cœur. Il l'a servi avec une loyauté sans borne et un dévouement exemplaire. Alassane OUATTARA était pour Hamed BAKAYOKO, la boussole et le dernier recours. Et il le lui a bien rendu en lui faisant confiance dans les plus hautes fonctions de l'État. Grâce à la chance que le Président de la République lui a donné, Hamed BAKAYOKO a été pour nous et notre génération, la lueur d'espoir d'une jeunesse aguerrie, bien formée et prête à servir la Côte d'Ivoire avec toute la noblesse que l'exige la tâche.

Merci HAMBAK,

Merci grand frère,

MERCI POUR TOUT !

 Adama DOSSO, Fils du Worodougou

Auteur:
LDA Journaliste

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