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ANTICIPER LES NOUVELLES MENACES POUR VAINCRE LA GUERILLA A KAFOLO (Acte 2)

"Ne pas s’opposer directement à la force, mais lui retirer son point d’appui".

Les organisations qu'elles soient politiques, militaires ou économiques évoluent au sein d'un environnement de plus en plus instable et complexe. On ne compte plus le nombre d'acteurs tombés dans la centrifugeuse médiatique et essorés par le tribunal de l'opinion. L'occurrence d'un événement, même mineur, peut neutraliser en un clin d'oeil n'importe quelle position. On parle alors de déstabilisation ou, plus exactement, d'un processus évolutif composé d'un ou plusieurs faits déclencheurs à même de menacer la survie d'un acteur.

Une vision classique de la stratégie, fondée sur une grammaire duale, bien qu'elle puisse garantir une position honorable, ne peut endiguer une manœuvre offensive : on peut commercialiser le meilleur produit (l’aura du président de la république SEM Alassane Ouattara), au meilleur prix (le vote massif aux dernières présidentielles), et crouler sous la pression d’un groupe armé (attaque de Kafolo) d'une pandémie soulevant un risque sanitaire etc...

Il apparaît en conséquence crucial de contrôler les multiples échiquiers qui gouvernent un marché (environnement, contexte) : des médias aux parlements, des partenaires en passant par les laboratoires (services secrets...) Là, au fond, où ne manqueront pas d'agir nombre d'acteurs pour enliser un compétiteur (les Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI).

L'environnement, toutefois, demeure hautement instable : une récurrence des attaques armées du cantonnement militaire à Kafolo peut lever un sentiment de peur chez les populations, briser l'image des FACI « bouc-émissaires » et entraîner par effet de chaîne, un désaveu. Les autorités militaires locales évoluant ainsi dans un brouillard de déclencheurs comme pris au piège dans un immense champ de mines.

Face à l’asymétrie dans la conflictualité à nos frontières, notamment dans la périphérie et la périmètrie de Kafolo, Il convient en conséquence d'identifier les normes, valeurs et croyances qui soutiennent la position des forces  armées de Côte d’ivoire (leur boucle OODA)* et celles de la guérilla.

Il importe en outre d'opérer une surveillance systématique de tout élément susceptible de bouleverser un des piliers clefs de la boucle OODA des FACI. Une détonation ou fusillade sur la ligne frontière ou aux abords du fleuve Comoé, d’où pourrait venir ces assaillants induit, par exemple, quasi automatiquement une controverse sur la légitimité du cantonnement militaire, sur sa capacité à protéger et défendre les populations locales. La conjonction d'évènements tels peut ainsi conduire, par contamination, à une dérégulation de la vie dans cette zone.

L’emploi  combiné du renseignement (sécurité, défense, militaire, sociétale et économique) joue à cet égard un rôle central, car il permet d'identifier tout signal avant-coureur de déstabilisation et d'aiguillonner la politique de défense à mettre en œuvre pour y remédier. 

Encore qu’il faille se mettre d’accord sur la sémantique du renseignement, du terroriste, du guérillero ou  agents subversifs etc…

      
Identification des points critiques, contrôle du renseignement et accompagnement des actions stratégiques traduisent en conséquence une articulation cruciale pour une défense significative des intérêts vitaux sur zone. Un dispositif d'influence et de contre-influence s'appuie ainsi schématiquement sur une coordination d'au moins trois leviers clefs que sont : le lobbying, les relations publiques et la gestion de crise. Le tout ayant pour principal objet de briser via une synergie des forces engagées par l’Etat  toute velléité et capacité de déstabilisation.

Une telle démarche demeure toutefois infiniment complexe, nous le concédons. Les belligérants  réagissent, les contextes évoluent et les risques prolifèrent. Il apparaît en conséquence particulièrement difficile de contrer les multiples menaces protéiformes qui rôdent sur zone du fait de la  mondialisation et globalisation, l’entrisme du fait du brassage culturel et l’interpénétration des populations. Mais une doctrine d’emploi des forces vives (civilo-militaire) bien coordonnée offrira une victoire sans ambages.

Il importe à ce titre d'appréhender avec soin la mécanique qui anime ces turbulences en vue d'apprendre à mieux les contrer. La finalité étant de garantir la pérennité d'une position (intégrité nationale et stabilité sur zone) en dépit du profond chaos ambiant qui semble s’installer progressivement depuis les attaques armées.

La riposte à l’attaque du cantonnement militaire de kafolo est un franc succès opérationnel et tactique. Mais l’objectivité nous oblige à admettre que c’est un échec stratégique et politique.

Selon nous, trois lignes d’opération stratégiques seraient clairement essentielles du point de vue des leçons tirées de cette expérience de la contre-insurrection ou contre-subversion c’est selon, afin de tenir la victoire finale et globale :

  • Maintien de la volonté politique à pointer le conflit sur zone.
  • Maintien du contrôle de la population (le centre de gravité pour les parties belligérantes).
  • Destruction de la structure politique et militaire de l’ennemi à chaque stade du conflit.

Nous nous gardons de définir les deux autres lignes d’Operations stratégiques  afin de ne pas alourdir notre note d’analyse, aussi les professionnels en la matière comprendront ceux dont nous parlons.

Par contre, nous définissons le maintien de la volonté politique à pointer le conflit sur zone pour une compréhension accessible par tous et pour tous.

Une leçon que la guerre démontre de façon très générale est qu’un pays peut très bien gagner une guerre militairement et la perdre politiquement. L’exemple de la France en Algérie en fait foi. La France a gagné la guerre militairement, mais elle l’a perdue politiquement.

Si le but de toute guerre est l’atteinte d’un certain objectif politique final, et pas seulement de battre militairement un ennemi sur le terrain, l’objectif final envisagé fournit le cadre qui impulsera tous les autres aspects de la guerre. Dès lors, l’objectif final est raisonnable et clairement énoncé, il produit une unité de pensée et d’action qui permet de définir les efforts logistiques, administratifs et diplomatiques nécessaires à mener la guerre à son terme.  Alors qu’un objectif final mal défini, manquant de clarté ou fluctuant produit de la confusion et de la discorde, ce qui ne permet généralement pas d’atteindre le succès escompté.

La première chose à faire dans notre cas, si l’on veut maintenir une volonté politique est de définir un objectif politique final réaliste qui donne de l’espoir à la population et mine la légitimité des insurgés, subversifs.

(*) Boucle OODA (Observation-Orientation-Décision-Action) du célèbre pilote américain JOHN BOYD, principe de combat

Quelques petitsconseil du Groupement de Vétérans du Renseignement : 

·         Retirez les téléphones aux soldats afin d’optimiser la communication dans les rangs

·         Engagez une vaste opération de recensement des résidents en introduisant le système de tutorat pour toute personne étrangère entrant sur la zone

·         Organiser des rafles systématiques à périodicité fluctuante afin de maintenir la pression sur zone.

Groupement de Vétérans du Renseignement 

Auteur:
LDA Journaliste