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Côte d’Ivoire : Abidjan veut promouvoir une flotte de navires battant pavillon ivoirien

Le projet est sur les tablettes des autorités ivoiriennes. Encore au "stade de réflexion", mais en bonne place. De source proche du dossier, la Diplomatique d’Abidjan (www.ladiplomatiquedabidjan.net) apprend que la Côte d’Ivoire envisage de se doter, d’une flotte de navires battant pavillon ivoirien.

 

De quoi s’agit-il

En effet, cela consiste à mettre en place un mécanisme administratif pour permettre à des compagnies maritimes de faire immatriculer leurs navires en Côte d’Ivoire ; de sorte à ce que ces navires soient identifiés partout dans le monde comme étant sous le contrôle de Côte d’Ivoire, qui leur impose son " droit du pavillon ". C’est-à-dire ses règles fiscales, sociales, environnementales, pénales à appliquer hors des mers territoriales.

Ainsi, les navires concernés (qu'ils soient pétroliers, porte-conteneurs, chalutiers, etc) devront hisser au niveau de leur mât le plus haut le drapeau  ou pavillon ivoirien (Orange-Blanc-Vert). Mais ce n’est pas tout.

 

Enjeux stratégiques

Doter la Côte d’Ivoire d’un pavillon représenterait de nombreux enjeux.  "Ça va déjà permettre au pays de faciliter des stages et emplois aux étudiants de l’Académie régionale des sciences et techniques de la mer (ARSTM), qui peinent toujours à se faire une place une fois qu’ils obtiennent leur diplôme. Mais cette question pourra avoir une solution avec l’immatriculation de navires ici", explique notre source.

Aussi, poursuit-elle, si la Côte d’Ivoire propose des conditions attrayante – mais pas à n’importe qu’elle prix, car il faut tenir compte des exigences environnementales, sociales et autres- c’est sûr que plusieurs armateurs et non des moindres accourront vers Abidjan pour se faire enregistrer.

"Cela va incontestablement permettre l’ouverture de bureaux sur place pour certaines de ces entreprises, ce qui va induire la création d’emplois directs et indirects", poursuit la même source, qui estime qu’à côté de ces entreprises le pays doit penser à la création d’une ligne de navires national, comme ce fut le cas avec la SITRAM dans années 70-80.

Mais, il faut être clair, tout dépendra de l’offre de la Côte d’Ivoire en la matière. Va-t-on faire comme le Panama ou le Libéria, les deux pavillons de marine marchande les plus représentés au monde (respectivement 8351 et 3143 navires au 1er janvier 2015), mais très peu regardants quant à l’application des règlementations fiscales et sociales, ou être un peu ou très rigoureux sur ces questions pour n’admettre que les navires respectant scrupuleusement les normes nationales et internationales à l’immatriculation ivoirienne ? Question en suspens.

Le plus important, dit-on, c’est de créer. Si les compagnies expriment de m’engouement au projet, pourquoi l’Etat ivoirien ne leur accorderait pas des facilités ? Tout est possible, dirait-on.

 

Influence maritime

Un autre aspect positif de ce projet, c’est qu’il permettra à la Côte d’Ivoire de devenir un pôle d’influence maritime et portuaire à l’échelle africaine et mondiale. Car, jouissant déjà d’une situation géographique stratégique sur la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest, le pays compte l’un des ports les plus modernes, sécurisés et sûrs de l’Afrique sub-saharienne : Abidjan.

A partir des ports ivoiriens (Abidjan, San Pedro) les navires ont la possibilité de rallier facilement la plus part des plus importants ports du monde.

Abidjan pourrait ainsi s’ériger en véritable hub maritime et portuaire, avec un accostage de plus en plus fréquent de gros navires de type RO-RO, pour positionner très vite comme une référence en matière d’économie et de commerce maritimes.   

 

En parallèle, de grands projets…

Entre-temps, de grands projets sont prévus, en parallèle, dans le secteur du transport maritime, pour relever le défi de la compétitivité et améliorer les performances des ports ivoiriens. A commencer par l’adoption d’u nouveau code maritime.

Il s’agira aussi, entre autres, de la poursuite des travaux d’élargissement et approfondissement de la passe d’entrée du canal de Vridi, doublé de la modernisation et l’approfondissement des quais, et de la construction du 2ème terminal à conteneurs au Port d’Abidjan, pour un coût global de plus de 500 milliards FCFA. Livraison prévue pour fin 2020.

Un terminal céréalier est prévu au Port autonome d’Abidjan, qui devrait accueillir la une unité de traitement des déchets industriels.

Il est également prévu le remblai et la viabilisation de la baie de Vridi sur 300 ha pour un coût de 200 milliards FCFA, et du domaine portuaire de San Pedro (150 ha) pour un coût de 85 milliards F CFA. Le même port devrait connaitre la construction d’un terminal polyvalent industriel pour un coût global de 20 milliards F CFA, ainsi que l’extension de son terminal à conteneurs à hauteur de 132 milliards F CFA.

La construction d’un terminal minéralier est aussi prévue au port de San-Pedro, où des installations techniques pétrolières devront être réalisées, en plus de la réhabilitation des jetées de protection.

L’Etat de Côte d’Ivoire ambitionne également construction d’un chemin de fer reliant San Pedro à Bamako (Mali), pour l’exploitation des minerais de fer des monts Klahoyo et Gao, du nickel à Biankouma, Man, Sipilou, Touba, du manganèse à Odienné, du fer et de la bauxite au Mali.

 Armand Tanoh

Auteur:
Armand Tanoh