Print this page

« Une croissance économique forte en Afrique est le moyen le plus adapté pour lutter contre l’immigration irrégulière » (Ambassadeur d'Allemagne)

Le deuxième sommet Allemagne Afrique a eu lieu à Nairobi, la capitale kényane, le 10 février 2017. L’AIP a abordé ce sujet avec Son excellence Clauss Bernard Auer,  Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne en Côte d’Ivoire au cours d’une interview à son bureau à Abidjan Cocody dans laquelle il  parle de l’opportunité de ce forum mais aussi des relations ivoiro-allemandes.

AIP : Le forum Allemagne-Afrique a eu lieu récemment à Nairobi, pourquoi ce forum et pourquoi maintenant ?

Ambassadeur : Merci pour cette occasion  de parler de mon pays et des relations ivoiro-allemandes. Le forum économique à Nairobi était le deuxième de cette nature. Il s’agit d’une initiative de notre Ministère de l’Economie pour intéresser les entrepreneurs allemands aux marchés africains et offrir une plate-forme  pour que les entrepreneurs africains et les entrepreneurs allemands  puissent se rencontrer. C’est une initiative qui s’ajoute à d’autres initiatives nationales comme Chine-Afrique, France-Afrique ou Japon-Afrique. Les entrepreneurs allemands et africains ont besoin de ce genre de forum.

AIP : Le forum s’est intéressé à deux secteurs que sont l’énergie et les nouvelles technologies, pourquoi ce choix ?

Ambassadeur : Cela sont deux domaines particulièrement intéressants. L’Allemagne est un pays avec un très haut niveau technique qui est leader dans le domaine de l’énergie renouvelable et a aussi des intérêts dans la protection environnementale en particulier la réduction des gaz  de CO2. C’est dans ce sens que nous voulons promouvoir nos technologies en matière d’énergie renouvelable. L’Allemagne est aussi un leader dans le high-tech et l’Afrique est un jeune marché émergent dans ce domaine. Et là, je crois qu’il y a beaucoup de synergies.

AIP : L’organisation de ce forum a-t-il  un lien avec la politique d’immigration de l’Allemagne ?

Pas directement. Il s’agit de mettre ensemble les entreprises allemandes et africaines pour qu’elles s’intéressent les unes aux autres et pour que la croissance économique dans mon pays et dans les pays africains soit forte et profite à tout le monde. Dans un sens plus large, chaque activité qui mène à une stabilisation, à une croissance économique, à une amélioration de la situation sociale, financière et politique en Afrique est dans nos intérêts. Nous voulons lutter ensemble avec nos partenaires africains contre l’immigration irrégulière et une croissance économique forte est évidemment le moyen le plus adapté pour le faire.

AIP : Excellence, les investissements allemands en Afrique, si nos chiffres sont exacts s’élèvent à environs 10 milliards d’euros chaque année. Trois pays que sont le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Algérie se partagent 90% de ce chiffre, quelles est la taille des investissements allemands en Côte d’Ivoire et peut-on espérer à une croissance de ces investissements sur le sol ivoirien ?

Ambassadeur : Je n’ai pas un chiffre exact des investissements allemands en Côte d’Ivoire mais je crains qu’ils soient faibles. Pourquoi ces trois pays que vous avez cités ont les plus gros investissements allemands? Le Nigéria et l’Algérie sont des pays producteurs du pétrole et du gaz. Nous avons intérêt à nous approvisionner chez eux. Quant à l’Afrique du Sud, nous avons une longue relation historique et une forte population allemande dans ce pays.

Pour augmenter les investissements allemands en Côte d’Ivoire, ce sera un long processus. Avant la crise, il y  avait toutes les grandes sociétés et banques allemandes comme Mercedes, BASF, Bayer Leverkusen, etc.  Mais comme beaucoup d’autres entreprises étrangères, elles sont parties quand les choses tournaient mal. Rétablir la confiance prend du temps. Aujourd’hui il y a de plus en plus de sociétés allemandes qui reviennent, parmi eux, la Commerzbank, 2ème plus grande banque allemande, bientôt la KFW, banque de développement, suivra. Bayer Leverkusen, une grande entreprise dans le domaine de la fabrication de médicament et MERK qui vient d’ouvrir une représentation pour toute l’Afrique de l’Ouest, sont déjà présents et bientôt Siemens ouvrira un bureau. On sent que cette confiance qui est nécessaire pour les investissements revient petit à petit. Mais il reste encore du chemin à faire.

AIP : Quels sont les différents domaines dans lesquels les entreprises allemandes  investissent ?

Ambassadeur : Surtout dans le domaine de la santé avec les industries pharmaceutiques, mais aussi l’énergie comme la Côte d’Ivoire est un marché très prometteur.

AIP : Comment se portent les relations entre l’Allemagne et la Côte d’Ivoire et êtes vous satisfait de la présence allemande dans notre pays.

Ambassadeur: J’ai passé trois ans en Côte d’Ivoire et je suis fier de constater que les relations ivoiro-allemandes se portent très bien et se sont développées pendant ce temps. Il y a un mois, notre ministre de la Coopération était à Abidjan. C’était la première visite ministérielle depuis des années. L’échange entre nos deux pays est beaucoup plus actif qu’au début de mon séjour. La Côte d’Ivoire est l’un des cinq pays partenaires au sein du G20. Ce jour même (lundi 10 avril 2017), j’ai un visiteur allemand ici qui discute avec le Gouvernement ivoirien des particularités de ce partenariat.

Aussi sur le plan culturel, nos relations sont très bonnes : 200.000 élèves ivoiriens apprennent l’Allemand, ce qui est un grand atout pour nos relations et un compliment pour ma langue. Le Goethe Institut à Abidjan est le centre de cet échange culturel mais il y a aussi beaucoup d’artistes ivoiriens qui vont en Allemagne et représentent leur pays chez nous. Personnellement, j’adore Ivoires Marionnettes que j’invite souvent à ma résidence.Il reste l’échange économique qui doit se développer, mais  là nous sommes sur la bonne voie.

(AIP)

(Interview réalisée par Noël Ahoulou Konan)

Auteur:
Armand Tanoh