Les autorités ont désigné comme cause de l'incident la présence dans le port d'un stock de nitrate d'ammonium, une substance explosive. "Il est inadmissible qu'une cargaison de nitrate d'ammonium, estimée à 2.750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C'est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire", a déclaré le Premier ministre devant le Conseil supérieur de défense, selon des propos rapportés par un porte-parole. Le directeur des douanes libanais a indiqué qu'un entrepôt de feux d'artifices se trouvait à côté du stock de nitrate d'ammonium, et a pointé la responsabilité de la direction du port, comme l'a relayé L'Orient-Le Jour..
Le nitrate d'ammonium est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais, qui entre également dans la composition de certains explosifs. Cette matière a causé plusieurs accidents industriels, dont l'explosion de l'usine AZF à Toulouse en 2001, qui avait entraîné la mort de 30 personnes.
"VILLE SINISTRÉE"
Beyrouth a été déclarée "ville sinistrée" par les autorités libanaises à la suite de ces deux violentes explosions, qui ont été enregistrées par les capteurs de l'institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3. Le souffle a brisé les vitres des bâtiments à des kilomètres à la ronde, et a été ressenti jusque sur l'île de Chypre, à plus de 200 kilomètres. L'incident a laissé un paysage apocalyptique dans la zone du port de Beyrouth, avec des immeubles éventrés, des voitures calcinées et un sol jonché de valises et de papiers provenant des bureaux avoisinants.
De nombreux pays ont proposé de l'aide au Liban, notamment la France qui doit envoyer ce mercredi plusieurs tonnes de matériel sanitaire et un détachement de la sécurité civile. Les Etats-Unis ont également proposé leur aide, ainsi que l'Allemagne, qui compte des membres du personnel de son ambassade à Beyrouth parmi les blessés. Même Israël a proposé "une aide humanitaire et médicale" à son voisin libanais, avec lequel il est techniquement toujours en guerre. Ce drame survient alors que le Liban connaît sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.
marianne.neT
