Côte d’Ivoire-LDA/Gbagbo et Thiam : pourquoi ils vont aux législatives

Abidjan, le samedi 1er octobre 2025 (LDA) – Écartés de la présidentielle du 25 octobre, Tidjane Thiam (PDCI-RDA) et Laurent Gbagbo (PPA-CI) ont fait le choix d’un même terrain : les législatives du 27 décembre 2025. Une décision stratégique, à la fois politique et symbolique, où les deux figures majeures de l’opposition entendent transformer une exclusion en démonstration de force.

Pour Tidjane Thiam, la lettre ouverte adressée vendredi à ses militants donne clairement le ton : malgré les “manœuvres” et “attaques juridiques” qui ont écarté sa candidature, le PDCI participera au scrutin. “Notre présence aux législatives n’a de sens que si la participation est la plus élevée jamais constatée”, écrit-il, appelant à un vote massif capable de déjouer le “piège” d’une majorité parlementaire acquise au RHDP. Au-delà de la conquête de sièges, l’enjeu pour Thiam est de maintenir le parti dans la course, consolider sa base et peser politiquement pour l’avenir.

Laurent Gbagbo, lui, inscrit aussi cette bataille dans une perspective historique. Dans son entretien avec Alain Foka, l’ancien chef de l’État a affirmé qu’il prendrait sa retraite “après les législatives”, une manière de dire que ce scrutin sera son dernier combat. “Je suis un enfant des élections”, disait-il déjà, rappelant son attachement viscéral au suffrage populaire. Même exclu de la présidentielle, Gbagbo veut montrer que son camp conserve un poids réel dans l’opinion et sur le terrain.

Car, pour les deux leaders, l’enjeu dépasse la simple élection de députés. Le véritable test sera celui du vote global : si la participation combinée de leurs électorats dépasse celle du parti au pouvoir, ils pourraient s’en prévaloir comme preuve que leur éviction de la présidentielle était motivée par la crainte de leur popularité. Une manière de délégitimer, politiquement sinon institutionnellement, le régime actuel.

En 2021 déjà, le PPA-CI et le PDCI avaient participé aux législatives et aux élections locales malgré des conditions jugées “déséquilibrées”, réussissant à obtenir des sièges stratégiques à Yopougon, Cocody ou Gagnoa. Cette présence parlementaire et territoriale demeure aujourd’hui leur levier principal pour peser sur la scène nationale.

En misant à nouveau sur les urnes, Thiam et Gbagbo cherchent donc à rappeler qu’en Côte d’Ivoire, malgré les exclusions et les fractures, l’opposition reste vivante, et populaire.

Auteur: Mamadou Traoré

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