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GÉRER LA CRISE AU NIGER : ET SI ON APPLIQUAIT UNE APPROCHE INSPIRÉE DE LA CRISE IVOIRIENNE

La crise diplomatique actuelle entre la junte nigérienne et la communauté internationale expose les ambitions des putschistes sahéliens, qui semblent chercher à profiter de l'effet déstabilisant du fait accompli. Cette stratégie a réussi à faire paraître les militaires de Niamey comme des défenseurs d'une nation souveraine, confrontée à des va-t-en-guerre de la CEDEAO et de la communauté internationale.

Au cœur de cette confusion, l'inertie et le manque d'initiative du gouvernement légitime du Niger demeurent incompréhensibles. À ce stade, il serait judicieux de puiser des leçons de la crise ivoirienne, une source d'inspiration pour la communauté internationale et en particulier pour les autorités nigériennes.

La démarche à suivre est relativement simple. Le gouvernement nigérien doit entreprendre des actions de gouvernance, d'autant plus que le Premier Ministre du Président Bazoum est hors du Niger et libre de ses mouvements. Dans des circonstances similaires, Alassane Ouattara, Président élu de Côte d'Ivoire, tout en restant sur le territoire ivoirien, avait opéré depuis le fameux "Hôtel du Golf", prenant des mesures audacieuses qui ont finalement ébranlé l'usurpation de la présidence par Laurent Gbagbo.

Par conséquent, les autorités légitimes du Niger, ou ce qui en reste en liberté, doivent sortir de leur léthargie et adopter cette méthode ivoirienne. Cette approche pourrait inclure des actions simples, que nous esquissons ici :

- Exploiter la reconnaissance internationale dont le Niger bénéficie pour solliciter l'ensemble des ambassades nigériennes à l'étranger, les invitant à entreprendre des initiatives diplomatiques actives.
- Nommer et révoquer, si nécessaire, des ambassadeurs ou des fonctionnaires nigériens en poste à l'étranger, ne serait-ce que pour démontrer la présence d'un pouvoir légal.
- Identifier les mécanismes juridiques pour révoquer tous les militaires impliqués dans la tentative de coup d'État et symboliquement dissoudre les entités complices des putschistes.
- Éventuellement, désigner l'ambassadeur du Niger en France en tant que Ministre des Affaires Étrangères et le charger d'une offensive diplomatique.
- Participer en tant que gouvernement légitime du Niger à toutes les réunions internationales, en particulier celles de la CEDEAO, de l'UA et de l'ONU.
- Former un gouvernement de crise basé dans une ambassade d'un pays ouest-africain, qui se réunit régulièrement et publie des communiqués officiels.
- Établir des organes de communication en ligne (télévision, radio, presse écrite) pour diffuser largement les déclarations du gouvernement légitime.
- Émettre un décret pour nommer de nouveaux responsables militaires et symboliquement assigner l'armée à une mission visant à reconquérir les symboles du pouvoir, ce qui pourrait faciliter une intervention discrète des forces internationales.

Ces mesures, combinées aux sanctions de la communauté internationale, pourraient rapidement engendrer des résultats positifs aux abords du Niger.

Farga Boulo (Membre du groupe des vétérans du renseignement)  

Auteur:
LDA Journaliste