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Côte d’Ivoire-Nouvelle direction du RDR : Décryptage d’une nomenclature de mission (Analyse)

A l’issue du 3ème congrès ordinaire du RDR tenu les 9 et 10 septembre, le président Alassane Ouattara a procédé à de nouvelles nominations surprises qui méritent qu’on s’y penche.

Il faut noter de prime abord, le caractère géopolitique de ces nominations. En effet, toutes les régions du pays y sont représentées (Sud, grand-ouest,  centre -est et le grand nord). Un indice révélateur des nouvelles ambitions que se fixe Alassane Ouattara.

RDR Congrès

Garant moral

C’est une évidence, ces nominations ont surpris les militants en commençant par les cadres du parti eux-mêmes. Ainsi, le désormais président d’honneur du Rassemblement Des Républicains annonce les nouvelles couleurs après de longs moments de guéguerre entre différents clans. Il veut jouer ainsi la case de l’apaisement et du rassemblement au sein de son parti.

Toujours en sa qualité de président d’honneur, Alassane Ouattara fait un grand pas qui laisse présager qu’il ne se présentera pas à un autre mandat présidentiel en tout cas pour 2020. Par contre, il se positionne comme le garant moral, en demeurant toujours le seul maître du navire RDR ; celui qui indiquera la ligne politique.

Challenges et consensus

Ces nominations sonnent également le glas de l’apaisement. En effet, celle que les militants appellent affectueusement ‘’la  Tantie’’, jouit d’une bonne aura auprès de ceux-ci. Elle est l’objet de respect et de considération dans la case. Jamais son autorité et sa respectabilité n’ont été mises à défaut en prenant ses distances du tintamarre politique entre les clans.

A 82 ans, la doyenne d’âge des cadres aura la lourde tâche de rassembler tous les républicains de toutes les tendances confondues. Un challenge dont elle mesure pleinement la grande importance. Elle s’est d’ailleurs engagée à travailler pour être à la hauteur des attentes. Cette professeure d’histoire qui a été de tous les combats politiques de son parti et dont elle a été le secrétaire général après Djéni Kobéna est l’un des membres fondateurs.

Celle que Alassane Ouattara appelle la ‘’mère’’ du RDR garde également de bons rapports avec Guillaume Soro, qui fût, faut-il le rappeler, son colistier aux élections législatives de 2000 dans la commune de Port-Bouet. Cela pourrait donc jouer considérablement dans le rapprochement avec le président de l’Assemblée nationale qui a pris de plus en plus ses distances.

Briser le mur de glace

A côté de la nomination d’Henriette Diabaté, il y’a celles de deux autres femmes à savoir Anne Ouloto et Kandia Kamara. Deux dames qui semblent n’avoir pas pris fait et cause pour un quelconque clan. Aussi, sauront-elles briser le mur de glace qui s’est dressé entre les fractions. « Qui mieux qu’une femme peut ramener la paix dans une maison ? », dit l’adage.

De plus, Anne Ouloto occupe une place stratégique car elle est originaire du grand ouest qui a été des plus hostiles à Alassane Ouattara et au RDR. Elle est donc le signe qu’Alassane Ouattara veut toujours étendre son influence jusque dans les contrées du ‘’far-west’’.

Quant à Kandia Kamara sa combativité et son audace ont fortement pesées dans la balance.

Si la nomination de Mamadou Touré étonne moins, celle de Bandama Maurice ne l’est pas pour autant. Lui est resté toujours loin des combats claniques. Originaire du centre et de l’ethnie baoulé, son choix pourrait plus répondre à une logique stratégique du parti de glaner des points dans le grand ‘’V’’ baoulé. Par ailleurs, en nommant Mamadou Touré, Alassane Ouattara mise gros sur sa jeunesse qui reste le levier du parti.

En résumé, il ressort de cette nouvelle nomenclature de la direction du RDR, la volonté véritable de rassemblement par le président Alassane Ouattara. M au-delà, les ambitions du RDR de demeurer un parti national et uni.

Une analyse de Namidja Touré, journaliste politique

Auteur:
LDA Journaliste