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Victimes de torture en Côte d’Ivoire : Des voix s'élèvent et réclament "justice et réparation"

Les Nations-Unis ont proclamé le 26 juin de chaque année journée internationale de soutien aux victimes de torture. Cette journée vise une mobilisation mondiale pour son abolition, à lutter contre l’impunité des tortionnaires et du droit à réparation des victimes. En Côte d’Ivoire, une coalition d’ONG de Défense de droits de l’Homme a marqué cette journée par un panel sous le thème : « La prise en charge des victimes de torture en Côte d’Ivoire » au siège de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté à Cocody-Danga.

Faire de la Côte d’Ivoire, un eldorado des Droits de l’Homme

Ce qu’il faut retenir de ce panel, c’est que la coalition est unanime pour dire non aux actes de torture qui, malheureusement, sont une réalité en Côte d’Ivoire. Et qu’aucune disposition du code pénal ne permet de punir ses auteurs. Pourtant l’article 3 de la Constitution ivoirienne interdit… les traitements  inhumains et cruels, dégradants et humiliants, la torture physique ou morale,(…). C’est pourquoi, pour mettre fin à cette impunité, elles recommandent, entre autres, la ratification du protocole facultatif contre la torture(OPCAT) par l’Etat ivoirien, afin de mettre en place un mécanisme national indépendant de protection des droits de l’homme, la révision du code pénal et le code de procédure pénale à l’effet de définir, de criminaliser et interdire la torture sous toutes ses formes, rétablir les victimes de torture dans leur droit tout en les prenant spécifiquement en charge parmi celles de la guerre etc.

M. Bakayoko Ibourahema, Directeur de la protection, représentant le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, des Droits de l’Homme et des Libertés publiques, a rassuré les ONG du soutien de l’Etat à combattre cette pratique, et surtout punir les auteurs. « L'Etat est à vos côtés pour lutter contre l’impunité des ennemis de l’humanité qui sont les tortionnaires. La Côte d’Ivoire en signant la Convention contre la torture en 1995 s’engageait à lutter contre cette pratique. Elle travaille à la criminalisation des actes de torture », a-t-il soutenu, ajoutant que le chef de l’Etat veut faire de la Côte d’Ivoire, un eldorado des Droits de l’Homme, même si beaucoup reste à  faire.

Réparation et justice aux victimes

Les résultats d’une enquête conduite par la commission nationale d’enquête(CNE), pendant la crise post-électorale, révèlent 296 cas de torture qui ont entraîné la mort, 1354 cas de torture et 1135 cas de traitements cruels, inhumains et dégradants. La coalition trouve donc salutaire le fonds d’indemnisation des victimes de guerre créé par le président Alassane Ouattara, et confié à la CONARIV(Commission nationale de réconciliation et d’indemnisation des victimes de guerre).

Selon Mme Konaté Dindio de la CONARIV, la Commission est à la phase d’enregistrement de toutes les victimes de la guerre y compris celles de la torture. Et suivra la phase d’indemnisation.

« Il faut accorder réparation et justice aux victimes de torture en Côte d’Ivoire… », soutient, pour sa part, Paul Angaman de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture en Côte d’Ivoire(ACAT-CI) et président de cette coalition.

La section Côte d’Ivoire d’Amnesty International par la voix de son coordinateur de campagne, Kangoyé Ismaïla, a indiqué que 141 pays à travers le monde pratique la torture comme moyen pour obtenir des victimes des aveux, des informations ou tout simplement comme une forme de punition. C’est pourquoi, l’organisation a lancé «  Stop Torture » le 13 mai 2014 afin d’attirer l’attention des gouvernants du monde entier sur cette pratique humiliante. « En Côte d’Ivoire, il est temps de rendre justice et réparation aux nombreuses victimes de la torture », a-t-il souhaité.

Mme Sophie Konaté, chargé de programme de la Fondation Fondation Friedrich Naumann, dont le siège a servi de cadre pour cette manifestation a dit sa joie d’accompagner les ONG des Droits de l’Homme dans leur combat pour mettre fin aux actes de torture et demander réparation pour ses victimes. « Il faut que les victimes de la torture soient spécifiquement prises en compte parmi celles de la guerre afin qu’elles obtiennent justice et réparation », a-t-elle dit.

Des sous-thèmes ont été présentés selon l’ordre par Paul Angaman, coordonnateur de l’ACAT-CI : « Qu’est-ce que la torture ? » ; Yvon Madofe de l’ONUCI sur : «Le droit à la réparation des victimes de la torture » ; Mme Konaté Dindio de la CONARIV sur : « Le mandat et missions de la CONARIV ».

Une coalition d’ONG pour l’abolition de la torture

La coalition des ONG pour l’abolition et la criminalisation des actes de torture est constituée de : l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture(ACAT-CI), le Mouvement ivoirien des droits humains(MIDH), la coalition ivoirienne de la cour pénale internationale(CI-CPI), l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire(AFJCI), SOS Exclusion, l’Observatoire ivoirienne des droits de l’Homme(OIDH), la ligue ivoirienne des droits de l’homme(LIDHO), l’Organisation mondiale contre la torture(OMCT).

Daniel Coulibaly

 

Auteur:
Armand Tanoh