San-Pedro, ville portuaire située au Sud-ouest de la Côte d’Ivoire, à un peu plus de 300 km de la capitale économique Abidjan. Fleuron indéniable de l’économie nationale et poumon économique de toute la zone Sud-Ouest, la localité présente pourtant un visage désuet. Première remarque qui frappe les esprits ce mardi 3 mars 2015 en fin d’après-midi, une fois à San-Pedro qui a accueilli le mercredi 4 mars, le président ivoirien, Alassane Ouattara, dans le cadre d’une visite d’Etat dans les régions du Sud-ouest.
C’est dans un épais nuage de poussière que le conducteur tente habilement de se frayer un chemin. Alors que le soleil n’est pas encore à son couchant, tous les véhicules sont obligés de rouler les phares allumés. Du rond point à l’entrée du quartier Séwéké, l’un des plus « célèbres » de la ville aux quartiers Cité et Lacs, rien que la poussière.
Du bitume qui aurait existé, il ne reste plus que de la cuirasse latéritique. Les conducteurs des bolides rencontrés un peu partout dans la ville, du fait de l’arrivée attendue dans les heures qui suivront du président de la République dans cette ville dans le cadre d’une visite d’Etat dans la région, rivalisent de prouesse pour se frayer un chemin sur ces pistes devenues quasi-impraticables. Alors que plusieurs semaines en arrières le Premier ministre Daniel Kablan Duncan a lancé des travaux de voierie dans cette ville à fort renfort de publicités.
Au passage de chaque voiture, les piétons pour qui espérer ne pas souffrir de la méningite reste une prière quotidienne adressée à Dieu, ne peuvent s’empêcher de se fermer les narines et se couvrir les yeux. Espérant ainsi éviter les affres de cet autre ennemi de la santé. C’est donc sans surprise que l’on voit certains conducteurs de taxi s’offrir le lux d’emboucher un cache-nez.
Comment arrivent-ils à vivre dans cet environnement « infernal », est-on tenté de se demander ? « On va faire comment ? », répond, impuissant, Ismo, ce jeune conducteur de taxi. Tout comme bon nombre d’habitants de San-Pedro, Ismo s’explique difficilement que la ville où il a passé toute sa vie va se détériorant alors qu’elle est considérée sinon qualifiée de ville pourvoyeuse dans l’économie ivoirienne. « On ne fait rien pour la ville », se plaint-il.
Pour certains résidents, le « relooking » de San-Pedro ne saurait être l’apanage de la seule mairie, eu égard au poids que représente cette ville dans l’économie nationale. Qu’à cela ne tienne, les maisons de San Pedro, de leur coloration mauve ocrée sont à l’image de la poussière qui y règne en maitre.
Une chose reste cependant très sûre. Ce sera pour la première fois que pendant une visite d’Etat, le Président Ouattara n’inaugurera pas d’infrastructures majeures, mais se contentera assurément, et cela au mieux de procéder au lancement de chantiers importants.
C’est d’ailleurs à juste titre qu’au chapitre des doléances que soumettront les populations au président Ouattara qui séjourne dans cette région à la faveur d’une visite d’Etat, figurent en bonne place le bitumage des routes dans les quartiers da la ville, la réfection de la côtière (voie reliant San-Pedro à Abidjan), le reprofilage des pistes villageoises du département, etc.
Elbyre Koffi