Côte d’Ivoire : Un port sec de 300 milliards de FCFA dans le Nord du pays avant 2020

Les études de faisabilité sont en train d’être bouclées. Et la recherche du financement commence bientôt pour ce stratégique et ambitieux projet. 300 milliards à mobiliser. Il s’agit d’un port sec moderne que le gouvernement ivoirien envisage de réaliser à Ferkéssédougou, ville située à 589 km d’Abidjan, dans la région du Tchologo au Nord de la Côte d’Ivoire.

 

Le montage du projet du projet, mené par le Bureau d’Etudes techniques et développement (BNEDT), a subi son dernier toilettage au cours d’un atelier qui s’est tenu du jeudi 7 au vendredi 8 janvier 2016 à Abidjan, avant qu’il ne soit soumis au gouvernement pour adoption.

 

Un point important de la vison de l’émergence

 

Experts, partenaires et acteurs étatiques impliqués ont décrypté et analysé ce dossier sous tous ses aspects et leurs recommandations devront y être ajoutées dans les plus brefs délais.  

Car, a affirmé le ministre de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’étranger, Ally Coulibay, dont le département en assure la maitrise d’ouvrage, c’est un des points les plus importants de la vision "Côte d’Ivoire, pays émergeant à l’horizon 2020".

 

Fleuron du septentrion ivoirien

 

Selon le dossier de présentation de ce projet dont La Diplomatique d’Abidjan a pu se procurer une copie, il s’agira, entre autres, à travers ce projet, de développer un véritable pôle économique dans la région nord et lutter contre les disparités régionales, susciter l’implantation d’entreprises liées aux activités portuaires (transit, manutention, banques, commerce etc.) en vue de favoriser la création d’emplois pour lutter efficacement contre la pauvreté, générer des recettes fiscales et douanières pour l’Etat, assurer la sécurité et le contrôle des biens et des personnes.

Il "modifiera de fond en comble le visage de la région septentrionale de notre pays", s’est réjoui Ally Coulibaly.

Cette réalisation vise également à la Côte d’Ivoire de reconquérir les marchés des pays de l’hinterland (Burkina Faso, Mali, Niger) dont le Port autonome d’Abidjan a perdu une bonne part durant la décennie de crise militaro-politique ivoirienne (2002-2011), et à repositionner le port d’Abidjan comme premier partenaire commercial de ces pays. 

 

C’est justement pour justement pour cette raison que le choix du gouvernement s’est porté sur le Département de Ferkessédougou, carrefour commercial embranché sur le chemin de fer à une distance proche des pôles économiques de Zégoua du Mali et de Bobo-Dioulasso du Burkina Faso. Une position qui rend la Côte d’Ivoire plus compétitive que ses voisins de la  côte ouest-africaine, d’un point de vue géographique, en dehors de la liaison Niamey – Cotonou. 

 

Du coup, les gros camions et citernes en provenance des pays de l’hinterland n’auront plus à traverser toute la Côte d’Ivoire jusqu’à Abidjan pour pouvoir approvisionner leur pays respectifs. Les marchandises seront acheminées voies ferrée au port sec pour y être stockées, avant d’être transportées vers leurs pays de destinations par les camions. Ce qui constituera un gain de temps et en dépenses pour ces opérateurs. 

 

Fiche technique 

 

Le port sec de Ferké va accueillir des installations pour la manutention de conteneurs, voire de marchandises en vrac, des liaisons avec les infrastructures intermodales, un regroupement géographique de sociétés et d’organismes indépendants exerçant dans la logistique, la gestion et le transport de marchandises, notamment les transitaires, expéditeurs et transporteurs.

 

Il permettra aussi la fourniture de services connexes, dont les inspections douanières, le paiement de taxes, l’entreposage, l’entretien et la réparation, ainsi que les liaisons bancaires au moyen des technologies de l’information et de la communication. 

 

Pour ce faire est y est prévu la construction d’une plate-forme multimodale regroupant les terminaux spécialisés à conteneurs, en vrac solide et liquide, de sacheries et d’un centre de transit réunissant les services publics et  privés (police, Douanes transitaires, centre commercial, etc.) La construction d’un dépôt d’hydrocarbures et d’un Complexe marché à  bétail et abattoir régional y est également prévue. 

 

Enjeux économiques et sociaux 

 

Le port sec de Ferkessédougou devra dans un premier temps retablir et rehausser la barre des échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et ses voisins du nord, qui connaissent une décroissance constante depuis 2008. En effet, selon la catégorie, les produits ont connu des variations différentes. Les baisses en volume les plus notables se situent au niveau du coton fibre (-32%) suivi des matériaux de construction (-22%) et des hydrocarbures (-16%). 

 

Il va aussi favoriser la sauvegarde du réseau routier ivoirien, fortement entamé depuis plus d’une décennie et particulièrement à partir de la crise de 2002.

 

Au-delà de l’aspect économique, le port sec de Ferké  constituera aussi un véritable outil de coopération et d'intégration sous régionale.

 

Abdoul Razak Dembélé

 

 

Auteur:
Armand Tanoh

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